Trois tonnes de cocaïne saisies au Sénégal : le fils d’un chef d’Etat africain cité
La Division opérationnelle de l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (Ocrtis) a bouclé son enquête sur l’affaire du bateau de cocaïne, saisi la semaine dernière, par la Marine nationale. Les dix personnes arrêtées dans cette histoire de trafic international de drogue dure ont été présentées lundi, au procureur de la République.
Les analyses effectuées par la Division de la Police Technique Scientifique (Dpts) ont révélé un poids total de 2975 kilogrammes de cocaïne. Pour déterminer les ramifications de ce réseau de trafic international de drogue, les policiers de l’Ocrtis à qui l’enquête a été confiée, ont procédé à une perquisition chez le Sénégalais Mamadou Bathia à la Cité Asecna de Yeumbeul. Mieux, à la suite d’interrogations serrées, Ezekiel Tumbiri, avouant être le capitaine de façade du navire, a désigné Joaquim Lopes Dos Reis Simoes comme le commandant.
Poursuivant, il précise que c’est James Holland, son patron et propriétaire du navire «Mother Comfort», qui l’a instruit, en avril 2023, d’aller superviser les réfections du navire «Ville d’Abidjan» appartenant à son ami Jack qui opérait au large de Sao Tomé et Principe et qui lui a proposé le poste de capitaine pour une opération qui lui permettra de rentrer dans ses fonds. Interpellé sur son implication dans ce trafic, Ezekiel Tumbiri déclare « avoir été contraint de participer à ce voyage, croyant que le bateau venait à Dakar pour des problèmes mécaniques, avant qu’après plusieurs jours de navigation, Joaquim Lopes Dos Rels Simoes lui dise qu’il s’agissait de récupérer un chargement en haute mer ».
Sur le transbordement, il informe que c’est « un bateau de plaisance qui a transporté le produit stupéfiant ». Invité à désigner les véritables responsables, il ajoute que « seul Joaquim Lopes Dos Reis Simoes qui commandait le navire, communiquait avec l’autre navire à l’aide de deux téléphones satellitaires ».
Entendu, Lopes Simoes, Portugo-capverdien, a confirmé les déclarations de son camarade, en reconnaissant avoir été recruté par son ami Jack Holland en qualité de logisticien, moyennant des sommes variant entre 100 000 et 150 000 euros. Il ajoute être, en 2019, parti en Colombie pour récupérer des coordonnées GPS, moyennant 1 000 euros pour le compte d’un trafiquant nigérian dénommé Malik. Revenant sur ses états de services, en tant que mécanicien puis capitaine de bateau, il confie avoir « sillonné le monde avant de s’installer en Guinée Bissau jusqu’en 2021 ». Lopes a présenté la balle à Rogelio Valencia Vergara comme le véritable artisan de cette opération.
Après transbordement de la drogue, Valencia n’a pas hésité à mettre en garde les membres de l’équipage contre toute tentative de trahison. Lopes Simoes a précisé que « la drogue devait être livrée en Gambie et que Jack Holland devait récupérer les 10% de la cargaison ».
Un fils d’un Chef d’État ouest africain cité…
Rogelio Valencia Vergara a tout déballé. Déclinant son rôle, il soutient avoir été recruté, courant janvier 2023, par un membre du «Cartel Del Golfo», nommé Victor. Mieux, il a remis le numéro de son recruteur à l’indicatif 0057 (Colombie) qui l’avait approché lors des funérailles de sa mère en Colombie.
A en croire Valencia, le cartel l’a menacé de représailles contre sa famille, en cas de refus. Disant qu’après un court séjour à Londres, il s’est rendu au Togo, au Bénin et au Nigeria, avant de rallier la Guinée-Bissau, en compagnie de Lopes Simoes, à bord de «Ville d’Abidjan», il a rappelé que « Victor lui avait assuré qu’en Afrique, tout était sous contrôle et qu’il n’y avait aucun risque sécuritaire lié à l’opération.»
Rogelio Valencia Vergara, le plus loquace, a signalé que lors de ses séjours au Togo et au Bénin, « une dame s’occupait des formalités administratives et financières des hôtels et appartements meublés. Mais qu’au Nigeria, c’est une voiture diplomatique qui est venue le prendre à la frontière béninoise ». Selon ses dires, l’attente à Bissau a duré plusieurs mois, avant que son contact colombien ne lui communique les données GPS de l’opération qu’il a transmises à Joaquim Lopes Dos Reis Simoes et à son patron Jack.
C’est le 11 novembre 2023 qu’ils ont quitté «l’Ile du Prince» à Bissau, fait 6 jours en mer avant de croiser le navire-mère aux allures de Yacht en provenance de Salvador pour le transbordement. Confiant que Joaquim Lopes Dos Reis Simoes assurait la communication avec le «navire mère» et Jack les attendait en Gambie, il persiste que « les autres membres de l’équipage ignoraient le véritable objet de l’opération, dont ils ont été briefés à la veille du transbordement ». Confirmant que tous les membres avaient participé au chargement des sacs qui devaient être livrés en Gambie, il a cité les véritables propriétaires dont un fils d’un Chef d’Etat ouest africain et un Hollandais qu’il n’a pas identifiés.
Valencia déclare qu’il devait recevoir du Colombien (son recruteur) 40.000 Livres Sterling, soit 32 000 000 FCfa. Poursuivis pour association de malfaiteurs, aide ou assistance à une entreprise de trafic international de cocaïne et faux et usage de faux, Mamadou Bathia, Innocent Onveiekwe Chibueze, Elijah Udo Bsesang, Godstime Ugnorugbo, Amaechi Leo Nkwocha, Aleali Gomies, Domingos Da Costa, Ezekiel Tumbiri ont clamé leur innocence, soutenant ignorer la nature réelle du produit transporté.
Pressafrik