«Le Mackysme»-de l’empirisme à la modélisation: Dr Cheikh Kanté ausculte la troisième voie de l’Emergence…

«Le Mackysme»-de l’empirisme à la modélisation: Dr Cheikh Kanté ausculte la troisième voie de l’Emergence…

Face à un  parterre d’intellectuels européens, Dr Cheikh Kanté a vanté les mérites du Plan Sénégal Emergent. Il considère que le Pse tire sa force de ses soubassements africains. Il met en relief une modélisation à l’ Africaine qu’est le PSE. Cette rencontre a eu lieu lors des journées économiques d’ Aix en Provence, organisées par les sommités européénnes .Le Premier ministre Français et Christine Lagarde , gouverneur de la Banque Centrale de France et plusieurs autorités étaient de la partie. D’ailleurs, le Président Macky Sall y est attendu ce samedi. Nous reproduisons in extenso sa production intellectuelle.

Pour répondre aux objectifs de politiques économiques et lutter contre la rareté, la croissance quantitative de biens et services a toujours été particulièrement privilégiée.  Au fil des ans, les fractures sociales générées par ce mode de création de richesse ont montré leurs  limites , du fait de l’accroissement des inégalités qu’elle engendre dans le monde et plus particulièrement en Afrique.

Depuis quelques années, en effet, de nombreux experts considèrent que la croissance n’est pas forcément synonyme d’émergence et de développement : la croissance sans création d’emplois, celle qui accroît les inégalités, la croissance sans progrès vers la démocratie, celle qui s’accompagne d’une perte d’identité culturelle, la croissance sans gouvernance nécessaire à la préservation des ressources en faveur des générations actuelles et futures, n’est pas celle qui est envisageable et adaptée pour la recherche d’un bien-être des populations.

Face à ce constat sans appel, un nouveau concept est né, celui de la croissance inclusive qui, relativisant la croissance traditionnelle essentiellement quantitative, repose sur une approche éthique du développement économique et social, susceptible de générer une amélioration durable du bien-être des communautés.

Choix entre une croissance élevée et corrélée à des inégalités importantes

Traditionnellement, on estime que les sociétés peuvent faire un choix entre croissance élevée Et corrélée à des inégalités importantes ( comme les États-unies), ou plus d’égalité et d’équité sociale, mais au prix d’une croissance plus faible ( comme le Suede et la France).

Recensement, les travaux du centre des apprentissages de l’OCDE, ont établi la fin d’une vérité bien établie et qui a largement prospéré, celle d’un « trade off » entre inégalités et croissance. Pour ces experts, les inégalités ne peuvent en aucun cas être un facteur de croissance supplémentaire, dans bien des cas , elles sont la cause d’une croissance moindre.  Ces travaux montrent qu’au cours des vingt dernières années, l’évolution moyenne des inégalités dans les pays développés, leur a fait perdre 0,35 point de croissance par an sur 25 ans, soit une perte cumulée de 8,5% du PIB.

A titre d’exemple, ce rapport de l’OCDE estime que le creusement des inégalités a coûté plus de 10 points de croissance au Mexique et à la Nouvelle Zélande, près de 9 points au Royame-unis, et environ 6 à 7 points à l’Italie et aux USA. 

A l’inverse, une situation plus égalitaire a contribué à faire progresser le PIB par habitant, en Espagne, en France et en Irlande.

Les experts ne croient plus à l’argument classique qui considère comme normal que la croissance s’appuie sur les inégalités.

Ils soutiennent au contraire que les inégalités entraînent une perte du capital humain qui affaiblit la croissance.  Il est donc clair que les politiques de redistribution qui réduisent les inégalités ne sont pas un frein à la croissance économique, même si les mesures prises en ce sens n’ont pas toujours les mêmes effets positifs. 

Des politiques de redistribution mal ciblées et non centrées sur les outils les plus efficaces peuvent , en effet, se solder par un gaspillage de ressources et devenir des sources durables d’inefficience. 

