Macky Sall accusé de crimes contre l’humanité : « puérile et ridicule » pour Aïssata Tall Sall…
Dans un entretien accordé à France 24 et RFI, la ministre sénégalaise des Affaires étrangères Aïssata Tall Sall a qualifié de « puérile et ridicule » la plainte déposée pour « crimes contre l’humanité » contre Macky Sall. Elle a également estimé que le président sénégalais a « incontestablement » le droit d’être candidat à sa propre succession en 2024.
En visite officielle dans la capitale française à l’occasion du sommet de Paris sur le nouveau pacte financier mondial, Aïssata Tall Sall, cheffe de la diplomatie sénégalaise, a répondu aux questions de RFI et France 24.
À cette occasion, la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva a annoncé que l’objectif de 100 milliards de dollars de Droits de tirage spéciaux pour les pays vulnérables était atteint. « Une bonne nouvelle » a concédé Aïssata Tall Sall, estimant toutefois que le FMI pouvait « faire mieux que ça ».
Autre objectif du sommet de Paris, libérer des fonds afin d’encourager les pays du Sud à la transition énergétique et à renoncer aux énergies fossiles. Or, le Sénégal a annoncé qu’il allait exploiter du gaz offshore et du pétrole à partir de 2024.
Près de 600 millions d’Africains n’ont pas encore accès à l’électricité, rappelle Aïssata Tall Sall. Aussi, pour elle, les pays occidentaux « doivent accepter » qu’il y un retard en Afrique qu’on ne pourra pas résorber sans recourir aux énergies fossiles. L’Afrique doit aussi trouver sa propre cadence sur le front de la décarbonation, a-t-elle ajouté.
Le 21 juin, une double démarche judiciaire a été initiée contre le président Macky Sall pour « crimes contre l’humanité ». Cette offensive judiciaire lancée de l’un des avocats de l’opposant Ousmane Sonko après des affrontements meurtriers entre forces de l’ordre et manifestants.
« Une démarche à la fois puérile et ridicule », a tranché Aïssata Tall Sall, elle-même avocate. La justice nationale est elle-même en train de faire son travail, a ajouté la ministre.
Elle a en partie admis que l’’utilisation d’armes à feu par les forces de sécurité lors de manifestations constituait un sombre précédent pour le Sénégal », comme s’en inquiétait le 13 juin, le Haut commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. Elle a toutefois estimé que les forces de l’ordre ont agi en « situation de légitime défense », face à des manifestants eux-mêmes armés.
Macky Sall a « incontestablement le droit de se représenter »
La cheffe de la diplomatie sénégalaise n’a vu aucun inconvénient à ce que les opposants Karim Wade et Khalifa Sall puissent se présenter à la présidentielle de février prochain, malgré leurs condamnations passées. Elle a invoqué « l’apaisement du champ politique au Sénégal ».
La candidature des deux opposants est envisagée par les membres du Dialogue national qui s’achève à Dakar.
Une toute autre candidature pose question au Sénégal, c’est celle du président Macky Sall. Le 21 juin, depuis Paris, le président sénégalais semblait pourtant mettre fin au doute par ces mots : « grâce à notre travail, nous nous maintiendrons au pouvoir ».
Macky Sall a « incontestablement le droit d’être candidat en 2024 », tant sur le plan juridique que constitutionnel, a tranché l’avocate, concluant qu’il « se prononcera dans un sens ou l’autre quand il jugera le moment opportun »