Candidature de Benno en 2024- Contestations dans Benno- cas de Karim , Khalifa et Sonko- Emigration clandestine: Le Dage du ministère de l’environnement étale ses convictions…
Malick Sarr, un produit de l’Ena, spécialiste en finances publiques et en passation de marchés publics, titulaire d’un master 2 en finance et de gestion publique, à l’école supérieure des finances publiques. Ce promoteur de la paix et de la stabilité du pays porte son choix pour la prochaine élection présidentielle sur Amadou Bâ. L’actuel Premier ministre du Sénégal qui a «le profil le plus présidentiable» à ses yeux. Le Dage du ministère de l’environnement et du développement durable, invite ses camarades de la coalition Benno à s’unir autour du candidat proposé par Macky Sall. « S’ils veulent gagner les joutes de 2024 ». Malick Sarr évoque, également dans cet entretien, le cas des candidats de l’opposition dont la participation aux prochaines échéances est jusque-là hypothéquée. Comme Karim Wade, Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Il a jeté aussi un regard critique sur la gestion du phénomène des migrations irrégulières sous le prétexte de la disparition des centaines de jeunes sénégalais en mer. Récemment.
DirectNews : Politiquement quel est votre parcours?
Malik Sarr-Politiquement j’ai débuté en 2011 du temps d’Abdoulaye Wade. J’ai d’abord milité au sein de l’Ujtl à l’époque c’était le président Mamadou Seck, (ancien président de l’Assemblée nationale), qui gérait la base politique du Parti Démocratique Sénégalais à Mbao. Je m’étais engagé derrière lui. Lorsqu’il s’est agi de renouveler l’Ujtl, le président Abdoulaye Wade l’en avait chargé et c’est dans ce cadre que je me suis engagé au sein de l’Ujtl. J’étais devenu le trésorier national de l’Ujtl dirigé à l’époque par le secrétaire général Bara Gaye. Donc, voilà ! Depuis lors, je milite à la base jusqu’au sommet. A l’arrivée du président Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal, j’ai commencé à militer d’abord à la CCR. Ensuite, aux élections locales de 2014, j’avais fait ma propre liste ici à Mbao et j’étais sorti troisième avec 5 conseillers municipaux. Lors des récentes élections locales, j’étais dans la liste de Benno Bokk Yakar et actuellement je suis adjoint au maire de la commune de Mbao.
Alors quelles sont les activités de Benno que vous menez actuellement, à sept mois des élections présidentielles au niveau local ?
Actuellement, les choses sont un peu au ralenti. Puisqu’il y a des tractations qui sont en train d’être faites au sommet. Donc à la base, nous sommes à l’écoute du chef de l’Etat à qui nous avons confié nos voix, notre espoir. La récente réunion tenue au secrétariat national a été l’occasion de donner carte blanche au patron de la coalition pour le choix d’un candidat. Nous sommes à l’écoute et nous avonsbon espoir que ça va aller dans le consensus et l’unanimité.
Vous avez donné carte blanche au Président de la République pour le choix d’un candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar, beaucoup de noms sont cités: Amadou Ba, Daouda Diallo, Aly Ngouille Ndiaye, Boun Abdallah entre autres. Quel est le meilleur profil, selon vous ?
La décision du président de ne pas se présenter a été une décision historique, saluée par la classe politique nationale, magnifiée aussi par les grandes organisations internationales notamment les Nations-Unies. Il est vrai que c’est une décision importante mais cela a un peu surpris. Car peut-être, il y a certains qui ne se sont pas bien préparés.
Cela vous a-t-il surpris ?
(Catégorique) Non. Ça ne m’a pas surpris. Je m’attendais à cette décision dans la mesure où je connais le Président Macky Sall. Je sais que c’est un homme de parole. Compte tenu de son bilan élogieux surtout sur le plan matériel, il était important qu’il quitte le pouvoir dans ces conditions avec la tête haute. Le monde a besoin de lui. L’Afrique a besoin de lui et il peut continuer à cheminer dans d’autres sphères beaucoup plus importantes pour représenter dignement le Sénégal. Puisque cette décision est prise, il va de soi que des ambitions peuvent être suscitées de part et d’autre. C’est actuellement le cas. Ce qui est important, c’est que cette coalition puisse continuer à se tenir debout, faire preuve de solidarité et d’unité. C’est dans cette unité que les joutes électorales qui se sont succédé ont été gagnées.
