La tension monte entre Doumbouya et Condé sur le rapatriement en Guinée de la dépouille de Djénè Kaba

La tension monte entre Doumbouya et Condé sur le rapatriement en Guinée de la dépouille de Djénè Kaba

Entre le chef de l’État et son prédécesseur déchu, la bataille continue. Elle s’articule cette fois autour du rapatriement en Guinée de la dépouille de Djénè Kaba Condé, l’épouse de l’ancien président.

La tension monte entre Doumbouya et Condé sur le rapatriement en Guinée de la dépouille de Djénè Kaba

Le 8 avril, jour du décès de Djénè Kaba Condé à Paris, Mamadi Doumbouya a publié un communiqué au nom de la présidence de la République afin d’annoncer la disparition de l’ex-première dame « des suites de maladie » et de présenter ses condoléances. Et ce, sans mentionner le nom d’Alpha Condé, ce qui a suscité l’étonnement voire l’ire de l’entourage de ce dernier. Étant toujours privé de ses passeports et ne pouvant, de fait, se déplacer, l’ancien président a la ferme intention de garder la main sur les obsèques de son épouse depuis son exil turc.

Itinéraire privilégié
« Je vous prie de ne mêler en aucun cas les autorités de Guinée aux funérailles de mon épouse et de ne pas vous en mêler », a-t-il ainsi fait savoir à l’ambassadeur de Guinée en France, Senkoun Sylla. Selon ses intimes, Alpha Condé souhaite faire rapatrier la dépouille sans passer par Conakry, afin de ne pas avoir à solliciter les autorités de son pays, lesquelles se proposent de prendre en charge directement le retour du corps via la capitale.

Le prédécesseur de Mamadi Doumbouya privilégie un transfert à Istanbul, avant un retour à Kankan, la ville natale de son épouse, par la route et via Bamako. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs proposé de prêter l’un de ses avions à son hôte. Djénè Kaba Condé ayant la nationalité française au moment de son décès, cela simplifie, d’un point de vue juridique, sa sortie du territoire français. L’ancien chef de l’État a mobilisé l’avocat franco-malien Tidiani Guindo pour faciliter le rapatriement du corps selon l’itinéraire envisagé. Lequel reste provisoire, car n’ayant pas encore été officiellement validé.

« De gré ou de force »
Pour le moment, la situation est bloquée à plusieurs niveaux. En effet, sans se ranger du côté de Mamadi Doumbouya, les trois enfants de Djénè Kaba Condé, issus d’un premier mariage, ne souhaitent pas que le corps de leur mère, qui se trouve toujours à l’hôpital américain de Paris, transite par la Turquie. Autre problème : celle-ci était unie religieusement à l’ancien président et non civilement, ce qui pourrait compliquer la procédure en France. En outre, les autorités doivent nécessairement accorder une autorisation d’entrée sur le territoire guinéen, sous peine de blocage à la frontière.

Selon les proches d’Alpha Condé, cela n’affecte pas la grande détermination de l’ex-président, qui leur assure que la dépouille entrera via le Mali « de gré ou de force. » Ce dernier a par ailleurs reçu de nombreux messages de condoléances, de la part de son ancien opposant Cellou Dalein Diallo, mais aussi de ses ex-homologues, à l’instar de Denis Sassou Nguesso, Faure Essozimna Gnassingbé, George Weah, Alassane Ouattara ou encore Macky Sall.

Très combattif et en forme, Alpha Condé ne semble pas, toujours selon son entourage, affecté par les épreuves. Il est au contraire déterminé à lancer une offensive politique après le Ramadan et à ouvrir un nouveau front à l’occasion du rapatriement de son épouse si ce dernier était bloqué par les autorités. Lui et Mamadi Doumbouya se reprochent en effet mutuellement de vouloir instrumentaliser le décès de Djénè Kaba Condé, laquelle est originaire de Kankan, comme le président de la transition.

L’instabilité actuelle dans la capitale de la Haute Guinée est en effet un enjeu politique. Des coupures d’électricité sont à l’origine de manifestations très suivies depuis la fin de mars. Mamadi Doumbouya craint donc que son prédécesseur ne jette de l’huile sur le feu, tandis que ce dernier suspecte le président de la transition de vouloir tirer profit des obsèques de l’ex-première dame pour tenter d’apaiser les tensions.

Jeune Afrique

Amadeus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *