Bonnes feuilles du livre de Dr Bousso : « c’était un partage de gâteau, il fallait acheter à tout prix et n’importe quoi »
Les pyjamas font du bruit. Mais « Sur les vagues de la Covid-19 », révèle des vagues d’incohérences, de gestion calamiteuse de l’argent des fonds Covid-19… Ces cas graves détectés par Dr Abdoulaye Bousso sont loin d’être exhaustifs. L’ancien directeur du Centre d’opérations d’urgence sanitaire du Sénégal (COUS) explique dans ce passage comme l’argent était dilapidé de façon incohérente entre les différents services du Ministère de la Santé.
« Beaucoup de ressources ont été mises à disposition par l’Etat, les privés et les partenaires. Cela devait être une opportunité de vraiment renforcer les capacités de notre système de santé à faire face aux prochains événements de santé publique. A la fin, je ne suis pas sûr que l’objectif ait été atteint.
Le manque de coordination ou peut-être la volonté de créer une cacophonie dans la réponse me semblait quelquefois volontaire. Il n’y avait aucune concertation ni aucune consultation sur nos besoins en tant que groupe opérationnel qui pilotaient les centres de traitement. Ayant les données épidémiologiques sur tout le pays, les capacités des CTE et donc les besoins éventuels, nous étions les mieux placés pour orienter les commandes. Nous étions dans une frénésie d’achats compulsifs, apparemment, il fallait acheter, acheter à tout prix et n’importe quoi. L’argent était disponible et il fallait le consommer. La rationalisation des ressources ne semblait pas être l’objectif premier.
Il y a eu à un moment le débat sur la responsabilité de la pharmacie nationale d’approvisionnement (PNA) de commander les produits pour la riposte. Quand on a eu une structure de cette envergure, expérimentée, responsable de l’approvisionnement de tout le pays en produits de médicament en temps de paix, il est quand même normal qu’on se pose des questions sur sa mise en touche pendant une situation d’urgence. De grandes leçons doivent être tirées dans la gestion des fonds Covid au niveau du ministère de la santé. L’esprit de vouloir servir chaque Direction était à mon avis inapproprié.
On avait l’impression que c’était un partage du gâteau et qu’il fallait servir tout le monde, faire plaisir à tout le monde. Chacun y allait avec son programme d’activité à financer ne tenant aucun compte de la cohérence des interventions et des activités des structures de coordination mises en place. Il faudra veiller à ce que toutes les activités soient pilotées par les structures de coordination de la riposte. »
Emedia