Accusations contre Macky Sall, Aly Ngouille Ndiaye, Mimeran et Diagna Ndiaye: Me Moussa Diop a-t-il été abusé ?

Accusations contre Macky Sall, Aly Ngouille Ndiaye, Mimeran et Diagna Ndiaye: Me Moussa Diop a-t-il été abusé ?

Lors d’un point de presse tenu en fin de semaine, le candidat déclaré à l’élection présidentielle du 25 février 2024, Me Moussa Diop a évoqué l’existence d’un contrat nébuleux d’exploitation d’une mine de diamants dans le Nord du Sénégal et impliquant le Président de la République Macky Sall, l’industriel Jean-Claude Mimran, le bras droit de Mamadou Diagna Ndiayeet l’ancien ministre Aly Ngouille Ndiaye,.  Ce qui lui a valu d’être convoqué par la sureté urbaine et placé en garde à vue. Dopé par ses révélations d’achat d’armes par la Présidence, il tente de soulever un autre lièvre. Ses déclarations ont secoué la justice et les concernés. L’homme a-t-il suffisamment  d’arguments pour se tirer d’affaire ?  

D’après Libération, Me Moussa Diop a réitéré ses graves accusations. Mieux, souffle la même source, il a remis aux policiers de la Sureté urbaine (SU) des documents qui seraient les preuves de ses dires. Il s’agit d’un connaissement, pour le présumé achat d’armes par la Présidence, et de ceux qu’il avait brandi lors de sa conférence de presse de samedi. Selon Libération, Me Moussa Diop a refusé de dévoiler l’origine de ces documents. Il est poursuivi pour actes de nature à jeter le discrédit sur les institutions de la République et diffusion de fausses nouvelles. Les choses s’emballent à propos de ce qu’il convient d’appeler les révélations de Me Moussa Diop sur un supposé contrat minier d’exploitation de diamant. Si on interroge l’histoire récente, on se rend compte que l’homme n’est pas à son premier coup d’épée. On se rappelle le scandale qu’il avait soulevé et qui faisait état d’un achat d’armes à hauteur de 45 milliards par le ministère de l’environnement. Cette révélation avait soulevé un tollé général au sein de la classe politique, de la société civile et de l’opinion. Le ¨Procureur ne s’était pas autosaisi et les concernés n’avaient pas porté plainte. Finalement, l’affaire a été rangée dans les tiroirs des oubliettes. Me Moussa Diop qui avait ébruité ce scandale avait peut-=etre la bonne information. Ce n’est pas le cas cette fois-ci. En tout cas, la justice ne lui a pas réservé le même traitement. Ce qui nous conduit à égrener un chapelet d’interrogations.

Interrogations légitimes

Qu’est-ce qui a poussé Me Moussa Diop à faire une gravissime déclaration ? A-t-il mesuré les risques qu’il encourt? En tant qu’avocat, s’est=il suffisamment prémuni pour ne pas prêter le flanc ? Pourquoi a-t-il choisi ce moment de pré-campagne pour s’en prendre au Chef de l’ Etat, au candidat Aly Ngouille Ndiaye et au milliardaire Claude Mimeran ? Il déclare avoir des preuves qu’il a brandies devant la presse. Ces documents sont-ils authentiques ? Est-ce suffisant pour convaincre les juges ?

En tout état de cause, Me Moussa Diop est dans une situation alambiquée ? Pourra-t-il en sortir indemne ? De toutes façons, la vague de réactions en sa défaveur ne plaide pas pour lui.

Le  ministre des mines Oumar Sarr blanchit le chef de l’ Etat

Dans un rapport publié hier, l’actuel ministre des Mines, Oumar Sarr a blanchi le Chef de l’Etat « il n’y a jamais eu de permis d’exploitation de diamant délivré au Sénégal. Il précise par ailleurs qu’il n’existe que deux permis de recherche de diamant en cours de validité ainsi qu’une autorisation d’exploitation semi-mécanisée pour lesquels des résultats concluants n’ont pas été encore obtenus »lit-on dans la note.   

