Le report de la Présidentielle 2024 agitée: De quoi l’ Etat a-t-il peur ?

La présidentielle du 25 février 2024 sera la douzième depuis la première survenue le 1er décembre 1963 avec un seul candidat à l’époque, à savoir Léopold Sédar Senghor de l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS). Jamais dans l’histoire du pays, une présidentielle n’a été reportée. Depuis quelques temps, le report de la présidentielle de 2024 est agitée. Fait nouveau : c’est l’ Etat qui brandit le report par la voix de Souleymane Jules Diop. Les consciences s’interrogent.

« Je dis qu’il fallait envisager le report des élections. Apparemment, ce n’est pas ce que souhaite le Président de la République. A mon avis, pour le bien de ce pays, pour connaître de nouvelles avancées, le faire ne serait pas une mauvaise chose. Mais ce serait une Première. Je comprends le Président de la République, il ne veut pas être le premier sénégalais à reporter une élection présidentielle. Il ne veut pas qu’on lui dise vous aviez donné votre parole et vous êtes  en train de vous renier. Mais le Sénégal le vaut. Le bien du Sénégal vaut cela. De ce point de vue, je salue le courage de Boubacar Camara qui a osé poser le débat sur la table. A quelques mois de la Présidentielle, nous ne sommes pas prêts. Nous risquons de connaître des contestations, des convulsions, des difficultés, des mouvements des rues qui risquent de compromettre la sécurité de ce pays et peut-être sa défense ». Ces propos du ministre Souleymane Jules Diop laissent transparaître en filigranes des craintes qui justifieraient un éventuel report de la Présidentielle 2024. Très proche du Président du Chef de l’ Etat  , il préconise un report. Ne dit-on pas très souvent que le petit maure répète ce qu’ il a entendu sous la tente ?  Ce qui nous conduit à égrener un chapelet d’interrogations : Ya –t-il des raisons objectives de reporter les échéances électorales en 2024 ? Sommes- nous dans une crise politique profonde ? L’ Etat est –il prêt à organiser les élections à date échue ? Que redoute Souleymane Jules Diop ? Effectue-t-il une opération de sonde ? En tout état de cause, jusque-là, toutes les étapes du processus électoral ont été respectées même si des contestations fusent.

Interrogeons l’histoire

En interrogeant l’histoire politique de ce pays, on peut soutenir qu’aucune élection présidentielle n’ a  été reportée au SénégaL Malgré des troubles en 1963 et en 1968, les élections présidentielles n’ ont pas connu de report « Ces deux premières consultations présidentielles moins de dix ans après notre accession à l’indépendance, ont été influencées directement par les conditions d’obtention de notre indépendance d’une part et d’autre part, par la crise politique au sommet de l’Etat qui opposa le président du conseil de gouvernement Mamadou Dia et le président de la République Léopold Sédar Senghor »,  observait l’historien Mbaye Thiam.

C’est dire que ce pays a connu des moments de troubles intenses. Mais l’élection présidentielle a toujours eu lieu à date échue. Malgré les multiples arrestations de Me Wade en 88 et 93, les présidentielles ont été organisées. Celle du 28 février 1993 sera marquée par l’assassinat de Me Seye , vice-président du Conseil Constitutionnel. En février 2012, après une campagne électorale sur fond de troubles  avec de nombreuses morts enregistrés, Macky Sall gagne au 2ème tour devant le sortant, Abdoulaye Wade.

Vouloir prendre prétexte du cas de Ousmane  Sonko pour reporter les élections ne nous paraît pas très solide. Il se susurre que la mouvance Présidentielle peine à se faire parrainer. Vrai ou faux ? Les parrainages n’ont pas encore produit les effets escomptés pour Benno. L’équipe de Amadou Bâ est minée par une crise interne. On assiste à des lapidations apéro-apéristes. Ceux qui brandissent le report, veulent-ils éliminer la candidature de Amadou Bâ ? Mahmouth Saleh est indexé par des partisans de Amadou Bâ  . De toutes façons , Souleymane Jules Diop a sa religion sur Amadou Bâ ;  « Je le trouve amorphe. Je trouve qu’il ne montre pas assez aux Sénégalais, aux gens de sa majorité, qu’il a les épaules, qu’il a l’étoffe. Il ne le fait pas assez, il doit se bouger, il doit aller vers les gens, il doit rassurer la majorité. À un  moment donné, il faut vous assumer (…)Je m’impatiente de voir Amadou Bâ s’affranchir, se lever et dire aux Sénégalais : c’est moi. »

MR DIA

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