Il est nécessaire que cette unité prévale pour de futures victoires. Maintenant, les ambitions qui commencent à être suscitées, c’est normal. Ce qui est important pour moi, c’est le consensus et l’unité ainsi que la solidarité. Il y a des profils qui se dégagent comme vous venez de le dire, le Premier ministre naturellement, compte tenu de son parcours sur le plan administratif d’abord, après avoir fait une brillante carrière administrative au niveau de la Direction Générale des impôts. Après sa formation à l’ENA, il a occupé des postes stratégiques au sein de l’appareil d’Etat. Notamment, le ministère de l’économie des finances et du plan et celui des Affaires étrangères. Si on cumule tout cela, nous pouvons quand même nous dire qu’il a le profil de l’emploi pour succéder au président de la république! Je ne peux pas en dire plus, mais je pense que quand même, il peut être un bon candidat, il a un bon profil et c’est un homme pondéré. Un homme qui n’est pas toujours dans les confrontations mais qui est dans l’action gouvernementale. Maintenant, chacun est libre de postuler mais il faut reconnaître que le dernier mot revient au président et nous souhaitons que le candidat qui sera choisi soit un choix consensuel.
Vous misez beaucoup plus sur lui que les autres ?
Oui. Effectivement. Je pense d’abord au Sénégal, je pense à l’Etat. J’ai entendu le président dire que le choix ne sera pas une affaire d’affection. Quand j’ai entendu ça, j’ai quand même apprécié. Il ne s’agit pas d’une affaire d’affection ou de proximité. Il faut un homme avec beaucoup d’expérience et de pondération. Nous sommes aujourd’hui dans un monde extrêmement compliqué avec les réseaux sociaux, avec les affaires de djihadisme. Tout ce cercle de feu qui entoure le Sénégal. Nous avons besoin d’un homme vraiment expérimenté pour gérer le pays. On a quelqu’un comme Amadou Ba pour faire l’affaire.
Benno est une grande coalition composée de grands partis qui ont de l’histoire comme le PS. Il se susurre que certains partis n’accepteront pas que le candidat vienne directement de l’APR, on a vu récemment la sortie de Abdoulaye Wilane qui a réitéré les ambitions du parti socialiste. Tenant compte de tout cela, est-ce qu’il sera évident de choisir un candidat qui fera l’unanimité au sein de Benno Bokk Yakar ?
Cela ne sera pas facile. Tout choix fera l’objet de contestation de part et d’autre. C’est normal. La conférence des leaders de Benno s’est réunie. Exceptés les partis de maitre EL Hadji Diouf et de Mamadou Diagne Fada, tous les autres ont donné carte blanche au président. Ça, quand même, il faut que les gens l’assument. Il ne faudrait pas dire au président qu’on vous donne carte blanche pour le choix et revenir faire des contestations après. Le bureau politique du parti socialiste aussi a donné carte blanche, par conséquent, il faut aller jusqu’au bout de cette logique et accepter le choix qui sera fait. L’essentiel est que le président va privilégier le dialogue car la réunion de la conférence des leaders ne suffira pas. C’est un peu délicat mais nous espérons que ce sera consensuel.
Quelles sont les chances du candidat de Benno lors de cette élection sans Macky Sall ?
S’il y a l’unité autour du candidat qui sera choisi, le candidat de Benno va passer au premier tour. Ça je n’en doute pas. Maintenant, s’il y a des frictions par ci par là, ça risque de créer un problème puisque le charme, la chance de Benno jusque-là, c’est l’unité et la solidarité. Si tout le monde se retrouve autour du choix qui sera fait par le président, le candidat de Benno va passer dès le premier tour.
Des candidats comme Khalifa Sall, Karim Wade se retrouvent dans l’impasse. Ousmane Sonko aussi qui fait déjà dans la menace dit que s’il n’est pas candidat ce sera le chaos. Comment faut-il procéder pour que tout le monde participe ?
Le cas Khalifa Sall et Karim Wade, il faut en parler avant celui de Sonko. Le président de la République a organisé un dialogue national avec la participation de tous les grands partis politiques. Les conclusions issues de ce dialogue sont en train d’être mises en œuvre au niveau de l’Assemblée nationale qui vient d’être saisie par le président de la République pour qu’il y ait des modifications sur un certain nombre de textes législatifs notamment la constitution, le Code pénal, et le code électoral.
