Démarrage des travaux du futur port de Ndayane: Mountaga Sy pose les jalons d’une nouvelle industrie portuaire…
Il s’agissait de lancer les travaux du futur port suite à une séance de destructions d’habitats et autres constructions impactées par le projet dont «la première phase de construction va inclure un chenal maritime de 5km et un terminal à conteneurs disposant un quai de 840 mètres.» L’opération consiste à raser 23 concessions, dans cette première étape, dont les propriétaires ont été déjà indemnisés à coups de milliards et ont déguerpi. C’était ce mercredi.
Ndayane ! Ce village Lebou situé sur la petite côte au sud de Dakar, est bien parti pour devenir une nouvelle zone industrielle. Ce jour-ci, 26 juillet, sous le soleil accablant, ont démarré les travaux du futur port. Devant une pléthore de journalistes, d’employés, d’agents du port autonome de Dakar, Buldozer et autres engins sont mis en branle à la destruction de 23 concessions. Arbres et arbustes déracinés, des piscines vidées. L’environnement est rendu à son état d’origine. Ici, il s’agit de bien aménager ce littoral pour la réalisation de ce projet devant permettre au Sénégal d’accueillir des navires de dernières générations et de traiter des volumes plus importants de trafics. D’où la destruction de ces habitats dont les propriétaires, indemnisés, ont reçu leurs butins, purgé le délai d’aménagement, plié bagages et déguerpi.
Un gisement économique, pourvoyeur d’emplois…
Ce futur port consiste à décongestionner Dakar et concurrencer ceux de la sous-région. «Tous les propriétaires ont respecté le délai excepté quelques-uns confrontés à un empêchement compréhensible», confirme le Directeur technique du projet, Maïssa Mbaye. Le port de Ndayane constituera une industrie maritime pourvoyeur d’emplois. En ce début des travaux, des flags men, comme Malick Ndao, munis de drapeaux rouges indiquant le danger aux manipulateurs d’engins et chauffeurs à l’instar d’Ibrahima, se réjouissent du travail qu’ils abattent quotidiennement, depuis trois mois. La perception de leurs salaires est galvanisant. Le projet profite également « aux jeunes de des quartiers affectés qui opèrent au programme de communication, de sensibilisation pour rassurer les gens sur les processus mais aussi pour accompagner les gens à avoir des document en règle pour qu’ils puissent prétendre à l’indemnisation.»
Enjeux du futur port
Cette nouvelle zone industrielle, est à cheval entre le département de Rufisque où 16 concessions seront dégagées représentant 9570, 53 m2 sur une zone prioritaire de 40 hectares et la capitale de la petite côte, Mbour. «Le futur port développera l’économie du transport et renforcera la position du pays comme hub commercial majeur en Afrique de l’ouest», selon un document de la cellule de communication du port autonome de Dakar. Lequel conforte l’avis du Directeur général. Mountaga Sy, considère que «la journée d’aujourd’hui consacre le principe que le port de Ndayane tient bien son agenda. L’Etat a choisi un partenaire stratégique à savoir DPWORD pour la réalisation du port le plus moderne de la côte ouest Africaine. Le schéma de diligence de réalisation du projet consacre la mise à disposition de l’assiette foncière totale de 1200 hectares dont 300 hectares pour le port de Ndayane (pour DPWORD), 300 hectares pour L’Etat du Sénégal et 600 hectares pour la zone économique et sociale.»
Phase prioritaire
Sur la phase prioritaire, poursuit Directeur Sy «il a été identifié sur un budget de quinze milliards de l’indemnisation totale du projet, cinq (5) milliard pour la phase prioritaire sur la façade maritime. En deux semaines, l’Etat à mobiliser les deux milliards. Il s’agit de libérer, concilier et payer les impactés. Une conciliation qui opère l’adhésion des personnes impactées. Donc c’est avec les collectifs, l’implication de l’administration territoriale, sous la responsabilité du préfet de Rufisque et du préfet de Mbour que la commission opèrent au quotidien depuis bientôt dix mois avec les impactés. Nous avons atteint un schéma consensuel de barème d’indemnisation qui tient largement la comparaison avec tout ce qui se fait en matière de grand projet de l’Etat au Sénégal.»
