Sénégal: La «République des inspecteurs des impôts» ?
Les inspecteurs des impôts et domaines ont envahi le champ politique. A des échelons différents, ils tentent de se frayer un passage dans le milieu très ingrat de la politique. Certains d’entre eux peuvent aujourd’hui légitimement rêver de déménager à l’Avenue Léopold Sédar Senghor. D’ailleurs, pour la Présidentielle 2024, cinq sont déjà en lice.
Pour la présidentielle de 2024 cinq ont déjà déclaré leur candidature. Il s’agit de Amadou Bâ Abdoulaye Daouda Diallo Mame Boye Diao, et Birima Mangara et Ousmane Sonko. Coincidence ou désir d’affirmation d’une élite ? Si on interroge l’histoire récente, on se rend compte que de grandes personnalités appartenant à ce corps d’élite se sont engagées dans la politique en adhérant au parti au pouvoir. Dans ce lot figuraient de grands noms tels que Malick Sy Souris, Abdoulaye Chimère Diaw qui était le premier Directeur des impôts et domaines noir au Sénégal qui a été maire de Saint-Louis, et Lamine Diack, ancien maire de Dakar qui ont marqué la marche de ce pays. L’engagement des inspecteurs des impôts n’est donc pas un phénomène nouveau.
Naturellement, le « Macky » compte ses inspecteurs d’impôts et domaines. Ce qui sonne comme une nouveauté est l’appartenance des inspecteurs d’impôts et domaines à l’opposition. Le cas le plus éloquent est Pastef dirigé par Ousmane Sonko et assisté de Birame Souley Diop et Bassirou Diomaye Faye , tous de ce corps d’élite. Il n’est pas exagéré de soutenir que Pastef est le réceptacle de bon nombre d’inspecteurs des impôts qui veulent faire de la politique. Pourquoi ce régiment d’inspecteurs des impôts et des domaines dans la sphère politique ? Coincidence ou volonté de prendre le pouvoir ? Une coïncidence selon l’économiste Mor Gassama interrogé par Seneweb pour qui le plus important est le programme qu’ils vont mettre en place ; « c’est une pure coïncidence. Que ca soit un inspecteur des domaines, prof d’Université ou autres, le plus important est le bon programme économique et social qu’il va proposer et dérouler une fois élu », fait remarquer l’enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop.
Quête du pouvoir…
« Corps d’élite de l’administration sénégalaise, la Direction générale des impôts et des domaines est un département du Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, maître d’oeuvre des politiques fiscale, domaniale et cadastrale. A ce titre, elle assure l’assiette, le contrôle, la liquidation et le recouvrement des impôts, droits et taxes, ainsi que les missions d’appui technique au plan cadastral, domanial et foncier », écrivait le Directeur général Bassirou Samba Niasse dans les colonnes deSénégal 7. « Bref, la DGID est une des mamelles nourricières de l’Etat du Sénégal dont elle contribue en grande partie à renflouer les caisses. Seulement, des fonctionnaires de l’institution semblent de plus en plus attirés par les lambris dorés du pouvoir et ne voudraient plus se contenter de « rassembler » les impôts pour le compte de l’Etat. Ces inspecteurs caresseraient l’ambition d’en tenir les rênes », retient le chroniqueur de Sénégal 7.
Veulent-ils prendre leur revanche sur les administrateurs civils ?
Ces inspecteurs des impôts et domaines veulent –ils prendre leur revanche face aux administrateurs civils avec qui ils partagent l’ ENA qui ont eu à diriger ce pays et sont présents en grand nombre dans l’administration et aux postes politiques. Ils se sont rendu compte que beaucoup de leurs camarades énarques qui ont été dans la vie politique active ont eu à occuper des fonctions enviables. En tout état de cause, sous l’ère Senghor et Diouf, les administrateurs civils ont toujours été aux avant-postes coiffant même au poteau leurs camarades des impôts et domaines. Une révolution se serait-elle en train de s’opérer ?
Tout compte fait, ces cinq candidats tous des inspecteurs des impôts et domaines qui se sont déclarés pourront-ils tenir le pari ? Là est la question…