Le Burkina, Mali et Niger mettent en place l’Alliance des États du Sahel (AES)
C’est une étape dans l’histoire naissante des trois juntes qui ont récemment pris le pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Ce samedi 16 septembre, les chefs militaires de chaque pays, le colonel Goïta, le capitaine Traoré et le général Tiani, ont signé la Charte du Liptako-Gourma.
Les trois États promettent ainsi de s’entraider en cas d’atteinte à la souveraineté et l’intégrité de leur territoire. Le but est de créer une nouvelle entité, l’Alliance des États du Sahel, avec une mise en commune des systèmes de défense. En cas d’acte qui pourrait être considéré comme une agression, les autres membres devront apporter assistance et secours. Mais surtout, ils pourront employer la force armée « en cas de nécessité ».
La collaboration concerne aussi la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée, mais également les rébellions armées. S’il est dit que la voie pacifique est privilégiée, l’emploi de la force est là encore présenté comme une éventualité. Cette entraide vaut en cas d’attaque contre les forces de sécurité, les navires et les avions des États-membres, dans les pays membres, mais aussi à l’étranger.
Des manifestations pour le départ des forces françaises
Avec cette charte, les trois juntes cimentent un peu plus leur coopération. Le 31 juillet, elles avaient déjà refusé d’appliquer les sanctions de la Cédéao contre le Niger, les jugeant « illégales, illégitimes et inhumaines ». Les trois pays avaient averti qu’une intervention régionale armée serait considérée comme une déclaration de guerre. Le 24 août, Niamey avait même signé des ordonnances autorisant les militaires maliens et burkinabés à intervenir au Niger en cas d’agression.
Dans le même temps, des milliers de jeunes Nigériens soutenant la junte au pouvoir à Niamey ont de nouveau manifesté au carrefour de l’escadrille. Avec pour objectif de tenter de faire quitter les forces françaises du pays. La manifestation, organisée par le Comité de soutien aux putschistes, a d’abord pris la forme d’un rassemblement dans le centre-ville. Puis d’une marche en direction de l’aéroport, où se trouvent les forces militaires étrangères.
Sur le rond-point de l’escadrille, baptisé Place de la Résistance, des responsables de la société civile ont harangué la foule. Pancartes, banderoles, drapeaux nigériens, maliens, burkinabés et russes étaient de sortie et des drapeaux français ont été brûlés. Un représentant des étudiants a même demandé le départ de toutes les forces militaires étrangères, les décrivant comme « impérialistes ». Une allusion aux Américains, Allemands, Italiens et Belges. La manifestation devait se poursuivre jusque dans la nuit.