Attaques de Idy contre Wade: Le PDS répond par le mépris…

Attaques de Idy contre Wade: Le PDS répond par le mépris…

La conférence de presse d’Idrissa Seck du vendredi dernier passe pour une opération gratuite de flagellation du Parti démocratique sénégalais. Certes, Idy a évoqué sa rencontre avec Ousmane Sonko, sa candidature et le troisième mandat de Macky Sall, mais tous s’accordent à s’interroger sur les raisons pour lesquelles il a traîné les Wades dans la boue. Le Pds qui a choisi pour le moment de répondre par le mépris préparerait la réplique.  

La dernière sortie d’Idrissa Seck, président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) n’a pas été tendre vis-à-vis du parti démocratique sénégalais (Pds). Le président de Rewmi a été à la fois railleur, violent et parfois discourtois à l’endroit de son ancien mentor Abdoulaye Wade et son fils Karim Wade. Ils ont tous les deux été « massacrés » par Idy. Tous l’attendaient sur sa visite à Ousmane Sonko, le troisième mandat de Macky Sall et sa candidature. Il en a finalement parlé. Mais, Idrissa Seck a consacré beaucoup de temps à Wade et à Karim, son fils. Sa rencontre politique avec Wade ? C’est quasiment en 1988, alors âgé de 28 ans, il dirige la campagne de celui dont on disait « avoir le cerveau le plus performant du Cap au Caire et de Casablanca à Pretoria ». De cette proximité, Idrissa Seck dit en avoir récolté que déception. « Wade m’a fait des tonnes de promesses, il n’en a tenu aucune », martèle-t-il précisant que le patron du Sopi s’était engagé à faire de lui un député, de multiplier son salaire par trois, de lui accorder une avance sur salaire de deux à trois et de lui acheter une maison. « Ce sont les Boubacar Sall qui m’en ont dissuadé, arguant que tu allais faire comme Serigne Diop, bla bla bla… », se souvient-il, railleur. « Rien de ces promesses n’a été honoré », accuse Idrissa Seck. « Je lui ai jeté les clés de sa 505 rouge et lui ai dit qu’il ne reverrait que lorsque je serais indépendant financièrement ».

 Déballage sur les chantiers de Thiès

Parlant des Chantiers de Thiès, Idrissa Seck dit tenir du général Mamadou Niang qu’il avait fait nommer ministre de l’Intérieur la promesse de Wade de « l’égorger jusqu’à ce que le couteau atterrisse au plancher ». Il en tire alors la leçon des propos de son oncle feu Serigne Cheikh Tidiane Al Maktoum qui lui disait de se garder de se battre pour l’accession d’un tyran au pouvoir. « En 1988, nous étions convaincus que le tyran c’était Abdou Diouf. Mais lorsque Wade m’a fait tout le tort que vous savez et que les Farba Senghor ont sali la façade de ma maison avec des déchets humains, j’ai réalisé toute la vérité du propos de Serigne Cheikh », attaque-t-il. Idy ne s’arrête pas là. Il remet, en effet, en surface ses fameux va-et-vient au palais en compagnie de feu Abdou Aziz Sy Junior pour ressouder ses rapports avec Wade qui s’était, auparavant, plié à quatre devant Serigne Saliou Mbacké et Serigne Mansour Sy pour obtenir la « reddition » de son ex-PM.

« Là encore, Wade tombe dans la déraison », narre Idrissa Seck qui dit s’être fait violence pour aller répondre à Wade contre l’avis écrasant de tous. « Au cours de cette rencontre, je lui ai exigé de dire à la télévision que l’accusation des Chantiers n’est que mensonge, que j’ai jamais quitté le PDS et qu’il a besoin de moi à ses côtés. Wade s’exécute et ajoute que j’ai marqué mon accord, un rajout susceptible de secouer la terre », accuse Idy. Il ajoute être, alors, déterminé à se dresser contre Wade qui, enturbanné, joue au patriarche. « Tout chef d’Etat qu’il était je lui ai rappelé son origine et sa destination sous peu », explique-t-il. Il rappelle ensuite l’audience de Wade avec Abdou Diouf à Popenguine. Tout enthousiaste, le chef de l’opposition dit, « allant vite en besogne », avoir discuté de tout avec gand T. « Il n’a même pas eu un petit t », lâche, moqueur le président du Cese.

