État-major des Armées : Macky change d’étoile
Le Général Cheikh Wade n’est pas envoyé à la retraite, mais il jouit pour autant d’un strapontin en or. Il est remplacé par un officier qui a été parmi les plus proches collaborateurs du président de la République. Parmi les causes de la mise au placard de l’ancien Cemga, des observateurs se demandent quel rôle a pu jouer le communiqué de Yaw annonçant des «concertations avec de hauts gradés des Fds».
- Mbaye Cissé prend la place de Cheikh Wade
Le Général Mbaye Cissé est le nouveau Chef d’état-major général des Armées. L’information a été donnée hier dans un communiqué par le ministre Secrétaire général de la Présidence, Oumar Samba Ba. Précédemment Chef d’état-major particulier du président de la République, le Général Mbaye Cissé remplace ainsi «le Général d’Armée Cheikh Wade, appelé à d’autres fonctions», moins de 72h après le «défilé impeccable» du 4 Avril lors duquel les Armées ont exposé leur puissance de feu.
En devenant Général d’Armée, Cheikh Wade devient l’officier sénégalais le plus haut gradé de l’Armée nationale. Il rejoint sur ce piédestal, son prédécesseur, le Général Mamadou Sow, familièrement appelé «Nogass», qui a été le premier à bénéficier de ce grade avant son départ à la retraite.
Si cette nomination concomitante frappe ainsi l’opinion, c’est qu’elle intervient à un moment assez trouble dans le pays, où divers courants tentent d’entraîner les Forces de défense et de sécurité (Fds) à jouer un rôle dans le champ politique, même à son corps défendant.
On a vu ainsi les leaders de la Coalition Yewwi askan wi (Yaw) déclarer avoir renoncé à leur manifestation politique du lundi 3 avril «après concertations avec de hauts gradés des Fds». Ce qui avait contraint la Direction de l’information et des relations publiques des Armées (Dirpa) à produire un communiqué pour demander aux politiciens de ne pas mêler l’Armée à leurs querelles. Cela n’avait pourtant pas tu les spéculations.
Des observateurs contactés par Le Quotidien veulent relier le changement à la tête de l’Armée à cette affaire, entre autres. Ces spécialistes estiment que si ces concertations dont a fait état le communiqué de Yaw ont pu avoir lieu, même concernant un seul haut gradé, et que le Général Wade ne l’a pas su, il était fautif. Et dans le cas très probable où il en a été informé, s’il a décidé de ne pas sanctionner, il s’est lui-même mis en mauvaise posture, d’où son limogeage.
Il faut cependant relever que des officiels de l’Etat, parlant sous le sceau de l’anonymat, assurent que les renseignements militaires sont tellement bien informés qu’aucun contact entre des membres de l’opposition et des officiers de l’Armée ne pourrait avoir lieu sans que cela ne soit su presque en temps réel. «Ils savent même qui trompe sa femme, et avec qui… même si cela relève du privé», assurent-ils. Une manière de faire comprendre que le communiqué de l’opposition ne peut être la seule cause de la mise à l’écart du Ggénéral Wade dont les mauvaises relations avec certains officiers supérieurs étaient un secret de polichinelle.
Ce qui est également notable, dans le sens positif, c’est l’ascension fulgurante de son remplaçant, le Général Mbaye Cissé, qui a gravi les échelons à une allure inhabituellement rapide. En plus de la confiance de ses supérieurs, cela démontre surtout de ses qualités intrinsèques d’officier.
Le Secrétariat général de la présidence de la République renseigne par ailleurs que «le Contre-Amiral Oumar Wade, précédemment Chef d’état-major de la Marine nationale, promu au grade de Vice-Amiral, est nommé Chef de l’etat-major particulier du président de la République». Autre nomination, c’est celle du «Contre-Amiral Abdou Sène, précédemment Conseiller défense du Premier ministre, nommé Chef d’état-major de la Marine nationale, en remplacement du Vice-Amiral Oumar Wade».
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