Macky Sall réaffirme la tenue des élections présidentielles à date prévue…
Alors que l’éventualité d’un report du scrutin est de plus en plus souvent évoquée, le chef de l’État sénégalais a réaffirmé le 26 janvier aux leaders de Benno Bokk Yakaar (BBY) qu’il se tiendra bel et bien à la date prévue.
« Il n’y a pas de problèmes. Il faut organiser l’élection. Nous tiendrons les dates », a de nouveau affirmé Macky Sall lors d’une réunion des membres de la conférence des leaders de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar (BBY), alors que le spectre d’un report de la présidentielle de février prochain plane toujours. Jeune Afrique, rapporte que les chefs de parti de la majorité, dont Moustapha Niasse (Alliance des forces de progrès, AFP), Aminata Mbengue Ndiaye (Parti socialiste, PS) ou encore Nicolas Ndiaye (Ligue démocratique, LD), ont été convoqués en urgence dans la soirée du 26 janvier. La veille, le bureau de l’Assemblée nationale, dominé par le camp au pouvoir, avait déclaré recevable la demande de constitution d’une commission d’enquête parlementaire réclamée par le Parti démocratique sénégalais (PDS), la formation de l’ancien chef d’État Abdoulaye Wade.
« Précédent dangereux »
Le projet de résolution du parti libéral a depuis été adopté par la commission des lois du Parlement et devrait être examiné en plénière ce 31 janvier par l’ensemble des députés de l’Assemblée nationale. Si la résolution est votée, l’hémicycle devra enquêter sur les allégations de « conflits d’intérêts » de « corruption » et de « collusion » émises par le PDS à l’encontre de deux des sept sages du Conseil constitutionnel.
Selon cette formation, les juges Cheikh Tidiane Coulibaly et Cheikh Ndiaye auraient écarté Karim Wade de la course à la présidentielle afin de « faciliter l’ascension du très impopulaire Premier ministre Amadou Ba« . « Cette situation inédite porte atteinte à notre démocratie et à l’intégrité du prochain scrutin », a affirmé le 22 janvier le PDS dans une déclaration, avant d’exiger de Macky Sall la révocation de son chef de gouvernement qui « utilise son pouvoir pour manipuler l’élection et éliminer des candidats ».
Dans un communiqué, l’Union des magistrats sénégalais (UMS) a dénoncé le 29 janvier « une démarche attentatoire au principe de la séparation des pouvoirs et constitutive d’un précédent dangereux pour l’indépendance de la justice ». Quant au Conseil constitutionnel, il affirme vouloir que « toute la lumière soit faite dans le respect des procédures constitutionnelles et légales régissant les relations entre les institutions ». Cheikh Ndiaye, l’un des juges incriminés, a porté plainte contre X pour « outrage à magistrat, diffamation, discrédit sur une décision de justice ».
Amadou Ba, toujours contesté ?
Ce n’est pas la première fois que Macky Sall prend la parole au sujet des rumeurs de report de la présidentielle qui agitent la classe politique depuis plusieurs jours. Au lendemain d’une rencontre avec un collectif des candidats recalés par le Conseil constitutionnel qui réclament une reprise du contrôle des parrainages, la présidence avait rappelé dans un communiqué que « le Conseil constitutionnel, par sa décision du 20 janvier 2024, a déjà proclamé la liste définitive des candidats admis à se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024 ». Et d’ajouter que les décisions de la plus haute juridiction « ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles ».
Lors de la rencontre avec les membres de la conférence des leaders de BBY, le chef de l’État sénégalais n’a pas fait qu’aborder la question du report de la présidentielle. Il a également invité les cadres de la coalition au pouvoir « à mouiller le maillot sur le terrain » pour la victoire du Premier ministre Amadou Ba. « Notre candidat n’est pas difficile à vendre sur le terrain. Il y a une grande différence entre lui et les autres », a-t-il insisté, alors qu’une frange de la majorité présidentielle continue de contester la légitimité du chef du gouvernement. Notamment Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme, qui a publiquement désavoué le candidat de la majorité présidentielle. « Les gens doivent aller voir [Macky] et lui dire que son choix n’est pas le bon et qu’il doit en choisir un autre. Vous le voyez vous-même, pensez-vous que son choix est actuellement efficace ? Non, il ne prend pas », a-t-il affirmé fin décembre sur la chaîne de télévision privée TFM.