Senelec – Programme tarifaire 2023-27 : De l’eau dans le Gaz…
La Société nationale d’électricité (Senelec) va continuer à recourir à la location de centrales pour satisfaire la demande des populations en électricité dans la période 2023-2027. Cela, à cause de l’incertitude, du retard notés dans l’exploitation des ressources gazières au Sénégal.
La période tarifaire 2023-2027 sera marquée par une augmentation de la demande plus forte que par le passé. La consommation d’électricité devrait en 2027 multiplier par deux, son niveau de 2022 avec une croissance annuelle moyenne de 15%. Sur les périodes précédentes, la croissance annuelle de la demande a varié entre 8 et 10%, a relevé hier, le président de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse), à l’occasion de la journée de partage relative à la révision des conditions tarifaires de la Senelec. Ainsi considère Ibrahima Niane, «le recours à des capacités supplémentaires et aux importations d’électricité serait nécessaire pour satisfaire la demande. Il s’y ajoute l’importante nécessité d’accélérer les projets devant faciliter l’utilisation du gaz pour la production de l’électricité». Cette prolongation de la location de centrales est surtout liée au retard noté dans l’exploitation du gisement Grand Tortue/Ahmeyin (Gta), à la frontière sénégalo-mauritanienne. Le développement de Yaakar-Téranga, au large de Cayar, regorgeant de suffisamment de ressources gazières pouvant permettre au Sénégal d’atteindre ses objectifs en matière d’accès à l’électricité et aux services énergétiques de qualité, est aussi improbable. Bp, qui était l’opérateur majeur, s’est retiré du projet suscitant des inquiétudes quant à l’avenir de ce gisement.
Pour rappel, le gouvernement misait plus sur ces ressources gazières pour mettre en œuvre sa Stratégie «Gas to power» à partir de 2024, devant conduire à la baisse des prix de l’électricité.
Face à tous ces risques, la Senelec a décidé, dans le cadre de sa nouvelle période tarifaire 2023-2027, de continuer la location pour approvisionner sa clientèle.
Selon les estimations de Pape Mademba Bitèye, Dg de la société et ses collaborateurs, «le nombre de clients devrait passer de 2 millions 422 mille 071 en 2023 à 3 millions 156 mille 477 clients en 2027, se soldant ainsi par une hausse moyenne sur la période 2023-2027 de 191 mille 571 clients par an.
Les consommations devraient passer de 5372 Gwh en 2023 à 9732 Gwh en 2027, soit une hausse moyenne sur la période 2023-2027 de 982 Gwh par an, soit 15%/an».
Dans le processus de détermination de ses revenus, la Senelec a fourni à la Crse, au titre de la période tarifaire en question, le plan d’investissements à réaliser pour le développement de l’outil de production et des réseaux, et pour leur bon fonctionnement ainsi que les charges fixes et variables nécessaires à son exploitation.
«Les investissements seront également importants dans les activités de transport et de distribution de l’électricité», indique Ibrahima Niane. Lequel précise que «les premières conclusions de la Crse concilient les objectifs de préservation de la viabilité de l’entreprise et de garantie des droits des consommateurs, notamment en matière de qualité de service et d’accès à l’électricité».
Lesdites consultations ont fait aussi ressortir, d’après le président de la Crse, «des revenus régulés requis de référence de la Senelec sur la période tarifaire 2023-2027 qui progressent au même titre que l’activité. Ils passent de 942,722 milliards de francs Cfa en 2022 à 1508,322 milliards de francs Cfa en 2027, soit un taux de croissance annuel moyen de 11,6%. Cette tendance est soutenue par l’augmentation des ventes qui passent de 4672 Gwh en 2023 à 9472 Gwh en 2027, correspondant à une croissance annuelle de 15,2%».
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