Gestion des projets contre l’émigration : Un problème des fonds

Gestion des projets contre l’émigration : Un problème des fonds

Combien de milliards ont été injectés dans la lutte contre les migrations irrégulières ? Personne ne sait sans doute, mais l’Etat a promis une reddition des comptes pour améliorer la gouvernance du secteur, qui attire plusieurs acteurs et partenaires.

Avec le projet Gouvernance, migration et développement (Gmd), l’Etat voulait améliorer la gestion du secteur qui capte beaucoup d’argent. L’objectif recherché est de trouver des subventions aux acteurs de la migration en vue d’améliorer la communication sur la question migratoire. Une idée concrétisée par la remise des fonds régionaux et nationaux aux acteurs de la migration, aux migrants de retour et aux potentiels migrants, avoisinant le milliard de F Cfa. Cette semaine, vingt organisations ont reçu des chèques variant entre trois et quinze millions. «Ces subventions entrent ainsi en droite ligne de la territorialisation des politiques publiques comme voulue par M. le président de la République», indique Mme Annette Seck Ndiaye.

D’après la ministre auprès de la ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, chargée des Sénégalais de l’extérieur, l’octroi de ces fonds a suivi une procédure bien définie par un comité de sélection, afin de permettre aux bénéficiaires de contribuer, à leur manière et à leur niveau, à la gouvernance de la migration. «Ils vont permettre de financer une soixantaine de micro-projets par région, pour des montants allant de 2 à 5 millions pour des projets individuels, entre 5 et 10 millions pour des projets dits de consolidation et jusqu’à 15 millions pour les projets collectifs. Quant aux fonds nationaux, ils sont destinés aux associations de mi­grants ou groupements de la Société civile qui s’investissent dans la promotion de la thématique Migration-développement», précise l’ex-directrice de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna). D’après toujours la chargée des Sénégalais de l’extérieur, «les fonds régionaux sont destinés à financer le démarrage ou le renforcement d’activités productives (start-up) individuelles ou collectives. Ainsi, les migrants de retour et de potentiels migrants pourront s’activer dans des secteurs tels que l’agriculture, l’artisanat et les services». Dans le même sillage, «ces fonds peuvent ainsi financer des études, enquêtes et sondages ou des formations ou sensibilisations sur les questions migratoires».

Elle précise néanmoins : «Il y aura un suivi, une évaluation et une reddition des comptes. Car, même si ce sont des subventions, ces fonds n’en demeurent pas moins soumis aux règles de contrôle et d’évaluation applicables aux politiques publi­ques. J’engage l’Unité de gestion du projet à y veiller particulièrement.» C’est une promesse faite aux partenaires du Sénégal, notamment les bail­leurs qui mettent des milliards dans la lutte contre les migrations irrégulières. Parallèle­ment à l’Union européenne, un partenariat est né entre l’Espagne et le Sénégal en vue «d’un projet commun de migration circulaire dont la phase concrète a commencé depuis quelques semaines avec la finalisation de la sélection de travailleurs saisonniers sénégalais en Espagne».

Il faut savoir que les financements sur les migrations sont colossaux. Par exemple, l’Union européenne, à travers son Fonds fiduciaire d’urgence, a financé depuis 2016, au moins «18 programmes dont 10 nationaux et 8 régionaux, pour un montant total de 198 millions d’euros, soit près de 130 milliards de francs Cfa. Plusieurs organismes de défense des migrants se sont interrogés sur la destination de cet argent, soupçonnant même des détournements des fonds alloués dans la lutte contre l’émigration irrégulière».
justin@lequotidien.sn

Amadeus

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