Liberté de la presse au Mexique: le président AMLO et les responsables politiques sur la sellette

Liberté de la presse au Mexique: le président AMLO et les responsables politiques sur la sellette

Ce 3 mai c’est la Journée mondiale de la liberté de la presse. Dans son classement mondial publié pour l’occasion, Reporters sans frontière estime que plus de la moitié des pays de la région Amériques ont vu leur situation se détériorer. Parmi les raisons de cette dégradation des conditions de travail, la stigmatisation des journalistes par les responsables politiques. Ce fut le cas, récemment, au Mexique.

Le Mexique, classé a la 121e position dans le classement de RSF, est le pays qui compte le plus grand nombre de journalistes tués (72) dans le monde au cours des dix dernières années.

► Rapport RSF 2024 sur le Mexique

Si les mafias de la drogue et leur collusion avec les potentats locaux constituent une forte menace pour les journalistes, le rapport de Reporters sans frontières souligne aussi le rôle des responsables politiques à commencer par son président Manuel Lopez Obrador. « Le président López Obrador et d’autres hommes d’État ont adopté une rhétorique aussi violente que stigmatisante contre la presse, accusant régulièrement les journalistes de soutenir l’opposition. Chaque mercredi se tient une séance intitulée “Qui est qui dans la diffusion de fausses informations ?”, une tentative parmi d’autres du gouvernement de discréditer la presse. Au cours de ses quatre ans de mandat, le président a critiqué les journalistes pour leur manque de professionnalisme et a qualifié la presse mexicaine de “partiale”, “d’injuste” et de “déchet du journalisme” », pointe le rapport.

« Avec sa conférence de presse quotidienne, lors de laquelle il affirme que les journalistes sont les ennemis, que s’ils enquêtent, c’est parce qu’ils sont contre le peuple », le président AMLO fait « très fort », regrette la journaliste mexicaine Marcela Turati, qui a gagné l’année dernière le premier prix Anna Politkovskaïa du courage journalistique.

« Il a par exemple rendu public le numéro de téléphone de la correspondante du New York Times parce que son travail ne lui avait pas plu. Et à chaque fois, il se justifie en disant que c’est son droit de réponse », dénonce la journaliste au micro de Melissa Barra, de rédaction en langue espagnole de RFI. Lors de son habituelle conférence de presse retransmise à la télévision, en février dernier, Andrés Manuel López Obrador a donné en direct le numéro de portable d’une journaliste du New York Times basée à Mexico. Alors qu’il se plaignait d’une enquête du journal sur de possibles liens entre son entourage et des cartels de la drogue, AMLO a lu l’intégralité du mail, y compris ses coordonnées donc. Ce qui lui vaut d’être sous le coup d’une enquête de l’organisme mexicain en charge de la protection des données…

« J’ai une amie qui a enquêté sur l’armée, qui est aussi le grand sujet de ces dernières années : l’avancée de la militarisation avec ce gouvernement qui se dit de gauche… Et il l’a pointée du doigt, racontant que c’était une menteuse ! Et elle n’a même pas pu répliquer. Au Quinto Elemento Lab, le laboratoire qu’on a fondé, chaque année, on lance un appel pour aider à publier des sujets difficiles, et on constate qu’ il n’y a plus de propositions sur l’armée. Auparavant il y en avait beaucoup, aujourd’hui, on sent qu’il y a de la peur… », conclut Marcela Turati.

rfi.fr

Petit Ba

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