Présidentielle 2024 Avril, le mois de la vérité : Qui participera, qui ne participera pas?

Présidentielle 2024 Avril, le mois de la vérité : Qui participera, qui ne participera pas?

La présidentielle approche et aucune des grosses pointures n’a, visiblement, pas les bonnes en cartes en main, pour briguer les suffrages en 2024. Mais, il reste qu’en ce mois d’avril, quasiment tous les destins seront scellés. Macky Sall devra forcément se décider, Idrissa Seck aussi. Le PM Amadou Bâ a une bonne carte à jouer, même s’il se complaît à être derrière Macky Sall. Le duo Karim Wade-Khalifa Sall ligoté par une hypothétique amnistie n’est pas sorti de l’auberge, tout comme Barthélémy Dias. Ousmane Sonko scrute le ciel, lui doit faire face à un appel imminent et un autre procès.

A force de reculer l’échéance, le président Macky Sall se trouve désormais dos au mur. Il ne devrait normalement pas enjamber ce mois d’avril sans laisser onduler la fumée blanche (?) tant attendue. Les effluves annonciateurs de son enrôlement ou non à la future présidentielle tardent, en effet, à sortir. Le discours du 3 avril, veille de la célébration de la fête de l’indépendance, n’en a pipé mot. Le suspense grossit. Il en a été ainsi en décembre dernier. Réunis en séminaire les 23 et 24 décembre derniers dans un hôtel de la place, les leaders des partis membres de BBY à l’exception notoire d’Idrissa Seck, président de Rewmi et président du Conseil économique, social et environnemental, n’ont pas franchi le Rubicon. « Notre majorité Benno tient au strict respect du libre choix de son leader, le Président Macky Sall, par rapport à l’échéance décisive de la présidentielle de 2024 », pouvait-on lire dans le document sanctionnant les travaux. Une façon de filer la patate chaude au Président Macky Sall, toujours adossé au « ni oui, ni non », à la question de savoir s’il serait candidat en 2024. Le séminaire qu’on croyait sur le point d’annoncer avec fracas la nouvelle s’est finalement débinée laissant toujours l’initiative à Macky Sall. Il n’est vraisemblablement plus possible, pour le chef de l’Etat de laisser s’écouler tranquillement le temps. L’étau des pressions se resserre contre lui.

Son allié Idrissa Seck multiplie les louvoiements. Au conseil des ministres de Thiès, il a clairement conseillé à Macky Sall de sortir par la grande porte et de graver, dans l’Histoire, son nom en lettres d’or. Une invite limpide à ne pas tenter le troisième mandat. Il s’y ajoute la pression de « Jamm gën 3ème mandat », de la société et une bonne frange de l’opposition prête à en découdre avec le chef de l’Etat et sa coalition s’il décide de faire composter son ticket pour la présidentielle. A Benno Bokk Yaakaar, tous les leaders ont quasiment laissé entendre ne pas avoir de candidat autre que Macky Sall. Néanmoins, certains entrevoient la possibilité pour le Premier ministre de porter « les espoirs » de Bby.

Qu’on le dise ou pas, la candidature du PM Amadou Bâ se précise de plus en plus. « Sa candidature s’imposerait à nous si le chef de l’Etat jette l’éponge », analyse un cacique qui a souhaité garder son identité. « On est, certes, en coalition, mais ce serait difficile d’aller chercher un candidat hors des rangs de l’Alliance pour la République (Apr) », renchérit le même interlocuteur. Mais, visiblement peu téméraire et très peu porté vers des actions d’éclat, Amadou Bâ se sent plus à l’aise dans une posture de poulain du chef de l’Etat en 2024. Il a même affirmé au meeting de Ndiafatte que le candidat c’est Macky Sall. Nombre d’observateurs estiment, en effet, que le PM redoute, en cas de rébellion contre son mentor, l’impitoyable machine à broyer de l’adversaire du camp présidentiel. « S’il déclare sa candidature en dehors de la coalition Benno Bokk Yaakaar, ce sera tout de suite la chasse aux sorcières », prévient un autre cacique de l’Apr ayant requis l’anonymat. « Pour preuve, poursuit-il, chassé du gouvernement pendant deux ans, Amadou Bâ n’a jamais posé un acte qui déplaît au Macky Sall ». A l’évidence, la couverture de Macky Sall rassure le PM.