Ceux qui ont décidé de ne pas prendre part au dialogue, sont en train de s’embourber. Car c’était le cadre idéal d’échanges pour trouver un consensus sur le processus électoral. Naturellement, leurs questions ne pourront pas être traitées dans un autre cadre. Le dialogue était le cadre idéal. Le Pds, le Taxawu Sénégal y ont pris part. Leurs situations ont été prises en compte. Ainsi, ils pourront naturellement participer aux prochaines élections présidentielles. Maintenant, dans une nation comme le Sénégal qui a une longue histoire politique et d’organisation de scrutin, je ne vois pas comment un parti politique ou une personne peut empêcher la tenue d’une élection. Pour moi, ce sont des chimères.
Imaginez-vous une élection présidentielle sans Ousmane Sonko, troisième lors des dernières joutes ?
Ce n’est pas une question de démocratie. C’est une question d’Etat de droit. Pour parler de démocratie, il faut qu’il y ait un Etat de droit d’abord. C’est le préalable. L’Etat de droit , c’est des textes législatifs et règlementaires à suivre et à appliquer à la lettre. Pour parler de l’Etat de droit aussi, il faut une justice indépendante. Je suppose que la justice sénégalaise est indépendante. Si elle a pris une décision compte tenu d’un certain nombre d’informations, d’enquêtes, d’investigations, sa décision ne peut pas ne pas être appliquée. Si cette décision concerne un citoyen, il faudrait quand même savoir raison garder et accepter c’est une décision de justice qui a été rendue. Il n’y a pas de citoyen plus important en fonction de statut. Qu’on soit politique ou pas, on doit respecter l’indépendance de la justice et savoir que nous sommes tous égaux devant la loi. Deux décisions ont été rendues par la justice. Qui n’ont pas été favorables à Ousmane Sonko. Il faudrait les accepter. Le président Wade durant sa carrière a fait l’objet de condamnations. Il est revenu à plusieurs reprises pour prendre le pouvoir à sa cinquième ou quatrième participation à une élection présidentielle. Il n’y a pas péril en la demeure. Cela n’entachera en rien la bonne marche de la démocratie si Sonko ne prend pas part à ces élections. Personne ne peut empêcher la bonne tenue de ces élections.
Birame Souleye Diop est en prison. Malgré qu’il ait présenté ses excuses suite à ses propos désobligeants. Ne pensez-vous pas qu’il devrait être libéré comme beaucoup le souhaitent ?
Après avoir suivi sa vidéo où il présentait ses excuses, je pensais qu’il allait être épargné d’une convocation. Je pensais que l’Etat allait laisser passer pour cette fois-ci.
Quoi qu’il en soit, un leader politique doit savoir s’exprimer avec responsabilité. Des propos de ce genre n’ont pas leur place en politique. Ce sont des affaires strictement privées. En plus, lui n’est même pas de Benno, de quoi il se mêle ? Ce discours-là (rire) n’est pas responsable. Il va accuser un président d’un autre pays, ça devient extrêmement grave. Je n’ai jamais pensé qu’un intellectuel de sa trempe puisse s’exprimer de cette façon aussi légère, faire des accusations aussi graves sans preuve. Gon Coulibaly (homme d’Etat et ancien Premier ministre ivoirien décédé le 8 juillet 2020) est décédé d’une maladie jusqu’à preuve du contraire. Et Birame Souley Diop accuse Ouattara. C’est extrêmement grave. A l’avenir, il devra, être pondéré et mesurer ses propos surtout quand on occupe des fonctions aussi importantes (président de Groupe parlementaire). Je sais que les relations entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont d’une grande solidité et qu’on a évité une tension diplomatique inutile.
Que risque un PASTEF sans Birame Souleye Diop, sans Bassirou Diomaye Faye, sans son leader naturel Ousmane Sonko, tous dans les liens de justice, vers des joutes électorales de 2024 ?
