CANDIDAT DE BENNO EN 2024 Qui entre Amadou Bâ et Idrissa Seck ?
La présidentielle à Benno Bokk Yaakaar risque de se jouer entre le Premier ministre Amadou Bâ et le président du Conseil économique, social et environnemental, Idrissa Seck. Ce dernier a, certes, l’avantage d’être l’alter ego de Macky Sall et d’avoir, dans le plus grand secret, scellé un accord politique avec le chef de l’Etat. Idrissa Seck a, également un profil politique séduisant qui en fait un sérieux candidat à la candidature au sein de BBY. Il reste qu’Idy n’a plus son poids politique d’alors et qu’en plus, son choix pour porter les espoirs de BBY pourrait exploser la coalition. C’est en quoi la candidature du Premier ministre Amadou Bâ a vraisemblablement d’emporter la conviction de la coalition présidentielle. Bâ n’a de conflit connu avec personne. C’est un homme modéré, accommodant et porté vers le consensus. Et son carnet d’adresse dans les milieux maraboutiques est une carte décisive. Une nouvelle tempête s’installe au palais de la République. Qui, en effet, pour porter les espoirs de Benno Bokk Yaakaar à la Présidentielle de 2024 ? Parce qu’en dépit du tumulte autour de la candidature du chef de l’Etat, une surprise de dernière minute n’est plus à écarter. Il est bien à craindre, finalement, que Macky Sall jette l’éponge et déjoue tous les pronostics. Cette éventualité se précise de plus en plus au point que le plan B dont nombre de caciques s’esquintent à pilonner finit par s’imposer. Parmi les pourfendeurs de ce plan B figure en première place le député Farba Ngom. « Macky Sall n’a encore rien laissé filtrer sur sa volonté ou non de se présenter à l’élection de 2024, mais c’est notre candidat ! » Voilà ce que Farba (pour les intimes) martèle à longueur de plateaux de télévision. Le ministre en charge du PSE, Cheikh Kanté abonde dans le même sens : « Macky Sall est un leader charismatique, qui a la trempe, la carrure et l’expérience qu’il faut pour diriger ce pays, dans un contexte de recomposition géopolitique et géostratégique », a-t-il soutenu. Puis, il renchérit : « L’engagement et la passion militante, qui transparaissent dans mes propos, m’ont poussé à faire entendre ma voix, afin de convaincre le Président Macky Sall d’être le candidat de notre coalition pour 2024. Cela me semble tout à fait légitime ». Ce forcing n’y fait rien, Macky Sall devrait se résoudre, au regard des turbulences tragiques que sa candidature pourrait occasionner, à renoncer à la course pour le palais. Et que l’opposition associée à la société civile s’acharne sur une porte ouverte. Qui, alors, pour aller à la bataille des suffrages en 2024 ? La question est loin d’être pliée d’avance. Même si nombre de caciques de BBY avouent que la bataille se joue entre Idrissa Seck, président du Conseil économique, social et environnemental et le Premier ministre Amadou Bâ. Actes posés par Idy Idy est l’alter ego de Macky Sall. Le président du Cese a, en effet, été Premier ministre dirigé par Idrissa Seck sous Abdoulaye Wade. Ensuite, en 2012, dans la chasse des voix à l’entre-deux-tours de la Présidentielle, le candidat Macky Sall s’est rendu chez Seck, arrivé 4ème avec 5,73% des voix. En 2020, pour briser l’élan massif et solidaire de l’opposition, Macky Sall est parvenu à adjoindre Rewmi, le parti d’Idrissa Seck à BBY. Jusque-là, les termes de leur accord ne sont pas rendus publics. Le mystère reste total. Mais tous s’accordent à croire à un donnant-donnant. En clair, Idrissa Seck aurait eu, en retour, la promesse d’un soutien de Macky Sall pour briguer au nom de BBY les suffrages en 2024. Car, comment croire que le président de Rewmi a ruiné son édifice dans l’opposition pour un poste de président du Cese et deux ministères ? Personne n’en doute : Idrissa Seck est bel et bien candidat à la présidentielle de 2024. Il l’ a fait savoir hier lors d’un face à face avec la presse. Il en avait annoncé la couleur en limogeant Yankhoba Diatara de son poste de vice-président de Rewmi lorsque celui-ci a avoué sur un plateau de Sen TV la possibilité pour Macky Sall de briguer un 3ème mandat. Au conseil des ministres décentralisé de Thiès, Idrissa Seck a, dans une formule bien emballée, déconseillé à Macky Sall de candidater en 2024. Enfin, en rencontrant ses cadres, il s’est dépeint comme le plus expérimenté en dehors du chef de l’Etat. Directeur de campagne de Wade en 1988 à l’âge de 29, deux fois 2ème à la présidentielle, ministre sous Diouf et Premier ministre durant la première alternance, le patron de Rewmi surplombe toutes les candidatures à BBY. Ce profil est certes séduisant, mais il a très peu de chance de prospérer au sein de BBY. « La coalition pourrait voler en éclats si on nous impose la candidature d’Idrissa Seck », prévient ce cacique ayant requis l’anonymat. Le Parti socialiste (Ps) et l’Alliance des forces de progrès (Afp) qui avaient commencé à agiter l’idée de candidater pourrait se jeter à l’eau. Au sein même de l’Apr, de fortes voix pourraient torpiller le projet de faire d’Idrissa Seck le candidat de BBY. Amadou Bâ , un homme politique totalement effacé C’est en quoi nombreux sont ceux qui pensent qu’Amadou Bâ, l’ex-ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur pourrait faire l’affaire. Son pedigree politique est en deçà de celui d’Idrissa Seck. Car, Bâ est arrivé dans la lumière à la faveur de sa nomination comme Directeur général des Impôts en 2006. On ne lui connaissait guère, auparavant, une appartenance à une formation politique. Certes, Bâ, élève, étudiant, puis fonctionnaire sorti de l’ENA, a été encarté. Le bouillant campus de Cheikh Anta Diop où il a fait ses études jusqu’en maîtrise l’a connu comme étudiant socialiste. Nommé ministre de l’Economie et des Finances en septembre 2013, Amadou Bâ entre dans le gouvernement avec un solide capital confiance bâti à la DGID où il porte les recettes fiscales à 900 milliards de FCFA contre 830 milliards de FCFA en 2011. En quoi les partenaires sociaux et les bailleurs lui vouaient un respect jamais dissimulé. « Amadou Bâ est un interlocuteur crédible, avec qui on peut discuter », soulignait, alors, dans Jeune Afrique, Nicolas Soyere, secrétaire général du Conseil des investisseurs européens au Sénégal (Cies). Pondéré et courtois, Amadou Bâ passe pour un homme politique totalement effacé. Même à l’assemblée nationale où il devait parfois faire face au bouillant Ousmane Sonko, Amadou Bâ gardait le verbe modéré au point de laisser couler mille et une accusations sur sa supposée amitié avec le président de Pastef. Aux parcelles assainies où il a construit une base politique, Bâ garde le ton courtois contre ses détracteurs. On ne lui connaît aucun contentieux avec les groupes politiques qui siègent au Parlement. En plus, Amadou Bâ jouit d’un solide carnet d’adresses dans les milieux maraboutiques. Bâ contre Seck, voilà le combat qui profile à l’horizon. Le président Macky Sall attendrait-il qu’Idrissa Seck rompe de lui-même l’alliance dénommée « mbourou aka soow » pour se décider à placer Amadou Bâ au promontoire ? On peut bien se risquer à répondre par l’affirmative. Rachid BARRO |