N’en déplaise à Saber Mashhur ! Réponse à son message au peuple sénégalais ( Par Pr Abdoul Azize Kébé )

N’en déplaise à Saber Mashhur ! Réponse à son message au peuple sénégalais ( Par Pr Abdoul Azize Kébé )

Dans une vidéo circulant sur la toile, le sieur Saber Mashhur, qui se dit journaliste indépendant, invite le peuple sénégalais à suivre l’exemple du Burkina Faso, du Niger et du Mali dans leur « France dégage » ! Et pour ce faire, il charge le Président Macky Sall et son candidat, l’actuel Premier Ministre M. Amadou Ba. Son option politique n’est pas mon propos, chacun est libre d’être avec qui lui chante. Mais son appel en tant que « frère » et « musulman » (sic) m’interpelle. Et c’est sur ce registre que se situe cette réponse.

M. Mashhur nous interpelle en ces termes :
« D’abord, j’ai un message pour le peuple sénégalais, ce grand peuple musulman. Beaucoup de personnes qui ont visité le Sénégal ont dit que c’est un grand peuple qui semble provenir directement de l’époque des compagnons. C’est un peuple respectueux, un peuple religieux, un peuple loyal, sincère, bienveillant. Et ils m’ont dit que la place idéale où ils auraient souhaité vivre, c’est le Sénégal. Et moi-même j’ai rêvé vivre au Sénégal, y éduquer mes enfants, dans les écoles du Sénégal, entre nos enfants sénégalais, garçons et filles. C’est un peuple au sommet des qualités humaines, et la culture occidentale ne l’a pas altéré. Le peuple sénégalais a préservé la culture islamique dans sa pureté. Ce peuple est l’un des meilleurs peuples de l’islam au monde. J’ai vraiment souhaité vivre au Sénégal, avec ma famille et voir mes enfants y grandir. Malheureusement le gouvernement du Sénégal est un gouvernement inféodé à la France, un gouvernement qui n’est pas digne de confiance. C’est pour cela que je n’ai pas vécu au Sénégal ».

Ce beau témoignage sur le peuple sénégalais mérite qu’on s’y attarde un instant. Car ce peuple qu’il adule tant, n’est pas tombé du ciel, il est le fruit d’un long parcours. Il est le résultat des efforts louables des guides religieux de notre pays, fondateurs des écoles soufies, des confréries dans lesquelles ils ont éduqué leur peuple à préserver cette culture islamique, sans renier leur identité. Et ils ont apporté leur contribution au rayonnement de l’islam tant et si bien que le Sénégal est reconnu comme un havre de paix. Ces personnalités d’une grande envergure, depuis le premier État du Boundou, suivi de la Révolution Toroodo, depuis l’équipée du Grand Mujahid El Hadji Oumar et l’expansion pacifique de l’islam grâce aux organisations soufies, et l’intelligence sociale de ses successeur, El Hadj Aboulaye Niass, El Hadj Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh Bou Kounta, Limamou Laye, et les disciples de Cheikh Saad Bouh, ont réussi cette prouesse de façonner un peuple que l’on compare aux compagnons du Prophète Psl, al hamdou lillah.

Mais si cela a pu se faire, avec l’aide d’Allah, c’est aussi grâce à la clairvoyance des hommes d’État qui se sont succédé à la tête de cette terre bénie. De Senghor au Président Macky Sall, chacun, avec ses moyens et son style, a pris en compte la religion dans ses politiques. Mais, en tant que « frère » et « musulman », j’invite M. Saber à l’honnêteté comme recommandé par le Coran, Sourate Mâida, verset 8 :
« ô vous qui avez cru, soyez droits et loyaux. Soyez des témoins en toute équité. Et que l’inimitié pour certaines gens ne vous conduise pas à être inéquitables. Soyez donc équitables. Et craignez Allah car Allah est parfaitement informé de ce que vous faites ».

Rendons à El Hadji Macky Sall ce qui lui appartient, en termes de politiques publiques au bénéfice de l’islam. Il est, que je sache, le premier Président à avoir bâti son action sur la base d’une réflexion stratégique axée sur le fait religieux et son importance dans la conduite des politiques publiques. Cela lui a permis d’avoir une vision claire, un plan d’action structuré, des résultats palpables, mesurables.

