Comores: des heurts éclatent à Moroni après l’annonce des résultats de la présidentielle
Des militaires ont été déployés à Moroni, après des incidents qui ont éclaté mercredi 17 janvier dans la matinée aux Comores. Des mouvements de contestation ont été constatés dans plusieurs points de la capitale en réaction à la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle, mardi avec la réélection du président Azali Assoumani. Alors que des observateurs internationaux avaient jugé le scrutin globalement libre et transparent, l’opposition et une partie de la population ont commencé à manifester leur désaccord.
Mercredi matin, à partir de 10 heures locales environ (7h TU, 8h Paris), des mouvements de contestation ont été constatés dans plusieurs points de la capitale.
Des militaires essuient des jets de pierre à côté d’une maison et disent aux gens de rentrer chez eux. « La population n’est pas contente. À cause des élections, qui sont truquées, c’est une mascarade », dit un passant à proximité du marché de Volo Volo, interrompu par une voiture remplie de policiers roulant à toute allure et en klaxonnant.
Alors que les observateurs de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et de l’Union africaine (UA) ont jugé le scrutin libre et transparent, l’opposition conteste les résultats et dénonce un processus électoral acquis au président sortant Azali Assoumani, qui aurait obtenu 62,97 % des voix. Des incohérences dans les chiffres de la participation annoncés mardi sont venus renforcer les accusations de fraude massive de l’opposition.
Situation volatile et incidents à divers points
Quelques heures après le début des échauffourées, la situation reste très volatile mais la forte tension du matin est retombée près du grand marché de Volo Volo. Des incidents sont toutefois régulièrement rapportés à divers points de la capitale – que ce soit dans le quartier de la Coulée, à la place de l’Indépendance – ou encore dans la ville d’Ikoni. Cela avec des mouvements de protestation qui éclatent puis retombent.
Les militaires, la police et la gendarmerie sont déployés en nombre et sillonnent la ville. Il a eu des tirs de gaz lacrymogènes, les manifestants ont installé des barricades avec des branches ou des pneus à divers endroits, notamment sur la route qui mène à l’aéroport. Un important dépôt de sac de riz a aussi été pillé.
Des pneus sont érigés en barricade. « Il y avait des élections ici aux Comores, le président Azali Assoumani a pris les votes, et c’est pour cela qu’on descend dans la rue », explique une manifestante.
L’Hôpital national central cherche à se « sécuriser » pour recevoir d’éventuels blessés
Un employé de l’Hôpital national principal, à côté du marché, explique que « dans la capitale, il y a un regroupement. Donc au niveau de l’hôpital, notre travail est de sécuriser ce qu’il y a en face, on est apolitique, mais c’est surtout de sécuriser, au cas où il y ait des blessés et pour les malades qui sont là. »
Les actions semblent pour l’instant s’agir de mouvements spontanés d’habitants en colère qui estiment que les résultats de la présidentielle annoncés ont été truqués.
Depuis ces annonces, aucun des cinq candidats d’opposition n’a pris la parole publiquement… Des cadres des partis d’opposition ont pris la parole pour dénoncer avec vigueur les chiffres, mais sans lancer d’appel à l’émeute.
Jointe par RFI, une source gouvernementale estime que l’opposition n’a pas digéré sa défaite et explique que des arrestations ont eu lieu mercredi matin, sans préciser de chiffres.