Tunisie: précaire retour au calme à Sfax, des ONG s’inquiètent des retours forcés à la frontière avec la Libye…
À Sfax, après une troisième nuit de violences contre les Subsahariens à la suite de la mort d’un Tunisien poignardé lors d’une altercation avec des migrants le lundi 3 juillet, le calme est revenu, mais la situation restait très tendue mercredi. De nombreux migrants se cloîtrent chez eux, d’autres ont été escortés par la police hors de leur domicile sous les clameurs des habitants leur intimant de dégager, d’autres encore se sont retrouvés à devoir fuir la ville par tous les moyens.
À la gare de Sfax, en centre-ville, plus d’une centaine de migrants subsahariens attendent avec inquiétude le départ du train pour la capitale. C’est le cas de Mohamed Mansari, originaire de Freetown en Sierra Leone.
Arrivé en Tunisie sept mois plus tôt, il veut désormais fuir la ville de Sfax à tout prix. « On a besoin d’aide, nous avons vraiment besoin d’aide ! Ce n’est pas du tout facile actuellement pour nous. On souffre beaucoup ! Il y a des jeunes Tunisiens qui sont venus chez nous prendre notre argent, nos téléphones. Certains avec des armes blanches. » Il part avec, pour seul bagage, un petit carnet où il a noté les numéros de ses amis, car il s’est fait voler son téléphone.
Dans les rues de Sfax, d’autres migrants tentent de trouver de l’ombre sous les arbres et palmiers.
Ousmane Koroma, Guinéen, est en Tunisie depuis trois ans. En l’espace d’une nuit, il a été chassé de son domicile par des habitants de son quartier et a été blessé à la main lors d’altercations. « On est dans la rue… On n’a ni à manger, ni de l’eau, rien. On souffre. Je suis désespéré, j’ai peur... »
L’inquiétude et la peur sont très palpables chez les migrants subsahariens, d’autant que plusieurs témoignages font état de migrants arrêtés par la police et transportés dans des bus vers la frontière tuniso-libyenne pour y être abandonnés.
Inquiétude des ONG
Un groupe d’ONG tunisiennes et internationales ont publié un communiqué ce mercredi pour dénoncer ces pratiques et appeler à porter assistance à ces migrants. Dans le texte, les organisations signataires « dénoncent les violations de droits humains dont sont victimes les personnes migrantes, demandeuses d’asile et réfugiées et demandent aux autorités tunisiennes de donner des clarifications sur ces faits et d’intervenir en urgence pour assurer une prise en charge de ces personnes ».