Si le Président Macky Sall est élu Bâtisseur africain de l’année, c’est pour l’ensemble de ses réalisations au niveau des infrastructures, dans tous les domaines et secteurs y compris celui du religieux. Il est le premier bâtisseur de lieux de culte au Sénégal. Les foyers religieux, ont ont vu leur profil infrstrurel totalement transformé grâce à ses politiques, au bénéfices des communautés. Au total, on dénombre pas moins de 26 lieux de culte et d’édifices à vocation socio religieuse, distribués sur l’ensemble du territoire national ; une moyenne de 2 édifices par an. Il a rationnalisé l’organisation des examens et concours des écoles privées pour l’enseignement de l’arabe, avec un seul baccalauréat, reconnu par les universités du Sénégal.
Il a développé la prise en charge des maîtres coraniques, en leur octroyant une subvention inscrite dans le budget de l’État à hauteur de 6 milliards susceptibles d’évolution. …..

Le Projet d’appui à la modernisation des daaras a connu un bond et est entré dans sa 2e phase avec à la clé 78 daara modernes construites, et une centaine réhabilitée.

L’enseignement coranique est entré dans une phase institutionnelle irréversible avec l’érection de la Direction des daaras à la place de l’inspection des daaras, et la consécration de la journée nationale dédiée aux daaras, aux maîtres coraniques et aux autres acteurs des écoles coraniques. Depuis 2012, sous la conduite de M. Macky Sall, 25 milliards de francs CFA ont été injectés dans le secteur de l’enseignement arabo islamique au Sénégal.
Et aujourd’hui, notre pays obtient sa reconnaissance parmi les nations musulmanes gardiennes du Coran avec le Prix international du Chef de l’État pour le récital du Coran.

Le pèlerinage, 5e pilier de l’islam a été rehaussé au niveau institutionnel. Le Président Macky Sall, conscient du coefficient social de ce pilier et de sa dimension historique et spirituelle dans notre pays, l’a hissé au rang de Délégation générale, dotée d’une administration inscrite dans la tradition des administrations performantes, avec un Secrétariat permanent, doté des moyens subséquents.

Le waqf, un instrument islamique de gestion des biens d’utilité publique, a été institué par le Président de la République, M. Macky Sall. Et grâce à cet outil, la Couverture Maladie universelle est une réalité dans les écoles coraniques.
Eh bien, si le « frère » « musulman » M. Saber Mashhur est autant émerveillé par le Sénégal et son peuple, il doit l’être autant pour son Président qui a su consolider les acquis, les développer et les hisser à un niveau qui n’existe nulle part dans les pays qu’il cite en référence.

Et s’il y a une révolution à parachever, certes il y en a, c’est bien celle entamée par le Président Macky Sall, avec les guides religieux de notre pays, qui consiste à préserver notre socle culturel et religieux, doter nos foyers religieux et les associations islamiques sérieuses des moyens qui leur permettent de contribuer, comme ils l’ont toujours fait, à l’éducation des populations et à répondre positivement, avec clairvoyance aux exigences de l’heure, sans dogmatisme, ni sectarisme. Cette révolution qui injecte dans le budget national des fonds destinés à l’enseignement coranique, qui intègre le Waqf dans la corbeille des outils de promotion économique et sociale, cette révolution qui, en Afrique de l’ouest, fait du Sénégal un pays où le Coran et ses serviteurs sont honorés, chaque année, par le Président de la République, est à poursuivre.
Si le Sénégal attire tant, si M. Saber admire la qualité des hommes et des femmes qui sont sorties de ces écoles, c’est parce qu’il y a des gardiens du temple qui n’ont pas trahi le legs. Ce sont nos guides religieux à la tête de nos confréries, et nos guides politiques qui s’abreuvent de la sagesse de ces foyers ardents pour animer leurs politiques publiques avec l’esprit du Sénégal et non d’ailleurs.

Et le peuple sénégalais que M. Mashhur adule tant, fidèle à sa tradition républicaine, se choisira librement un chef, porteur de ses valeurs, qui ne sont ni d’orient ni d’occident, mais d’ici, qui ont façonné cet homo senegalensis, si cordial et si bienveillant, si respectueux de la pluralité et de la diversité jusque et y compris dans les croyances religieuses. Et au soir des élections, celui qui sortira vainqueur du scrutin sera accepté par tous les Sénégalais puisqu’étant le choix de Dieu, car in fine, c’est Lui Allah Le Seul Détenteur du pouvoir Qui le donne à Qui Il veut. Et l’un de nos guides religieux nous a appris que tout ce que Le Majestueux a décidé, cela est ce qui est bien.
Que la paix soit sur ceux qui suivent la bonne guidance !

Pr Abdoul Azize Kébé
Ministre Conseiller aux Affaires religieuses

Amouradis

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