Ali renversé par les militaires : Gabon sans Bongo ni trompette…

Pour la plupart des Gabonais, c’est une page qui se tourne après avoir été gouvernés pendant plus de 50 ans par la dynastie des Bongo. Longtemps dans l’intimité des Ondimba, et même serviteur des deux derniers présidents, Général Brice Oligui Nguema, qui a évincé Ali, est à la tête d’un Comité pour la transition et la restauration des institutions. Jusqu’à quand ? Personne ne sait. Ce qui est constant, c’est que l’épidémie des coups d’Etat s’étend à l’Afrique centrale.

Par Ousmane Sow – Au Gabon, c’est la fin de la dynastie des Bongo. Un changement de visage pour des Gabonais qui ont vécu pendant plus de 50 ans sous le règne de la vaste famille Ondimba. De père en fils. Il n’y aura pas de petit-fils. Car le Général Brice Oligui Nguema, chef de la Garde républicaine, l’unité d’élite de l’Armée gabonaise, est le nouveau chef d’Etat après avoir déposé Ali Bongo, 64 ans, au pouvoir depuis 2009. Quelques heures après la publication des résultats qui ont donné le sortant vainqueur à plus de 64% pour un troisième mandat.

Cette chute du fils aîné de Omar Bongo a provoqué des scènes de liesse chez les Gabonais dont plus de la majorité de la population n’a pas connu autre chose. Désormais, il faudra faire avec Gl Nguema, qui a été dans l’intimité des Bongo pendant des décennies. Fils d’officier, formé à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc, il a même été l’un des aides de camp de Omar Bongo, l’ancien Président et père du chef de l’Etat actuel jusqu’à sa disparition en juin 2009.

«Le Général Oligui Nguema Brice a été désigné à l’unanimité président du Comité pour la transition et la restauration des institutions, président de la Transition», a déclaré un officier à la télévision Gabon 24, en présence de dizaines d’officiers supérieurs et généraux qui représentent tous les corps de l’Armée gabonaise. La durée de la Transition des militaires au pouvoir n’a pas été précisée. Les putschistes maintiennent le couvre-feu «jusqu’à nouvel ordre», instauré il y a quatre jours par le pouvoir du Président déchu «pour préserver le calme». «Dès demain (aujourd’hui), les Gabonais pourront à nouveau librement vaquer à leurs occupations entre 6h et 18h. La restriction de circulation reste en vigueur de 18h à 6h du matin jusqu’à nouvel ordre», assure l’officier supérieur. Le Général Oligui Nguema «ordonne la reconnexion de la fibre optique et le rétablissement des chaînes radios télévisées internationales». Il espère «que c’est enfin notre essor vers la félicité».

Le Président déchu, Ali Bongo, «gardé en résidence surveillée»
Selon le Comité pour la transition et la restauration des institutions (Ctri), le Président Ali Bongo «est gardé en résidence surveillée. Il est entouré de sa famille et de ses médecins». Ils affirmaient que plusieurs arrestations ont, par ailleurs, eu lieu dans l’entourage de Ali Bongo, notamment celle de son fils, Noureddin Valentin, et Ian Ghislain Ngoulou, ex-directeur de Cabinet de Noureddin Bongo. Ils sont mis en cause notamment pour «haute trahison contre les institutions de l’Etat», «détournement massif de deniers publics» ou encore «falsification de la signature du président de la République», explique Rfi.

Pour l’Afrique, c’est une épidémie de coups d’Etat qui s’étend à l’Afrique centrale après avoir débuté dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest, où des démons dansent sur des institutions républicaines.