Angus Deaton, le prix Nobel de 2015 estime pour sa part que le progrès est source d’inégalités qui creuse le fossé entre ceux qui en tirent profit et les autres. Temporairement, ces inégalités peuvent être acceptables. Les difficultés surviennent lorsque les informations issues des connaissances et des technologies ne profitent pas à terme à tous. Pour le père du concept aujourd’hui célèbre du « Seuil de pauvreté » quelque chose est en train de changer. Plusieurs décennies durant, une certaine approche s’était imposée qui considérait que lever les obstacles  au libre  jeu des forces du marché était une condition suffisante pour obtenir une prospérité qui bénéficierait à tous. Cette théorie est largement révolue et même si elle peut expliquer, dans une large mesure, le décollage de certains pays comme la Chine , l’Inde, où le Brésil, elle bute sur deux obstacles : une accélération forte des inégalités sociales et la résurgence et la persistance d’une pauvreté extrême. 

Il ne suffit donc pas que les riches s’enrichissent pour que les pauvres en bénéficient, via un effet de « ruissellement ».

Une partie du succès de Trump peut sans aucune doute s’expliquer par cette conception de l’économie qui prévaut aux USA.

Relation entre croissance , justice et inégalités

Dans l’antiquité, le débat sur la relation entre croissance , justice et inégalités a toujours passionné les esprits. Aristode, reprenant les idées de son maître Platon, prônait déjà une justice distributive, afin de lutter contre les inégalités les moins acceptables.  Depuis, de très nombreux économistes, dont certains Prix Nobel comme Simon Kuznets, Frédéric van Hayec, Amartaya Sen, Joseph Stigliz et plus précisément Angus Deaton, se sont penchés sur cette question cruciale.

Si pendant des années, on avait estimé que l’économie avait pour objectif principal de lutter contre la rareté, ce n’est plus sa seule mission aujourd’hui. Il est vrai que les économistes libéraux considèrent encore que le marché permet une allocation optimale des ressources, ce qui permet à chacun de recevoir une rémunération en fonction de sa contribution à l’activité de production. Dans ce cas de figure, les inégalités sont justifiées parce qu’elles sont économiquement efficaces. Les inégalités de revenus par exemple agissent ainsi comme un aiguillon qui pousse les individus à améliorer leur situation. Elles sont des incitations à la performance individuelle et donc à l’efficacité collective. 

Au demeurant, il est constant que les inégalités trop accentuées ,  quelle que soit leur origine, sont un frein au progrès économique et social. La  faiblesse des revenus des revenus des groupes vulnérables, comme de ceux qui sont marginalisés ou exclus, freinent les ratios de consommation. 

De la même manière, ne pas lutter contre les inégalités scolaires comporte un risque de compromettre le niveau général de la population active d’un pays et donc sa compétitivité. 

Pour réduire ces risques, de nombreux pays européens ont mis en place des politiques de réduction des inégalités sociales.

Les pays africains ont toujours soufferts d’inégalités organiques hérités de la colonisation et entretenues par des modèles économiques souvent inappropriés.

Nouveau modèle de planification

L’arrivée du Président Macky Sall au pouvoir en 2012 a été déterminant pour les pays africains,  de par le nouveau modèle de planification fonctionnelle « Plan Senegal Emergent », (PSE), qu’il a su conceptualiser et mettre en œuvre afin d’assurer une croissance inclusive adaptée aux réalités de la demande sociale de son pays. 

Le PSE est son rêve, son vœu, son ambition de sortir son pays de la pauvreté et de donner à chaque Sénégalais les mêmes chances. Finalement, ce voeux de rupture est devenu un contrat social ( au sens de Rousseau) avec son peuple qu’il est en train de réussir.

Historiquement, les pays africains en général et le Sénégal en particulier ont souvent eu du mal à relever les défis de la mise en œuvre de leurs plans stratégiques. Aussi, rares sont les pays qui se sont approchés au mieux des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD).