83 autres concessions à démolir, sous la surveillance policère…
L’indemnisation consacre dans cette berge maritime, 83 concessions pour lesquelles la démolition a commencé aujourd’hui. Le principe est juste un préalable et est aussi équitable.» Voilà qui réjouit les autorités administratives qui sous la hantise d’une forte canicule, se félicitent de «ce spectacle de maisons en façade maritime détruits, de piscines vidés de leur contenus avec un environnement apaisé et une adhésion des personnes à la cause d’une construction d’un port ouest africain» qui campe aussi le décore d’un nouveau étatique. Mountaga Sy revient : «Elles ont au préalable déménagé entièrement. Les forces de défenses et de sécurité depuis hier nuit ont fait les visites maison par maison pour remarquer et valider qu’il n’y a personne en danger. Il n’y a aucune opération qui mettrait à risque les biens de l’Etat mais aussi les personnes et les populations. La zone est bien encadrée. On a un balisage intelligent qui respecte toutes les dispositions sécuritaires et environnementales pour le projet. Nous disons ce matin que ce projet qui part sur un horizon temporaire respectif de 48 mois, à compter du 1er avril 2024, sera livré aux Sénégalais, à la sous-région le 1er avril 2027. Il y aura 5 kilomètres d’aménagement terrestre sur la partie maritime.»
La semaine dernière, informe-t-il «un navire Grimaldi a déposé au port de Dakar au terminal 2, 85 engins spécialisés dans la démolition sécurisée des façades maritimes et des projets portuaires.» Il se glorifie que Ndayane tient son agenda. Le président Macky Sall va livrer bientôt son ambition portuaire et maritime et nous aurons la légitimité de défendre valablement comme il l’a fait dans le ferroviaire, comme il l’a fait dans l’autoroutier, il le fera aussi dans le portuaire et le maritime.»
Ce qui frustrait les impactés…
La construction de ce port impacte quatre communes principalement : Dias, Yenne, Toubab Dialaw et Ndayane. Les recensements, déclare l’adjointe au maire de Rufisque Ndeye Bintou Thiam, ont nécessité «la convocation par la suite les Pap, (Plan d’action prioritaires) des personnes affectées par le projet pour qu’on puisse concilier avec eux. Au début c’était un peu difficile avec les réticences. Certaines personnes affectées par le projet ( pap) ne se considéraient pas comme impactées, d’autres par contre jugeaient insuffisant le montant proposé. Mais par la grâce de Dieu avec l’appui de nos collaborateurs toujours en rapport avec le port et le ministre du budget, on a pu vraiment avoir des accords. Donc au début, on avait convoqué une réunion d’harmonisation avec le préfet de Mbour pour revoir un peu le barème. Par la suite, il y avait un accompagnement social.»
Dans le cadre de l’indemnisation sur le foncier pour les terrains se trouvant sur le domaine national ou sur le domaine public maritime, Mme Thiam rappelle «qu’il n’y a pas d’immunisation qui est prévue. Mais par la suite, compte tenu quand même des exigences sociales, on a jugé nécessaire de proposer un accompagnement social pour alléger un peu les pertes et en tout cas permettre aux Paps, (Personnes affectées par le projet) de pouvoir avoir une indemnisation afin de déménager et avoir quelque chose. Finalement, on a pu convaincre toutes les Paps et sur les 45 Paps de la phase prioritaire on a pu avoir l’accord des 40 Paps pour le moment il ne reste que 5 Paps qui devront passer en conciliation pour qu’on puisse finaliser la phase prioritaire.» En attendant, les engins vrombissent, démolissent, pour enfin tout raser…
Ameth Seck