En tout cas puisqu’ils disent que c’est Sonko ou rien et d’ailleurs j’ai entendu qu’ils comptent faire une investiture. Ils vont vers le mur par rapport à 2024. Le PDS a semblé faire ça en 2019. Il s’est entêté à parler de Karim Wade et nous avons tous vu ce qui s’en est suivi. S’ils s’entêtent à vouloir présenter leur candidat qui est dans des procédures judiciaires, c’est sûr qu’ils vont droit vers le mur. Il leur sera très compliqué de prendre part à ces élections de 2024.
Trois cents(300) migrants ont disparu dans la mer, le ministère des affaires étrangère a fait un démenti mais une ONG Italienne a quand même confirmé cela, vous ne pensez pas que l’Etat a un peu failli sur sa politique migratoire vu tous ces événements qui se sont succédé ces derniers temps ?
L’Etat a mis en place un certain nombre de mécanismes pour prendre en charge l’emploi des jeunes. J’en suis un témoin oculaire puisque j’ai été un des acteurs qui ont mis en œuvre le programme « XEYOU NDAW YI » dont un
volet important avait été confié au ministère de l’environnement que je gérais moi-même.
L’Etat a déployé beaucoup de moyens dans ce domaine. Je ne parle même pas de ce qui se fait au niveau du ministère de la jeunesse avec l’ANPEJ avec le PRODAC. «XEYOU NDAW YI» a été un programme important pour prendre en charge les préoccupations de la jeunesse et l’Etat a fait beaucoup d’efforts. Plus de 450 milliards en trois ans, ce n’est pas une mince affaire. Une manne financière répartie dans plusieurs domaines dont le secteur de l’environnement, le reboisement, le cadre de vie avec le ministère de l’urbanisme.
Tout cela paraît un peu insignifiant, car les jeunes continuent à braver la mer…
Oui. Ça quand même, je pense qu’il s’agit d’un problème de communication. Si les jeunes pensent que l’Europe c’est l’eldorado, ils se trompent. L’Europe ce n’est pas l’eldorado, il y a des opportunités qu’on peut saisir dans ce pays que les jeunes n’arrivent pas à comprendre ou peut être qu’ils n’arrivent pas à appréhender un problème de communication. Ce pays a des opportunités. Pour moi, l’agriculture, l’élevage et la pêche constituent des opportunités.
Avec les programmes comme « Kheyou ndaw yi », l’ANPEJ, ou encore la DER, on parle de milliers d’emplois, mais en réalité on constate dans plusieurs localités que les jeunes ne travaillent pas. Où se situe le problème?
Je vais parler de manière globale. Je connais pratiquement tous les programmes des jeunes. Je connais très bien comment ça fonctionne. Je vais vous dire une chose, vous allez à la DER, elle reçoit des projets. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour demander à cette délégation d’alléger les procédures. Je sais qu’il y a beaucoup de jeunes qui se plaignent de la lourdeur des procédures. Aussi beaucoup de jeunes ne maîtrisent pas l’outil informatique pour disposer d’un financement avec des procédures. Si je pouvais donner un conseil à la Der, ce serait d’alléger les procédures et d’ouvrir des guichets dans certaines localités pour que les jeunes puissent avoir accès directement à l’outil et pouvoir bénéficier des fonds plus facilement. Aussi faire de la communication parce qu’il y a des jeunes qui ne sont pas au courant de tout ça. Les jeunes ne comprennent pas les procédures si maintenant toutes ces structures peuvent créer des forums pour leur expliquer les tenants et les aboutissants. La DER travaille en étroite collaboration avec l’ONFP pour la formation après financement parce que l’Etat ne peut pas donner de l’argent à des jeunes sans qu’il yait de formation. Toutes ces boulangeries, ces poulaillers qui sont dans les quartiers, ça ne peut pas toujours être dans l’informel. Il faudrait que ces jeunes soient formés sur la gestion financière, le management. Mais je sais qu’il y a beaucoup de jeunes qui prennent des financements à coup de millions et qui s’en vont en Europe, laissant un gap financier énorme dans le pays et qui ne gagneront rien là où ils vont. Si ces jeunes peuvent être sensibilisés qu’ils peuvent bel et bien s’en sortir dans le pays, l’Etat doit déployer de l’énergie pour cette communication, pour que ces jeunes se ressaisissent. Je ne sais pas ce qui est à l’origine de ce nouveau rush sur les routes de l’émigration, mais on a connu une accalmie tout dernièrement…
Réalisé par Ameth Seck