Candidat de Benno : Un parcours sans des BA
Amadou Ba, qui n’a occupé que des postes stratégiques dans l’appareil d’Etat, est devenu rapidement un poids lourd du régime Sall, en dépit des observations sur son adhésion tardive au parti présidentiel. A 61 ans, son choix comme candidat de Benno à la Présidentielle de 2024 était devenu une évidence qui confirme qu’il était le dauphin choisi depuis 2019.
Dans son livre Macky Sall, derrière le masque, Madiambal Diagne révèle que le Premier ministre a été choisi depuis 2019 comme le futur successeur du chef de l’Etat. Bien sûr, le parcours du candidat choisi par Benno, au cœur du pouvoir de Sall, corrobore amplement cette révélation du journaliste. Après l’échec de Amadou Kane au ministère de l’Economie et des finances, qui était en duo avec Abdoulaye Daouda Diallo, chargé du Budget, le Président Sall entreprend de changer de logiciel en incorporant dans son gouvernement de nouvelles personnalités technocrates pour booster sa gouvernance. En 2013, Amadou Ba entre en force dans le gouvernement : ministre de l’Economie, des finances et du plan. A son accession au pouvoir, le Président Sall l’avait trouvé à la tête de la Direction générale des impôts et domaines (Dgid). Il l’y a laissé alors qu’il était entouré d’une brochette d’inspecteurs des impôts et domaines qui l’ont soutenu jusqu’au pinacle. En règle générale pourtant, les premiers décrets de nomination frappent les administrations fiscales et portuaires, qui sont les sèves nourricières de l’Etat. Même si des intentions de le faire changer étaient réelles, Macky Sall s’est finalement abstenu de prendre cette voie. Bien lui en a pris.
On est à l’aube du Plan Sénégal émergent (Pse) dont il devient l’un des architectes avec la tenue du premier groupe consultatif de Paris, qui a permis au pays de récolter plusieurs centaines de milliards pour son financement. Après avoir pris la carte de membre de l’Apr en 2016, Ba réussit à faire gagner la coalition présidentielle en tant que tête de liste de Benno à Dakar. Il ne siégera pas à l’Assemblée nationale, mais il finit comme l’un des piliers du premier mandat de Macky Sall.
Réélu triomphalement, le Président Sall décide de donner à son quinquennat une nouvelle orientation.
Il change de musique, démembre le Mef qui avait trop de pouvoir à ses yeux, surtout que la Primature a été sortie de l’architecture institutionnelle. Amadou Ba va devoir céder son fauteuil à Abdoulaye Daouda Diallo, qui hérite du ministère des Finances et du budget. Amadou Hott prend la partie qui reste : ministère de l’Economie et de la coopération. On propose à Amadou Ba le ministère du Pétrole qu’il décline, puis accepte de rejoindre la Place de l’Indépendance où siège le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Tout le monde le constate : son enthousiasme à devenir le chef de la diplomatie sénégalaise n’est pas débordant. Or, cela reste un poste stratégique, mais il y est allé à reculons, comme s’il s’agissait d’un purgatoire. Pourtant, le vrai n’était pas loin.
En novembre 2020, le Président Sall, contre toute attente, décide de retoucher en profondeur son gouvernement. Il y a des départs qui sont perçus comme un coup de tonnerre, car il se sépare des identités remarquables de son pouvoir comme Aly Ngouille Ndiaye, Oumar Youm, Mouhamadou Makhtar Cissé et bien sûr Amadou Ba, remplacé par Aïssata Tall Sall. Pendant plusieurs mois, ce dernier vit en marge du régime Sall. On lui prête une volonté de s’affranchir de Macky. Il est poussé à la rébellion par certains qui lui prédisent déjà un destin présidentiel, surtout qu’il n’est même pas choisi pour diriger la liste de Dakar aux Locales et aux Législatives de 2022.
Guidé par son étoile, Amadou Ba réussit à trouver des ressources pour supporter cette traversée du désert : il y a la patience et la discipline qui lui ont permis de retourner dans le giron présidentiel. Comme un Phénix, il renaît de ses cendres. Après la victoire à la Pyrrhus des Législatives de Benno, le Président Sall se tourne vers lui pour devenir le chef du gouvernement, après que la Primature a été ressuscitée. Il est placé en septembre 2022, à la tête d’une équipe «de défi et de combat» de 38 membres dont 8 femmes. Puis désigné enfin, comme candidat de Benno pour la Présidentielle de 2024. Un parcours prédestiné en 2024 ? Peu de raisons d’en douter !
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