 Hostilité du patron de Rewmi à une amnistie en faveur de Karim et de Khalifa

Parlant du fils de Wade, Idrissa dira : « Jusqu’en 2004, vous n’avez jamais entendu parler de Karim Wade, il faisait la queue comme tout le monde devant mon bureau. Un jour il a forcé le barrage, alors que j’étais en pleine audience. Je l’ai foutu à la porte et lui ai dit que ton père n’ose pas cette impolitesse, sors ! Il (Karim Wade) est là, il m’entend », vocifère-t-il. Il s’attaque à l’amnistie promise à Karim Wade et à Khalifa Sall. « C’est une façon de légaliser le vol. Et puis qui sait, celui qui fait cet arrangement pourrait même s’aménager une porte de sortie », analyse-t-il. Il conclut ses attaques en reconnaissant que « Wade croyait bien à la limitation des mandats, c’est Karim et Viviane qui lui ont tourné la tête. Je lui ai dit dans son bureau et en bureau politique qu’il n’avait pas le droit de candidater en 2012 ». 

 Oublis ou omissions volontaires de Idy

Ce long rappel qui traîne dans la boue les Wade laisse perplexe plus d’un. Car, quoi qu’on dise, Idrissa Seck est sorti de l’anonymat, en 1988, quand Wade a décidé d’en faire son directeur de campagne. Il l’a quasiment sorti du néant, alors qu’il y avait des jeunes brillants et engagés comme Ousmane Ngom, Jean-Paul Dias ou Aminata Tall qui pouvaient bien remplir les fonctions de directeur de campagne. Wade en a ensuite fait à deux reprises ministre dans le gouvernement de majorité élargie. Ses deux positions de ministre de la République procèdent donc de la volonté du patron du Sopi Idy dit être trahi par Wade lorsqu’ils étaient dans l’opposition. Mais des choses importantes dans sa vie avec Wade qui l’ a propulsé à des stations enviables.  Arrivé aux affaires en 2000, Wade en fait la réplique de Ousmane Tanor Dieng, alors ministre des Affaires et Services présidentiels de Diouf. Tout puissant ministre d’Etat, directeur de cabinet à la présidence, il a piloté la mise en place du premier gouvernement du Premier ministre Moustapha Niasse. D’ailleurs, c’est ce qui nous a valu la fameuse ministre de l’Education qui avait fini, faute de profil, par jeter l’éponge, occasionnant la risée du public.  Il devient ensuite Premier ministre et engage à ce titre les Chantiers de Thiès qui finiront par l’emporter. En cause, une supposée malversation portant sur 40 milliards de FCFA. Il sera finalement blanchi en raison sans doute de l’engagement décisif de Wade qui en a, en définitive fait un présidentiable. Pourtant, lui-même Idy s’était enfoncé en reconnaissant que « les grands bandits ne se battent qu’au partage du butin ». Wade en a fait un présidentiable en 2007 comme en témoigne son rang de deuxième. En dépit de tout cela, Idy, qui ne cessait de dire que tous les responsables du Pds sont des variables, Wade étant la seule constante, ne rate jamais l’occasion d’accabler Wade. Même si la rumeur accusait Idrissa Seck d’être mêlé à une affaire de d’importation frauduleuse de véhicules. Pourtant cette tenace rumeur accusait Idy d’entretenir des rapports suspects avec Jean Collin. Ce qui l’a épargné, pour eux, de la prison

A 97 ans, Wade ne méritait pas pour bon nombre de Sénégalais les attaques de Idrissa Seck. « On ne s’attaque pas à son bienfaiteur », commente ce cacique du PDS qui promet que son parti préfère répondre, pour le moment, par le mépris. Car, Idy, visiblement obnubilé par l’argent n’a quasiment jamais mouillé le maillot pour la cause de l’opposition. « Il s’est toujours complu dans la facilité », attaque à nouveau ce même cacique. Il ne devrait jamais rester un seul instant sans aller rendre visite à Wade qu’il a toujours considéré comme son père.

Rachid BARRO

Amadeus

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