Le temps s’accélère aussi dans le camp de Rewmi, parti allié au chef de l’Etat. Comme en témoigne l’épisode Yankhoba Diatara survenu en début de semaine. Le ministre des sports qui avait clairement affirmé la possibilité pour Macky Sall de candidater en 2024 a été aussitôt limogé de la vice-présidence de Rewmi par Idrissa Seck lui-même. Le président de Rewmi avait émis auparavant deux signes indiquant sa volonté de briguer les suffrages à la présidentielle de 2024. Au cours d’une rencontre avec son staff politique, il avait laissé entendre avoir été directeur de campagne de Wade à l’âge de 29 ans. A cela, s’ajoutent ses présidentielles (2007 et 2019) où il est classé 2ème. Une façon de dire qu’il était le meilleur candidat à la candidature à Bby. Et récemment, même s’il l’a effacé ensuite, Idrissa Seck a indiqué à la jeunesse vouloir leur donner la coupe du monde après les quatre coupes d’Afrique de Macky Sall. Idy n’a encore rien dit de clair au sujet de sa candidature, mais le temps joue contre lui. Car, il multiplie les maladresses comme cette déclaration à la presse annulée sans en donner les raisons. L’opinion est, en effet, en train de lui (re) construire l’image fatale d’un adepte des yoyos.

Au sujet du duo Karim Wade-Khalifa Sall, ce mois d’avril passe aussi pour crucial. L’amnistie promise par le chef de l’Etat n’est pas toujours actée. Même si le rédacteur du texte, le professeur Ismaïla Madior Fall, ministre de la Justice, dit avoir transmis le projet à Macky Sall. Karim Wade, comme on le sait demande « la lune ». Il tient à un autre procès qui laverait de toute faute à propos des « biens mal acquis » pour lesquels il avait été condamné à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d’amende pour enrichissement illicite. Si finalement Macky Sall renonce à l’amnistie, les candidatures de Khalifa et Karim Wade tombent à l’eau ouvrant la porte au maire de Dakar Barthélémy Dias.

Seulement voilà, le maire de Dakar avait été jugé des chefs d’inculpation de coups et blessures volontaires, de coup mortel et détention d’armes sans autorisation administrative. Il avait été condamné en première instance à deux ans de prison dont six mois ferme pour coup mortel. Un verdict confirmé par la Cour d’appel qui pourrait compromettre le statut de maire et de député de Dias. 

 Le temps presse, enfin, pour Ousmane Sonko, opposant le plus coriace de Macky Sall. Et ce mois d’avril est décisif pour le leader de Pastef. Jugé le 30 dernier pour diffamation dans le procès qui l’oppose à Mame Mbaye Niang, Sonko avait été condamné à une peine de deux mois assortie du sursis et à 200 millions de FCFA de dommages et intérêts. Le verdict le met pour le moment à l’abri de l’inéligibilité. Car, le procureur qui avait requis deux ans dont un ferme a interjeté appel. Une action qui pourrait corser la peine et écarter Ousmane Sonko de la Présidentielle. Au regard de l’accélération du dossier, les avocats de Sonko craignent que la justice soit sur commande destinée à l’éliminer de la course.  

Comme on le voit, les principaux candidats déclarés ou non à la présidentielle jouent leur avenir en ce mois d’avril. Et le plus cocasse est que personne n’a les bonnes cartes en main pour 2024. Une chose semble certaine, les jeunes sont fortement mobilisés devant les commissions de révisions des listes électorales.      

Rachid BARRO

Amadeus

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