Le Sénégal : un paradis de paradoxes: A la loupe de Moussa Bodiel…
Le Sénégal est un pays bizarre. Voilà un pays où les paradigmes semblent inversés. On s’enorgueillit de faire confiance à nos institutions alors que dans toutes les sphères politiques, judiciaires, économiques et sociales, l’intervention des religieux est la bienvenue. Cette marque est bien sénégalaise. Moussa Bodiel à travers un post Facebook quelques paradoxes sur nos aspirations.
: « On réclame une justice indépendante, mais on a toujours souhaité l’intervention des guides religieux pour libérer un leader politique ». C’est le grand paradoxe que nous vivons dans notre pays. Cette contradiction est relevée par Moussa Bodiel. Ce dernier n’a pas tort. Si on interroge l’histoire de nos institutions judiciaires, il est fréquent de voir un religieux intervenir pour demander la libération d’un tel. Les cas les plus patents sont constitués de Karim Wade et de Khalifa Sall. Pour ces deux leaders, Serigne Sidy Mactar et Al Amine sont intervenus à maintes reprises pour demander leur libération. Mais cela a tardé à se faire. Récemment , dans l’emprisonnement de Sonko, des religieux ont entamé des médiations pour qu’ il obtienne la liberté provisoire.
Quand Abdoulaye Daouda Diallo s’est braqué contre le choix de Amadou Bâ, défiant le Président Macky Sall, les religieux de Médina Gounass se sont impliqués pour le ramener à de meilleurs sentiments.
Lors de l’incarcération de Cheikh Abdou Bara Dolly sous le coup de l’article 80, la haute hiérarchie de Touba a joué sa partition. A la veille du Grand Magal de Touba 2023, Serigne Mountakha Mbacké avait sollicité auprès du Président Macky Sall que les « Serigne Daara » en détention hument l’air de la liberté. Ce qui fut fait avec à la clé la libération de Serigne Assane Mbacké qui a purgé 8 mois de prison. C’est dire que les politiques et les religieux ont toujours fait bon ménage. Il s’y ajoute que comme le souligne Moussa Bodiel : « « On revendique une égalité des citoyens devant la loi, mais on esquive habilement le privilège auquel les hommes politiques ont droit en prison ». Cela semble être admis par tout le monde. Tous les VIP politiques au Sénégal ont passé leur séjour en prison dans des conditions commodes. Des noms reviennent à nos : Abdoulaye wade ; Abdoulazye bazthili landing Savané, Karim Wade, Idrissa Seck, Khalifa Sall., Barthélémy diaz, Me Amadou Sall ;;;; ont eu un séjour carcéral avec un minimum d’aisance . Ce n’est pas tout . Pour Moussa Bodial ; « On veut un espace public sain, mais on décrète une immunité politique pour les grands acteurs. D’indépendance à aujourd’hui, toute condamnation d’un leader politique est considérée comme un abus du pouvoir exécutif ». L’histoire du Sénégal est constellée d’acteurs politiques qui ont fait la prison. A chaque fois qu’un acteur politique est arrêté surtout quand il s’agit d’un opposant, ses partisans et ses souteneurs crient au complot et à l’acharnement. Pourtant, certains d’entre eux se distinguent par des dérives énormes. La stratégie des hommes politiques est de se « victimiser » quand ils ont à maille à partir avec la justice. Ils sont légion à tenter d’atteindre le cœur des Sénégalais. Ils ont la claire conscience que le Sénégal est la République d’émotifs. Dans cette panoplie de paradoxes, on peut relever ceci avec Moussa Bodiel : « On prétend plaider pour une séparation stricte des pouvoirs, mais on sollicite les guides religieux d’intervenir auprès du président pour libérer les prisonniers VIP ». Cela est d’une récurrence qui frise la raison. Combien de personnalités religieuses sont intervenues pour tenter de dissuader grève et au besoin essayer de le libérer en implorant le Chef de l’ Etat. Les justiciers au Sénégal éprouvent toutes les peines du monde à se défaire des sollicitations des guides religeux.Ce qui nous conduit à affirmer avec force : « On veut s’affranchir du pouvoir des guides religieux, mais on veut, contradictoirement, compter sur leur influence pour tordre la main à l’exécutif. Par cela, on accorde aux guides religieux une immunité due à leur statut…. »
Ainsi va le Sénégal de 1960 à 2023 où nos leaders cherchent dans le religieux une légitimité qu’ils n’ont pas dans le politique . Au rythme où vont les choses, il ne serait incongru de dire : « Force reste à la « foi » et non à la loi.