Plusieurs cycles de planification

Au Sénégal par exemple, nous avons connu plusieurs cycles de planification: des plans quadriennaux ente 1961 et 1989, à partir de 1989- 1995, des plans quinquennaux d’orientation pour le développement économique et social, 1996-2001, le 9 eme plan d’orientation pour le développement économique et social, des Documents Stratégiques de Réduction de la pauvreté , Document de Politique Économique et Social, Stratégie de Croissance accélérée (SCA), Plan d’Orientation pour le Développement économique et Social, remplacé finalement par la PSE, qui est un mode de planification économiquement viable, socialement équitable et économiquement équitable en prenant en compte la nécessité d’équité territoriale. Le PSE associe l’empirisme et la modélisation. 

Un empirisme né de l’expérience capitalisée par le Président Macky Sall dans son parcours politique et administratif qui lui a  permis de vivre toutes les pulsions de son peuple et les réalités des territoires, en ayant parcouru plusieurs fois le Sénégal pour écouter et entendre la voix du peuple et constater la réalité du Sénégal des profondeurs.  Cet expérience lui a naturellement permis de modéliser sa  doctrine du « Yonu Yokute » ( voie de l’espérance) aux réalités de la gouvernance étatiques en tenant compte des facteurs endogènes et exogènes. 

Les résultats de la mise en œuvre sont tangibles et palpables. Les égrener dans cette petite contribution équivaudrait à remplir des pages. 

Sans aucun doute, le PSE avec ses différentes composantes est la traduction de la volonté d’un leader Africain à prendre en charge le destin de son peuple en misant sur ses propres ressources tout en s’ouvrant à l’extérieur.

Le Président Macky Sall a su démontrer qu’il est possible pour les africains de compter sur eux-mêmes pour créer les conditions d’un décollage pour l’émergence.

Modélisation d’une croissance inclusive

Il a modélisé les conditions d’une croissance inclusive, articulée à la chaîne de valeur territoriale avec des conditions de forme et de fond. En termes de classification fonctionnelle, le PSE est devenu de nos jours, une innovation  et un outil doctrinal qui a tracé une nouvelle voie Africaine d’interaction économique et sociale. 

L’implication personnelle du Président Macky Sall dans le processus de monitoring est une grande rupture qui a permis de gagner des batailles clé et d’entreprendre des réformes qui ont accompagné les séquences de croissance durable que le Sénégal a comptabilisé depuis la mise en œuvre du PSE.

La leçon doctrinale du PSE est que l’Etat s’est réinventé pour devenir « un État stratège » avec une vision globale qui gère  bien ses ressources pour le bien-être des populations.

Ainsi, le Président Macky Sall est une réincarnation multifonctionnelle et multidimensionnelle de certains économistes et philosophes.

Maîtrise de l’endettement public

A ce titre, il a incarné et mis en œuvre la logique Keynésienne d’Harold- Domar, en maîtrisant l’endettement public qui a rendu possible de nouveaux investissements.

Concomitamment, il a su gérer d’une manière très rigoureuse, l’équilibre budgétaire à travers les critères de convergence communautaire. 

Le retard de croissance du Sénégal des indépendances a l’année 2012, peut être estimé à 60 ans, soit un cumul des cycles de kondratief et de juglar. Ce retard est en train d’être rattrapé grâce au PSE dont les résultats ont confirmé la pertinence de la théorie de mon ami Lionel Zinzou sur « les avantages de l’arriération ». C’est à dire Que le retard de Production pour une transformation structurelle n’est pas un obstacle à la diversification et au progrès qui peut permettre de rattraper le temps perdu.

Le PSE dans son modèle qualitatif, est une réincarnation de la logique de Justice distributive d’Aristode et de Platon, pour corriger les inégalités les plus inacceptables.

Nous sommes Africains, nous sommes Sénégalais, et nous devons être très fiers de l’être en pensant par nous-mêmes. Ce qui est possible pour l’Amérique doit l’être pour l’Afrique, tout ce que possible pour l’Europe doit l’être pour l’Afrique et tout ce qui possible pour la Chine , le Japon et l’Inde doit être possible pour l’Afrique en général et le Sénégal en particulier.

Le Mackysme, au-delà d’avoir parfaitement donné un sens au décollage économique du Sénégal, a tracé une nouvelle voie Africaine pour l’émergence.

DR Cheikh Kanté

Amadeus

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