Éducation: Déficit d’enseignants, Mauvaise note dans les IA…
Cette année, les classes spéciales (multigrades et double-flux) vont pulluler dans l’Académie de Tambacounda à cause de l’important déficit d’enseignants. Selon les données fournies par l’Académie, il y a un gap de 657 enseignants à combler au niveau de tous les ordres d’enseignement, a expliqué Assane Mbengue, Secrétaire général de l’Ia de Tambacounda.
C’est une sérieuse alerte : le déficit d’enseignants dans la circonscription éducative de la région est énorme. Plus de six centaines, selon les informations fournies par le Secrétaire général de l’Ia. Selon Assane Mbengue, il manque 657 enseignants dans la région. «Cela, précise-t-il, au niveau de tous les ordres d’enseignement. Du préscolaire au secondaire. Ce qui fait qu’il va falloir recourir à plusieurs stratagèmes pour essayer de combler le gap. Même si cela peut s’avérer très compliqué, il faut nécessairement trouver des solutions à la situation.»
Que faire ? Il faudra recourir aux classes spéciales, qui demeurent la seule vraie solution. Alors que tout le monde pensait que cette situation est dépassée. Il sera difficile de combler le gap dans la région avec un besoin estimé à 657 enseignants. Enormissime ! Pis, au niveau de l’élémentaire, il n’y a pas de sortants dans les écoles de formation. Aucune cohorte n’est actuellement disponible. La vague qui doit être recrutée, n’a pas encore passé les tests d’entretien. Ce qui veut dire, de manière claire, qu’il n’y aura pas d’enseignants formés à mettre à la disposition des inspections de l’éducation et de la formation, à l’heure actuelle. Ce qui rend la situation davantage compliquée.
Les classes spéciales, la seule vraie alternative
Et c’est pourquoi l’alternative demeure inéluctablement les classes spéciales. Il va falloir recourir aux classes à double flux et aux classes multigrades. C’est-à-dire que pour le 1er cas, ce sont des classes où l’enseignant tiendra deux cohortes d’élèves de même niveau à des heures différentes. Normalement, ce sont deux classes, mais du fait du manque d’enseignants, toutes les 2 cohortes seront gérées par un seul enseignant. Ce qui aura un impact négatif sur le temps d’apprentissage (le quantum horaire). Car, au lieu de venir tous les jours, les potaches vont se partager les horaires de la semaine.
L’autre alternative reste les classes multigrades. A ce niveau, l’enseignant gère deux classes de niveaux différents dans le même bâtiment (un Ce1 et un Cm2 dans la même salle). «Ce qui est extrêmement difficile. Mais que faire dans ce contexte de rareté de maîtres ? C’est difficile, mais nous avons nos stratégies pour faire face à la situation», tente de rassurer le Sg de l’Ia.
Autre localité, même situation : Goudiry. Ce département du Boundou fait face aussi à un réel manque d’enseignants. L’inspecteur de l’Education et de la formation court après un gap de plus de 150 enseignants, au niveau de tous les ordres d’enseignement. Pour Bira Diongue Diagne, le manque d’enseignants, combiné à l’accès difficile de certains villages, constitue le goulot d’étranglement. «Et c’est pourquoi, dit-il, j’appelle de toutes mes forces à une correction de la situation. Goudiry est une zone de départ.» Chaque année, relève l’Ief, ce sont des dizaines d’enseignants qui quittent le département. «Et malheureusement, se désole-t-il, les arrivées sont très faibles. Peu d’enseignants demandent à venir à Goudiry, contrairement aux départs massifs.» Ce qui fait dire au maire de Koussan, une localité dans le département, que «Goudiry est une sorte de laboratoire, les enseignants s’y essaient et dès qu’ils ont la main, ils repartent». Mais que faire, s’interroge l’Ief. «La mutation du personnel est démocratique et très transparente. Mieux, c’est un droit pour tout enseignant qui remplit les conditions», dit-il.
Toutefois, s’est félicité l’inspecteur de l’Education, les collectivités territoriales dans le département de Goudiry font de gros efforts pour accompagner l’Inspection à combler le gap. Chaque année, depuis quelque temps maintenant, elles recrutent des moniteurs qu’elles mettent à la disposition de l’Inspection. N’eut été cela, le manque allait être beaucoup plus ressenti. «D’ailleurs, précise-t-il, sur les 157 enseignants qui manquent, il n’y est pas inclus les moniteurs pris en charge par des collectivités territoriales.» Ce qui fait qu’il a plaidé pour leur maintien au grand intérêt du système.
Le moyen et le secondaire ne sont pas épargnés. Dans les lycées et collèges, le déficit est criard. Si à l’élémentaire, la solution, c’est la ruée vers les classes spéciales, au moyen, l’on va recourir à la surcharge horaire. Les professeurs recevront des heures supplémentaires pour pouvoir combler le gap. Sinon, le problème restera entier. Et malheureusement, ce sont les élèves qui vont ressentir plus d’impact car le quantum horaire ne sera pas respecté. «L’Etat doit tout mettre en œuvre pour garantir une éducation de qualité aux enfants. Et cela ne passe que par un recrutement d’enseignants en nombre suffisant, la dotation de matériels pédagogiques et didactiques aux écoles et surtout le respect de ses engagements vis-à-vis des enseignants, entre autres conditionnalités», note un interlocuteur.
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