Magal de Porokhane : Sonkhna Diarra, ou la commémoration d’une femme sainte

Magal de Porokhane : Sonkhna Diarra, ou la commémoration d’une femme sainte

La ville sainte en est à l’édition 2023. Il s’agit bien de rendre hommage à Sokhna Diarra, la seule femme dans l’histoire de l’Islam, à notre connaissance, à bénéficier d’une Ziarra (Magal) et d’une telle aura. C’est la Sainte Mère du Vénéré Khadimou Rassoul. Plongée dans la vie de la femme qui inspire la fois en Dieu.

La seule évocation du nom de Sokhna Mame Diarra Bousso renvoie à une journée spéciale consacrée à sa célébration, son hommage pour service éternel rendu à la religion musulmane et à la confrérique mouride de par ses vertus, son obéissance fascinante et son exemplarité dans la pratique religieuse et sociale chez Mame Mor Anta Sali. Ce, en 33 ans d’existence,  (1833-1866), dans ce bas monde. Elle, c’est le mère du fondateur du mouridisme : Cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul. Son histoire tant racontée enseigne à plusieurs générations qu’elleest l’objet d’une haute considération et d’une dévotion particulière de la part des membres de la confrérie des mourides. Une célébration annuelle  dénommée « Magal » comme le Grand Magal de Touba – lui est dédiée à Porokhane, une localité proche de Nioro du Rip dans la région de Kaolack, où elle mourut à l’âge de 33 ans. Ce pèlerinage est le seul dédié à une femme au Sénégal. Il attire chaque année des milliers de disciples, surtout des femmes, qui visitent son mausolée et plusieurs autres lieux saints. Porokhane, la ville sainte grouille déjà de monde. Ici, toutes activités confortent l’ambiance de cette fête qui permet de connaître mieux encore cette fille de Sokhna Walo Bousso. L’importance qu’elle accordait au livre saint, le Coran, se justifie par le nombre de « Haafisat » qui portent son nom aujourd’hui au Sénégal », produits par un grand institut coranique bien bâti dans son fief. Des Mame Diarra, il y en a des milliers qui suivent et imitent leur défunte référence dans sa sagesse, sa bonté sa soumission aux ordres de l’érudit-père de Bamba. Elles sont inspirées par la fille de Serigne Mouhammadou BOUSSO, arrivée au monde en 1833 à Golléré dans le Fouta, et a consacré exclusivement durant toute sa brève et symbolique vie sur terre à suivre scrupuleusement les recommandations édictées par l’Islam à l’Homme d’une manière générale et particulièrement à la Femme. Mame Diarra Bousso est descendante également de par son père, d’une lignée chérifienne remontant jusqu’à l’Imam Hassan fils de Ali, fils de Abu Talib. A bas âge, elle mémorise le coran. C’est certainement ce qui oblige tout père dont la fille porte le nom de Mame Diarra à la transmettre ses valeurs corniques. Puisque Sokhna Diarra BOUSSO ne mit pas trop de temps pour mémoriser tout le Saint-Coran à l’âge de 10 ans avant de rédiger son premier Muçhaf (mémoire du Saint-Coran) à l’âge de 14 ans. Ses études en sciences religieuses telles que la théologie et la jurisprudence islamiques bouclées à 19 ans lui permirent d’entamer la science du Soufisme, pourtant, pas tellement pratiquée à l’époque dans la sous-région notamment chez les Femmes. De ce parcours, découle le sens du Magal de Porokhane qui consacre son œuvre monumentale sur terre en 33 ans d’existence. Cette année encore le monde mouride et tout musulman qui le souhaitent convergent vers cette contré du Saloum dans le département de Nioro, pour l’occasion. Et pendant trois jours cette localité va mouvoir dans une ferveur extraordinaire. Ici, tout comme dans les autres villes environnantes et villages, les cours sont suspendus dans les écoles et les lycées. Et célébrer cette sainte femme Mame Diarra en vaut le coup.

Ameth Seck

Pour la petite l’histoire…

La détermination de la date à laquelle il se tient est du ressort de la famille de Serigne Bassirou MBACKE, évidemment avec l’aval du Khalife Général des Mourides. D’ailleurs, nous tenons d’une voix autorisée, Serigne Bassirou MBACKE Ibn Serigne Moustapha Bassirou, plus connu sous le surnom de Serigne Bass Porokhane la relation de l’historique de cette grande ziarra, assortie d’une intéressante description des lieux. Le Mausolée de Mame Diarra est le centre de gravité de Porokhane dont il fait d’ailleurs la renommée. L’illustre sainte y fut inhumée vers 1866. Le village était retombé dans l’oubli après la mort de Maba Diakhouen 1867 : tous les guerriers et chefs religieux qui avaient participé à sa Djihad avaient regagné leur terre d’origine et Mame Mor Anta Sally, père du fondateur du mouridisme que Maba avait installé à Porokhane avec sa famille, était retourné au Cayor avec Lat Dior. Parmi les rares personnes qui étaient restées sur le terroir, il y avait un certain Cagny, d’éthnie ouolof. Chaque nuit, une lumière lointaine lui apparaissait à l’Ouest de sa maison. Quand en 1912, Cheikh Ahmadou BAMBA revint de sa déportation en Mauritanie, Cagny se rendit auprès de lui à Diourbel pour s’en ouvrir à lui de ce phénomène. Le Cheikh lui fit, ainsi qu’à ses compagnons de voyage, une description de tous les objets qui matérialisaient la tombe de Sokhna Diarra. Aussitôt celle-ci localisée, sur la base des indications fournies par le Cheikh, Cagny n’eut plus ses visions. Par la suite, Cheikh Ahmadou BAMBA dépêcha son fils, le savantissime Serigne Bassirou sur les lieux. La tombe fut entourée de piquets en bois et, chaque année, Serigne Bassirou revint s’y recueillir. Après le rappel à Dieu du Cheikh, une dizaine de ses talibés habitant le Saloum demanda à Serigne Bassirou l’autorisation d’organiser un Magal (commémoration) à Porokhane. C’était le point de départ d’une manifestation annuelle qui allait connaître la fantastique ampleur que nous observons aujourd’hui. Serigne Bassirou fit construire une concession dans le village et, en 1952, il y dirigea personnellement son premier magal. Lorsqu’en 1966 Serigne Bassirou disparut, son fils aîné Serigne Moustapha Bassirou prit le relais. Il donna une nouvelle impulsion au Magal de Porokhane. Il commença par réorganiser le village. Ensuite il fit reconstruire le mausolée, d’abord en 1971 et une seconde fois en 1983 (c’est l’édifice tel que nous le connaissons aujourd’hui.) Déjà en 1970 il y avait fait construire une résidence. C’est en 1983 que fut érigée la majestueuse mosquée qui jouxte le Mausolée. Rappelé à Dieu en Septembre 2007, ce grand exploiteur agricole et fervent érudit de l’Islam a été succédé au Khalifat par Serigne Mountaga Bachir MBACKE.

Source ToubaWeb

Amadeus

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