Mamadou Sy Albert à la cérémonie de dédicace de son livre: « le problème ce n’est pas Macky Sall, c’est le système »
Les Éditions Moukat ont tenu une cérémonie de dédicace du livre intitulé « Comment sortir des crises du présidentialisme importé…? ». Cette cérémonie de dédicace a été une occasion pour l’auteur, l’analyste politique, Mamadou Sy Albert de revenir sur le contenu de son livre. Pour l’auteur, il faut donc avec ce système bien ancré depuis plus de 60 ans, « appeler à un renversement de la hiérarchie des valeurs, rompre avec ce système ». Car pour lui, « les partis politiques ont atteint leurs limites, comme les systèmes de gouvernance de nos États ».
« Le Sénégal a choisi un système politique en 1960. L’indépendance a démarré avec le Président Senghor qui a fondé un régime politique qui est structuré autour du président de la République. C’est ce qu’on dit communément, il est la clé de voûte de toutes les institutions. Le système politique repose sur la fonction présidentielle. Ce qu’on a voulu faire comprendre ici c’est qu’il est resté le même sous Senghor, sous Abdou Diouf, Wade et sous Macky Sall. Chacun de ces Présidents a fait des réformes. Senghor a commencé par un Premier ministre. Abdou Diouf, quand il est venu, a réformé la justice et l’administration, Abdoulaye Wade pareil. Mais fondamentalement le régime n’a pas changé. Il faut rompre avec ce système bien ancré depuis plus de 60 ans. Cela demande de puiser dans nos valeurs par opposition à nos contre-valeurs… Avec les assises nationales il faut appeler à un renversement de la hiérarchie des valeurs, en invoquant les principes des valeurs positives comme l’appropriation non-privative, le respect de la parole donnée, la dignité, la solidarité, le dialogue, restituer le pouvoir au peuple qui est le seul souverain », a déclaré Mamadou Sy Albert.
Les crises qui secouent le régime présidentiel au Sénégal
Selon l’analyste politique, « ce régime est secoué par des crises très sérieuses. On se rappelle de 68, et avant cela il y a la crise avec Mamadou Dia. Il y a la crise de Abdou Diouf, Abdoulaye Wade. Avec Macky Sall, pratiquement, c’est les mêmes types de crises. Deux formes de crise. Avec Abdou Diouf, il faut noter le départ de Moustapha Niasse, Djibo L. Ka, et beaucoup de responsables politiques. C’est une crise interne. C’est le cas entre Mamadou Dia et Senghor. C’était même plus grave. Parce que c’est une crise au sommet de l’Etat, entre le chef de l’Etat, le président du Conseil. Si vous regardez Abdoulaye Wade, c’est encore plus manifeste avec le départ d’Idrissa Seck, Macky Sall. Macky aussi a eu ces crises internes avec le départ de Mimi Touré, Idrissa Seck, de beaucoup de ministres. Maintenant, il y a une crise externe où il y a un Président qui finit mal. C’est un modèle qui n’est pas stable. Qui est lié par un régime présidentiel. C’est le Président qui contrôle tout ».
M. Sy prévient que : « Nous devons prendre conscience que nous sommes dans l’impasse ». Avant d’ajouter : « Nous devons être conscients que le problème ce n’est pas Macky Sall, c’est le système. Nous avons choisi un mauvais système qui nous met dans un engrenage conflictuel. On se tue entre nous à cause d’un système. Il faut qu’on soit d’accord que le président de la République ne peut pas être le président de tout. Il n’y a qu’un Premier ministre qui doit gouverner. Parce que l’Etat, c’est l’administration. Le Premier ministre ne gère pas l’administration, il ne définit pas la politique. Il est au service d’un homme qui peut le remercier à tout moment. Pour lui, il faut repenser les partis politiques ».