Après le communiqué du Ministère des Mines et de la Géologie, à propos de l’affaire des supposés diamants de Me Moussa Diop, soulevée samedi dernier, où l’avocat accable Macky Sall, Aly Ngouille Ndiaye, Jean Claude-Mimran et Mamadou Diagna Ndiaye, le Directeur général de la Société des Mines du Sénégal (Somisen) a aussi fait face à la presse pour éclaircir la lanterne des Sénégalais sur cette polémique. Dr Ousmane Cissé a d’emblée rappelé qu’à partir de 2016, le Sénégal a connu d’importantes réformes sur les ressources naturelles. C’est ainsi que l’article 25.1 de la Constitution confère la propriété des ressources au peuple. Ensuite, pour des raisons de transparence dans le secteur extractif, le Sénégal a adhéré à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) dont l’objectif est de permettre à tout Sénégalais d’avoir accès à la ressource. Selon Dr Cissé :  «Dans le portefeuille que nous avons, il ne figure pas une Société minière qui exploite du diamant au Sénégal. Une société minière qui doit exploiter le diamant ne peut pas passer inaperçue car l’Etat du Sénégal aura participé à sa création. Autrement dit, le diamant n’est pas exploité au Sénégal, particulièrement dans la zone nord où malheureusement il n’y a pas de roches diamantifères». Pour sa part,  Le Groupe MIMRAN prévient qu’il ne saurait avaliser les mensonges à l’endroit de ses dirigeants dans un contexte de compétitions politiques où certains acteurs misent sur la diffusion de fausses nouvelles pour arriver à leurs fins. Par conséquent, il se réserve le droit d’user des procédures légales idoines pour faire face à tout acte attentatoire à son honneur et à sa crédibilité qui sont les fondements de ses missions depuis plus de 50 ans », déclare-t-il dans un communiqué.

Réaction de Babacar Louis Camara, exploitant minier

« Nous avons eu la chance d’avoir été parmi les premiers sénégalais à s’intéresser aux ressources minérales du Sénégal oriental. Dès 2002,  nous avions obtenu une première autorisation d’exploitation d’une mine d’or artisanale, signée par Monsieur Macky Sall, alors Ministre des Mines, et Monsieur Eugéne Ngor Faye, Directeur des Mines et de la Géologie », renseigne Babacar Camara , Président de la Convention des Dakarois. Et l’homme du Sérail de révéler : « durant une vingtaine d’années, par monts et vaux, nous avons été jusqu’aux confins du Sénégal, à savoir la Région minérale de Kédougou, dans le Département de Saraya, et résidant dans le village le plus reculé du Sénégal, à savoir Saénsoutou et Bondala. Et nous connaissons parfaitement le plan minéral de cette belle région aux fabuleux potentiels, malheureusement méconnus et inexploités. Nous étions déjà présents en 2005 lors de la venue de la société MDL à Sabadola pour démarrer leur implantation et tout ce qui s’en est suivi avec ses différents développements et péripéties.

Nous sommes des témoins de l’histoire de l’or et du diamant au Sénégal, en tant que opérateur et acteur du secteur minier ».

Il poursuit : « les premiers travaux de prospection du diamant ont débuté entre 1911 et 1948 avec la Compagnie des Mines de la Falémé, sans résultats probants.

L’ensemble des travaux de prospection, jusqu’en 1965 n’ont jamais été concluants pour donner une appréciation sérieuse au potentiel diamantifère du Sénégal oriental.

A partir de 1965, le BRGM découvre des concentrations diamantifères dans la région malienne de Kéniéba avec de rares pierres de moins de 0,25 carats.

Par la suite des travaux du PNUD en 1969 sur les terrasses alluvionnaires de la Falémé et du fleuve Gambie (frontière avec la Guinée vers Mako) ont permis de trouver quelques petites pierres de 0,10 carats ».

Dans les années 1971-1973, des travaux prospection furent effectués par une mission sénégalo-soviétique sans résultats notables ; aucun diamant n’ayant été mis en évidence ». La conviction de Monsieur Camara est qu’ « une exploitation d’une mine de diamant avec tout ce que cela demande comme investissements et infrastructures, ne peut exister au Sénégal à l’insu de l’Administration sénégalaise, donc de l’Etat. Si cela existait, alors ce serait la plus grande faillite de l’histoire des temps modernes de notre pays ».

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La police crie au « faux » : absence de numéro de transmission sur la lettre attribuée à Aly Ngouille Ndiaye

Libération rapporte que les policiers l’ont interpellé en qualifiant les documents de « faux », soulignant, par exemple, l’absence de numéro de transmission sur la lettre attribuée à Aly Ngouille Ndiaye.

Néanmoins, Me Moussa Diop, se référant à ses déclarations publiques, a affirmé avoir obtenu les documents de « sources fiables », sans pour autant les révéler. Il a également précisé que son rôle n’était pas d’authentifier les documents et qu’il n’avait reçu aucune information laissant penser qu’ils pouvaient être falsifiés.

Seydi Gassaama défend Me Moussa Diop

Pour Seydi Gassama ,  Directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal ; « il n’est pas nécessaire d’entamer des poursuites judiciaires contre Me Moussa Diop après la sortie du ministre des Mines ». « A-t-on besoin, après ce communiqué du ministère des Mines, d’engager des poursuites judiciaires contre Maître Moussa Diop ? L’État du Sénégal ne peut pas clamer sur tous les toits son engagement pour la bonne gouvernance et réprimer en même temps ceux qui alertent », a posté le défenseur des droits humains sur X.

Cette conjonction de facteurs résiste à ce qui semble être des certitudes pour Me Moussa Diop. Ce qui nous autorise à nous demander si l’avocat n’ a pas été inuit en erreur par ses sources. Tout compte fait, nous y verrons plus clair dans les prochains jours.

Amadeus

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