Contrôles des Parrainages des candidats: Qui sont derrière ces heureux petits poucets…

Contrôles des Parrainages des candidats: Qui sont derrière ces heureux petits poucets…

Coup de tonnerre ! C’est, à coup sûr, le moins qu’on puisse des résultats du contrôle des parrainages qui comment à tomber. Nombre de personnalités à l’envergue politique très modeste ont passé le cap du contrôle face à des « doyens » comme Idrissa Seck. Et cela suscite moult interrogations qui frisent le soupçon d’une main invisible.

Le contrôle des parrainages opéré par le Conseil constitutionnel n’en finit pas de lâcher ces coups de tonnerre. Au fil du dépouillement, on va de surprises en déceptions au regard du profil des heureux gagnants et des célèbres recalés. Démarré le samedi 30 décembre dernier, le filtre des 7 sages a, à la surprise quasi-générale validé des candidatures qui font leur baptême du feu ou à l’envergure modeste. Qui, en effet, aurait pu parier que la candidate et présidente de l’Alternative pour la relève citoyenne (ARC), Anta Babacar Ngom validerait ses parrainages ? Sans doute, très peu se seraient risqués à un tel jeu. Même si la capitaine d’industrie a largement surfé sur la célébrissime cote de son père, Babacar Ngom, fondateur de l’entreprise avicole, SEDIMA. Elle a répondu victorieusement à la situation complexe des parrainages pour laquelle elle était donnée perdante. En attendant d’opérer sa deuxième aventure, celle de changer la politique, Anta Babacar Ngom savoure son passage au premier coup d’essai avec 45238 parrains validés dans 10 régions. Anta Babacar Ngom franchit ainsi une étape cruciale du processus électoral pour poursuivre sa marche vers le 25 février 2024.

La prouesse du professeur Daouda Ndiaye, Chef du département de parasitologie de l’université Cheikh-Anta-Diop à l’Université Cheikh Anta Diop est à ranger dans le même registre. Le candidat de la coalition « Président Daouda » est passé avec 46.656 parrains validés. Comme Anta Babacar Ngom, le professeur Ndiaye est candidat indépendant à l’élection présidentielle du 25 février prochain.

Stupéfaction

C’est aussi la stupéfaction devant la performance d’El Hadji Diouf, avocat et homme politique notoirement connu. Surmédiatisé par les affaires politiques qu’il se plaît à défendre et les plateaux de télévision, Me El Hadji Diouf, patron du Parti des travailleurs et du peuple (PTP) s’est présenté pour la dernière fois à une élection (législative) en 2007. Et n’eût été le plus fort reste, il ne serait pas devenu « le député du peuple », titre qu’il s’est affublé lors des événements du 23 juin 2011. Un autre passage donne à réfléchir : celui de Boubacar Camara, président du Parti de la construction et de la solidarité/ Jengu Tabax. Son passage au premier coup d’essai comme notamment ceux d’Anta Babacar Ngom et du professeur Daouda Ndiaye devant un ténor comme Idrissa Seck donne le tournis.

De tous les candidats, Idrissa Seck est le plus expérimenté et le plus titré. Il est sorti de l’anonymat, en 1988, quand Wade a décidé d’en faire son directeur de campagne. En 2000, c’est encore lui qui dirige la campagne victorieuse du Pape du Sopi. Arrivé aux affaires en 2000, Wade en fait la réplique de Ousmane Tanor Dieng, alors ministre des Affaires et Services présidentiels de Diouf. Tout puissant directeur de cabinet à la présidence, il a piloté la mise en place du premier gouvernement du Premier ministre Moustapha Niasse. Il devient ensuite Premier ministre et engage à ce titre les Chantiers de Thiès qui finiront par l’emporter. En 2007, il est candidat à la présidentielle face à Wade, réélu, et se classe deuxième devant Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse. En 2012, Idy est de nouveau candidat, mais la bataille contre le 3ème mandat de Wade ruine sa campagne. Il se relève en 2019 appuyé par une forte coalition et arraché la 2ème place derrière Macky Sall. Président du Conseil économique, social et environnemental où il dû démissionner et rompre son alliance avec le chef de l’Etat pour se présenter à la présidentielle. Une telle carte de visite politique qui s’effondre au premier contrôle suscite interrogations. Il en est, sûrement, de même pour la chute de Mamadou Diao dit Mame Boye. Il vient, certes, juste de mettre en place le mouvement politique qui porte sa candidature. Mais, Mame Boye s’est construit une indéniable envergure dans l’espace politique. Maire de Kolda depuis les dernières locales, Mame Boye a quasiment défié le chef de l’Etat en marquant son opposition à la candidature du Premier ministre Amadou Bâ. Une autre recalée fait fureur dans les débats. L’ancienne Première ministre, Aminata Touré doit reprendre à zéro le travail à Saint-Louis et valider plus 19 000 doublons externes. Autant dire que « c’est gâté » pour l’ex-tête de liste de Benno Bokk Yaakaar aux dernières législatives. Une grosse surprise au regard des deux dernières positions politiques (PM et tête de liste de BBY aux législatives) de Mimi Touré comparées au profil politique du Pr Daouda Ndiaye ou Boubacar Camara.

La déconvenue de Boun
Abdallah

Une autre chute intrigue les observateurs, celle de l’ancien Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne. Le candidat de « Dionne 2024 » a validé 36.000 parrains et est autorisé à régulariser 7000 parrains. C’est quasiment dans la poche. Mais que l’ancien PM de Macky Sall, en service pendant quatre ans tombe si facilement face aux petits poucets passe mal. Le renvoi au second tour de Mamadou Lamine Diallo de TEKKI et de Malick Gackou du Grand Parti a fini de jeter le trouble dans les esprits. Le dernier a validé 40 782 parrains et devrait encore régulariser un peu plus de 3000 parrains. « Nous allons donner 8000 autres parrains pour régulariser 3000.  Nous avons bien travaillé et je pense que nous allons pouvoir compléter sans problème », a indiqué son mandataire devant les médias. Il reste que le camouflet est une pilule amère. Mamadou Lamine Diallo, quant à lui, aura à chercher un peu plus de 5000 parrains. Son mandataire Alioune Ndiaye se dit confiant.

Comme on le voit, cette étape cruciale du processus électoral est porteuse de bizarreries frisant parfois le soupçon. Car nombre de nombreux admis au premier tour affichent une proximité sans fard avec le pouvoir. N’est-ce pas Me El Hadji Diouf ? Voilà qui donne à croire que ces poucets ont dû bénéficier de l’onction de la mouvance présidentielle. 

Etienne Ndiaye

Amadeus

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