Entre désobéissance civile et « Jengu »: L’égarement en conjoncture est évitable…(Aly Saleh)

Entre désobéissance civile et « Jengu »: L’égarement en conjoncture est évitable…(Aly Saleh)

Il y’a quelques semaines, les violentes manifestations de l’opposition à Dakar et dans quelques régions, réprimées par les forces de l’ordre, s’étaient soldées par des pertes en vies humaines, de très nombreux blessés et des arrestations tous azimuts des membres de l’opposition sénégalaise. Après ces séries de violence suivies d’acalmie, nous entendons pour la deuxième fois, l’homme politique Ousmane Sonko, farouche opposant du régime de  Macky Sall, inviter les populations à une  « désobéissance civile », un concept qui nous préoccupe et nous pousse à approfondire notre réflexion afin d’en savoir plus et éviter de nous perdre en conjoncture, nous avons interrogé des praticiens du droit et des  enseignants en sciences politiques.

Comme l’explique un professeur en sciences politiques qui préfère taire son nom, la désobéissance civile est une forme de résistance qui consiste à refuser d’obéir aux lois ou aux jugements d’ordre civil.

L’objectif selon lui, serait d’attirer l’attention de l’opinion publique sur le caractère inique ou injuste d’une loi avec l’espoir d’obtenir son abrogation ou son amendement.

Une définition qui n’est pas très convaincante à notre avis.

En puisuivant nos recherches, nous sommes tombés sur les écrits de Ghandi selon qui, la désobéissance civile devient un devoir sacré lorsque l’État devient anarchique ou corrompu.

D’ailleurs,  il l’utilise pour la première fois dans une lettre datée du 27 juillet 1919, en distinguant la désobéissance civile de la désobéissance criminelle et immorale. Pour lui, la désobéissance civile est un moyen politique non-violent de recherche de la vérité.

Le Mahatma  tente ici de légitimer l’usage de la désobéissance civile en démocratie. En voilà une théorie qui nous rapproche quelque peu de notre premier interlocuteur.

Afin d’éviter de nous embrouiller davantage l’esprit, nous avons pris langue avec un professeur de philosophie qui considère lui qu’en général, les citoyens d’un État globalement juste doivent obéir à la loi, même lorsqu’elle est injuste, quitte à employer exceptionnellement la désobéissance civile pour protester. Les militants quant à eux, qu’ils luttent pour les droits civiques, contre les violences faites aux femmes ou pour le climat, jugent souvent que l’obligation première est de résister à l’injustice.

M. le professeur ne s’est pas arrêté là, en revisitant le concept d’obligation politique, il cite, Candice Delmas, philosophe, politologue, qui dans l’un de ses ouvrages, montre que le devoir de résister a les mêmes fondements que le devoir d’obéir à la loi. Des formes de désobéissance incivile, de l’aide clandestine aux migrants, aux fuites de documents non autorisés en passant par l’écosabotage ou les cyberattaques, peuvent parfois être justifiées, voire moralement requises, même dans des sociétés démocratiques. D’après lui, c’est par ces moyens illicites et incivils que les Freedom Riders ont dénoncé la ségrégation aux Etats-Unis, que Black Lives Matter a révélé les violences policières ou l’ampleur des phénomènes de harcèlement et des féminicides.

On dit, l’incivilité interpelle, accuse, rend l’indifférence impossible et force à prendre parti. Ce qui me fait penser justement à un brillant penseur du 18ème siècle qui disait: « toute action sapant l’Etat de droit est immoralle quelque soit le nom que l’on puisse lui donner ».

Pour rappel  avant Sonko, le candidat Boubacar Camara, pourtant avait annoncé la couleur avec son fameux « Jengu », jadis. Etait ce un appel à la désobéissance civile pour l’ancien Dg de la douane sénégalaise comme le demande aujourd’hui le patron de Yewwi?

Même si aujourd’hui, le récolté parle de construire le Sénégal du futur, il l’a écrit…c’était pour en arriver à là quand lui aussi appelait à la désobéissance civile à sa manière.

À quoi bon de se battre à longueur de journée pour une chose dont on ignore les aboutissants. Est-ce que les gens s’interrogent par rapport au futur, du genre, de quoi sera fait demain? Ou encore, est-ce que ce que le pouvoir que nous cherchons  nous trouvera ici le moment venu?

La désobéissance civile, c’est « une solution de désarroi » pour Mayoro Mbaye.

Notre compatriote, opérateur économique et juriste en exil au pays de Marianne, trouve qu’elle est adoptée lorsqu’on a fini d’épuiser l’ensemble des moyens contre des décisions injustes.

« Il s’agit d’un mode de contestation  non violente où l’on bloque les activités et le développement sans détruire », dit l’homme d’Affaires .

Alors, finalement qu’est-ce qui est légitime de faire pour défendre une cause juste dans un État de droit qui en ignore les enjeux?

En bon croyant, on apprend, si un malheur nous arrive, on se dit tel est la volonté de Dieu. Alors pourquoi ne pas laisser couler les choses et laisser faire Dieu?

Et si nous apprenions à nous consoler et à agir à la manière des stoïciens pour qui, la résignation est le sentiment par excellence de tout croyant. En  quoi faisant me diriez-vous?  Mais ma réponse est simple : ce sera juste en essayant de  transformer le négatif en positif.

Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur

Amadeus

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