A Dakar, la flambée des prix affecte le commerce des dattes
La datte est consommée en grande quantité durant cette période de ramadan mais le marché de ladite denrée est confronté à plusieurs difficultés, à la hausse des prix notamment, a constaté l’APS, à Dakar
Cette denrée alimentaire, l’une des friandises dont se régalent les musulmans à la rupture du jeûne, est importée des pays du Moyen-Orient et du Maghreb. Dans les boutiques et les marchés dakarois, la datte, réputée pour son goût sucré, n’échappe pas à la hausse généralisée des prix.
Le marché aux fruits de la rue Sandiniery, à Dakar, est bien approvisionné en dattes durant le ramadan. La denrée est emballée dans des cartons et dans des sachets en plastique.
Modou est venu s’approvisionner auprès d’un vendeur peu flexible sur les tarifs. ‘’Il y a eu une augmentation des prix. Etant musulman, j’essaie de faire avec. On ne peut pas se plaindre parce que la consommation des dattes ne s’arrête qu’au ramadan, en ce qui me concerne’’, dit Modou, très compréhensif.
Son fournisseur, un sexagénaire, affirme bien connaître le commerce des dattes, qu’il pratique depuis un quart de siècle. ‘’Cette année, il y a une hausse des prix à cause d’un approvisionnement tardif du marché’’, dit-il en montrant du doigt des cartons de dattes importées de la Tunisie.
‘’Les cartons coûtent 10.000 francs CFA l’unité, sur le marché local. Il y a quelques années seulement, le carton [de quatre à cinq kilos] coûtait 6.000, voire 7.000 francs CFA […] Dès que la denrée se raréfie, les prix commencent naturellement à monter’’, ajoute le fournisseur de Modou.
Les dattes vendues au Sénégal proviennent essentiellement d’Algérie, de la Tunisie, des Emirats Arabes Unis et d’autres pays du Maghreb et du Moyen-Orient, confirme Salia Coulibaly, un commerçant malien officiant à Dakar depuis plusieurs années.
Au Marché malien, un centre commercial niché près de la gare de Dakar, M. Coulibaly vend au moins quatre espèces de dattes. Une petite quantité de sa marchandise est importée de son pays, lequel, selon lui, est un petit exportateur de dattes. ‘’Nous vendons quatre qualités de dattes : les sèches, les rouges, les sucrées et les grosses dattes. Elles viennent essentiellement du Maghreb. Le Mali en produit très peu’’, explique-t-il.
Les étals du commerçant Abdou Ba, sur la rue Sandiniery, croulent sous le poids de dattes de différentes marques, dont la Mosco, qui est importée d’Algérie.
Les prix ont flambé cette année, selon M. Ba. Un carton qui coûtait 25.000 francs CFA l’année dernière lui revient maintenant à 32.000, ce qui, déplore le commerçant, réduit considérablement le bénéfice qu’il peut en tirer.
‘’Ce carton de quatre kilos, je l’ai acheté à 6.500 francs CFA. Je le revends à 7.000 francs, pour un bénéfice de 500 francs seulement’’, dit-il, jugeant le commerce des dattes très peu juteux.
Selon Salia Coulibaly, les importations de dattes en provenance du Mali sont très coûteuses maintenant parce qu’elles sont transportées par des camions. ‘’Le transport par voie ferroviaire était beaucoup plus avantageux’’, se souvient-il, tout nostalgique de la circulation des biens par le train, entre le Mali et le Sénégal.
‘’Les dattes, j’en importe 150 à 200 tonnes par an. Lorsqu’il était possible de les acheminer du Mali par la voie ferroviaire, j’en faisais venir un millier de tonnes au Sénégal. Et des gens venaient de toutes les régions du Sénégal pour s’approvisionner’’, se rappelle Salia Coulibaly.
Peu importe le niveau des prix…
Au Marché malien, les dattes sont vendues en gros – le plus gros sac pèse 80 kilos – comme au détail, à raison de 1.200 francs CFA le kilo.
Avec les cartons de dattes en provenance des Emirats Arabes Unis, les commerçants dakarois faisaient de bonnes affaires, car ils pouvaient en écouler par dizaines au quotidien, à raison d’un bénéfice de 2.000 francs CFA pour l’unité, rappelle Salia Coulibaly.
Selon lui, le volume du commerce des dattes se rétrécit au fur et mesure que le ramadan tire à sa fin. ‘’Les gens en achètent beaucoup pour leur propre consommation et pour en offrir à leurs proches. Mais plus le ramadan avance, plus les gens délaissent les dattes pour s’occuper des préparatifs de l’Aïd al-Fitr (la fête marquant la fin du ramadan), ce qui entraîne une forte baisse des bénéfices’’, explique M. Coulibaly.
Les vendeurs de dattes du marché des HLM 5 de Dakar aussi se désolent de la hausse des prix. ‘’Cette année, il y a eu une légère augmentation des prix de certaines dattes’’, reconnaît Ousmane Diop.
Peu importe le niveau des prix pour Moussa Fall, qui est venu s’approvisionner au marché des HLM 5. ‘’Rompre le jeûne avec des dattes est une recommandation du prophète Mohamed. Quel qu’en soit le prix, nous allons en acheter. J’aurais bien aimé en acheter à des prix très abordables mais le marché nous impose quelquefois ses réalités’’, philosophe-t-il.
Pour Salia Coulibaly, qui exerce le métier de commerçant depuis plusieurs décennies à Dakar, la filière dattes s’est fortement répandue dans les villes du Sénégal. ‘’Des opérateurs économiques se trouvant en dehors de Dakar en importent sans passer par Dakar. Ils ne viennent pas s’approvisionner ici’’, dit-il, citant en guise d’exemple des commerçants basés à Touba (centre).
ABD/OID/ESF/ASG