Séisme au Maroc: à Marrakech, solidarité et dévouement au cœur des services d’urgence
Partout au Maroc, la solidarité s’organise après le séisme meurtrier du 8 septembre. Les urgences du CHU de Marrakech ne connaissent aucun répit. La mobilisation y est générale : médecins, infirmiers, aides-soignants, ambulanciers… Personne ne compte ses heures face à l’afflux des blessés. Le centre régional de transfusion sanguine, lui, ne désemplit pas.
Docteur en médecine interne au CHU de Marrakech, Soukaina Yassine dresse un premier bilan après le terrible séisme qui a meurtri le Maroc dans la nuit du 8 au 9 septembre. « Au début, on était vraiment sous pression. Les urgences étaient saturées. Les blessés arrivaient dans une situation critique. On les stabilisait au déchoquage et, si nécessaire, on les admettait au bloc. Les blessés continuent à arriver mais la situation est moins tendue que ces dernières 48 heures », explique-t-elle.
Ambulancier, Abdelwahab étaient de garde la nuit où la terre a tremblé. Il confie : « Jusqu’à présent, je n’ai pas arrêté. C’est comme ça. Ce qui me le plus mal, c’est chaque patient que vous transportez a perdu au moins deux ou trois personnes de sa famille. Ces gens-là sont dans un état inimaginable. Ils ont besoin d’aide, que l’on soit là. »
Un désarroi que partage par Soukaina Yassine : « Il y a des enfants aux urgences de la maternité qui sont aujourd’hui sans famille. Leurs deux parents sont morts et ils sont abandonnés seuls à leur sort… C’est trop dur. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise.. Ça fait très mal, vraiment. »
L’interne n’en dira pas plus. Le ballet des ambulances a repris, sous le regard fatigué des familles qui campent depuis deux jours devant les urgences.
« C’est ça, l’hospitalité marocaine »
Au centre régional du don du sang, l’activité est intense. L’endroit a à peine ouvert ses portes que les personnes venues donner leur sang sont déjà nombreuses. L’infirmière appelle déjà les porteurs des numéro 141 à 145. Le docteur Amine n’en revient pas de l’affluence :
« Hamdoulilah, Dieu merci, l’hospitalité marocaine, c’est ça. On a tout le monde qui s’est mobilisé pour sauver des vies, avec des malades chroniques, des gens âgées, des gens qui ont été opérés il n’y a même pas six mois… Des gens qu’on va refuser et qui veulent donner leur sang, ils sont venus ! »
Infirmière à Paris, Nadia a interrompu ses vacances pour venir aider : « On va faire tout ce qui est traçabilité, donc on va suivre l’infirmière qui va piquer, on va prendre les étiquettes, vérifier l’identité des patients et s’assurer que tout est bien étiqueté et prélever les tubes pour le bilan sanguin. »
À l’extérieur du bâtiment, des centaines de personnes attendent patiemment leur tour. Bénévole, Chaimaie, 20 ans, est là pour les guider : « Tout doit se dérouler dans le bon ordre pour qu’il n’y ait pas de problème. On organise les files. On vérifie que les gens ont bien pris leur petit-déjeuner. Si ce n’est pas le cas, on leur donne des dattes et de l’eau, et quand ils sont à l’intérieur, un petit-déjeuner plus consistant. On les installe ensuite pour qu’ils puissent donner leur sang. »
Malgré les heures d’attente sous un soleil de plomb, la file ne diminue pas.