16e édition de la Journée annuelle de diffusion des comptes extérieurs du Sénégal Moustapha Ba dissèque la balance de paiement du Sénégal…
La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a tenu la seizième édition de la journée annuelle de diffusion des comptes extérieurs du Sénégal, ce mardi 19 décembre 2023. Placée sous la présidence du Ministre des Finances et du Budget, cet événement a offert un éclairage approfondi sur la situation économique du pays. Il a saisi cette opportunité pour passer au peigne la balance de paiement du Sénégal et dégager des perspectives. |
« C’est avec un réel plaisir que je préside, pour la seconde fois consécutive, la cérémonie d’ouverture de la Journée de Diffusion des Comptes Extérieurs du Sénégal, au cours de laquelle la balance des paiements pour l’année 2022 ainsi que les projections pour l’année 2023 seront présentées », a déclaré d’emblée le ministre des Finances et du Budget.Mamadou Moustapha Ba. Et ce dernier d’embrayer : « cet événement figure désormais parmi les dates importantes du calendrier économique au Sénégal. L’exercice est important car la balance des paiements est un outil d’aide à la décision et permet de mettre en évidence la politique économique à suivre, en vue de rectifier, au besoin, le déséquilibre extérieur et d’assurer la viabilité externe de l’économie. En ma qualité de Président du Comité National de la Balance des Paiements, soutient-il, j’exprime ma satisfaction envers les services de l’Etat impliqués dans ce travail, et ma gratitude aux entreprises de l’échantillon qui ont contribué à la collecte et à l’analyse des données », déclare-t/il.
Qualité du rapport annuel
« Je salue la qualité du rapport annuel élaboré par la BCEAO et je me félicite de la production des balances trimestrielles, dans les délais de 90 jours après le trimestre, depuis 2016, avec l’adhésion du Sénégalà la Norme Spéciale de Diffusion des Données (NSDD) du FM », fait-il remarquer avant de relever : « depuis quelques années, la balance des paiements du Sénégal reflète l’impact des investissements déployés pour le développement des projets pétroliers et gaziers ainsi que les conséquences des multiples chocs sur l’approvisionnement mondial en produits énergétiques et
alimentaires, dans un environnement caractérisé par des tensions géopolitiques internationales. Elle reste également marquée par le resserrement des conditions financières sur les marchés des capitaux
étrangers », déclare l’argentier du Sénégal. Pour Moustapha Ba, dans ce contexte, le solde global de la balance des paiements du Sénégal est ressorti déficitaire de 62,2 milliards en 2022 après un excédent de 142,2 milliards en 2021. Selon lui, cette évolution est principalement attribuable à un déficit du compte courant plus élevé qui n’a pu être compensé par les entrées de capitaux.
A l’en croire, le déficit commercial a fortement augmenté pour s’établir à 3.010,1 milliards, du fait principalement des importations de produits pétroliers et alimentaires, impactées par la flambée des cours mondiaux consécutive au conflit russo-ukrainien. Le niveau des importations est également tiré par celles des biens d’équipements, notamment les matériels de transports et les machines et moteurs.
« Il convient de relever le comportement positif des exportations avec une structure de plus en plus diversifiée et une progression de 22,5% comparée à 2021 », souligne le ministre des Finances.
Il renseigne que le déficit du compte des services a augmenté de 10,9% pour atteindre 1.530,6 milliards, principalement dû à la hausse des coûts du fret et des autres services aux entreprises, notamment dans le secteur des hydrocarbures. Cependant, une reprise a été notée dans le secteur touristique après les restrictions liées à la Covid-19.
Forte résilience des transferts des migrants
« Les comptes extérieurs 2021 font également ressortir une forte résilience des transferts des migrants qui affichent une progression de 4,8% à 1.700,8 milliards, soit 9,8% du PIB. Des réflexions sont en
cours pour mieux organiser ses ressources pour leur orientation vers l’investissement productif, en toute sécurité. Au total, le déficit courant a pu être notablement couvert par des entrées de capitaux, notamment les investissements directs étrangers, les ressources mobilisées sur le marché financier sous-régional et les concours financiers accordés aux opérateurs économiques résidents sous forme de crédits commerciaux’ », révèle Monsieur Ba. Le ministre indique que cette performance traduit l’attractivité de l’économie sénégalaise qui continue à bénéficier de la confiance des partenaires extérieurs. Pour l’année 2023, les projections de la balance des paiements reflètent la décélération des prix internationaux des matières premières, la poursuite du resserrement des conditions financières internationales et une croissance économique interne relativement modérée. Ainsi, il est attendu une réduction sensible du déficit du compte courant et un niveau soutenu d’entrées de capitaux. Cette dynamique devrait se maintenir en 2024, avec le démarrage de la production des gisements de pétrole et de gaz. Il en résulterait une baisse drastique du déficit courant.
Consolider nos politiques économiques
« La dynamique de la balance des paiements que je viens de retracer nous engage à consolider nos politiques économiques, à accentuer les réformes structurelles pour assurer la stabilité et la croissance de notre économie. A cet égard, je souligne les avancées significatives réalisées grâce au Plan Sénégal Émergent (PSE), une feuille de route pour l’émergence initiée par Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal. Alors que nous nous préparons pour la troisième phase (PAP 3) du PSE dès 2024, il est essentiel de souligner son rôle catalyseur pour des changements notables dans notre pays », relève Moustapha Bâ qui enchaîne : « au cours des phases 1 et 2 du PSE, nos investissements ont connu un rythme soutenu, jamais égalé auparavant. Cette impulsion, fruit d’un
renforcement des capacités de mobilisation de ressources, internes et externes, a stimulé notre croissance et permis de répondre aux besoins sociaux pressants. Résultat : une croissance du PIB réel de 6,5% enmoyenne sur 2014-2018 et de 4,2% sur 2019-2023. Même en 2020, alors que la Covid-19 a plongé de nombreuses économies mondiales en récession, le Sénégal a maintenu une croissance de 1,3%, grâce aux mesures audacieuses du Programme de Résilience Économique et Sociale (PRES) ».
Au total, déclare-t-il, cette dynamique de création de richesses a entraîné une croissance annuelle moyenne de 5,6% entre 2014 et 2023. En anticipant la phase 3 du PSE, nous nous engageons fermement à poursuivre cette dynamique positive. Dans cet élan, nous ciblons également un rééquilibrage des soldes de la balance des paiements, afin de renforcer notre position sur la scène économiqueinternationale.
« Cette démarche implique une consolidation budgétaire, visant à optimiser nos ressources et à garantir une meilleure efficacité dans nos dépenses publiques. En renforçant ainsi notre base économique, nous pourrons faire face aux contraintes de financements extérieurs, dans un contexte mondial changeant, et internes, sur le marché financier régional », note le ministre des Finances et du Budget qui continue : « cette consolidation budgétaire contribuera non seulement à maîtriser notre endettement, mais aussi à maintenir notre appréciation positive auprès des agences de notation, renforçant ainsi la confiance de nos partenaires au développement. Soyez rassurés que nous continuerons de placer la bonne gestion budgétaire au cœur de notre vision pour un Sénégal prospère,
équilibré et résilient ;