Mame Mbaye Niang-Ousmane Sonko : Vers un nouveau renvoi ?
C’est ce jeudi qu’est programmé le procès du chef de file de PASTEF, poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, pour « diffamation, injures et faux ». Mais à la lueur des récents évènements : le désistement du Juge Pape Mohamed Diop, la suspension par le barreau de Me Ousseynou Fall (avocat de Ousmane Sonko) et l’incertitude qui plane autour de la présence du maire de Ziguinchor à l’audience, le nouveau Président d’audience, Mamadou Yakham Keita, qui remplace au pied levé son collègue, pourrait être tenté de renvoyer les débats.
Ce que ne souhaitent pas les avocats du ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. « Il faut que l’on en finisse, affirme l’un d’eux. Selon la loi, le tribunal dispose d’un délai de deux mois pour vider un dossier en diffamation. Nous insisterons pour que le procès ait lieu. »
Et la comparution de Sonko, dans tout ça ? Le candidat à la présidentielle de 2024 pourrait snober l’audience en se réfugiant derrière un certificat médical d’incapacité de travail d’une durée de dix jours dont l’effet est censé prendre fin le 31 mars, soit vendredi.
Contexte tendu
Ce procès se tient, de nouveau, dans un contexte particulièrement tendu. L’opposition au président Macky Sall, incarnée principalement par la coalition Yewwi Askan Wi (YAW), a annoncé des marches et manifestations à Dakar et dans le pays mercredi, jeudi et lundi.
Alors qu’ils s’apprêtaient à faire une déclaration mercredi , les chefs de la coalition YAW ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène par la gendarmerie.
Les tensions ont considérablement ralenti les activités de la capitale. Les vacances des écoles et de l’université ont été avancées. Les transports publics ont suspendu leurs lignes mercredi et jeudi. Des banques ont annoncé fermer plus tôt.
Par ailleurs, la justice sénégalaise a annoncé mardi avoir arrêté des membres d’un groupe qui visait à « semer le chaos et l’insurrection » dans le pays pour « empêcher » le procès Mame Mbaye Niang Sonko. Des investigations ont établi des « faits mettant en jeu la stabilité du pays. L’intention (de ce groupe) était de mener des actes subversifs et de porter atteinte à des personnalités publiques dans la justice, l’appareil d’Etat, dans les milieux religieux et la presse », a affirmé le procureur général de la République Ibrahima Bakhoum, lors d’une rencontre avec la presse.
Pour rappel, le ministre du Tourisme poursuit Ousmane Sonko pour diffamation, injures et faux. Il lui reproche d’avoir déclaré qu’il avait été épinglé par un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) pour sa gestion d’un fonds pour l’emploi des jeunes.
L’enjeu dépasse largement la réputation du ministre. Les textes en vigueur prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation. Ousmane Sonko risque donc d’être déclaré inéligible pour la présidentielle de 2024.