Présidentielle 2024: L’impossible report…
L’agenda caché d’une frange importante des libéraux et des apéristes commence à se révéler. Cette masse de députés veut le report de la Présidentielle en actant une commission d’enquête sur les conditions dans lesquelles Karim Wade a été éliminé de la course. Que cache une telle posture ?
Si on interroge l’histoire récente de la politique au Sénégal, on se rend compte de 1963 à aujourd’hui aucune présidentielle n’a été reportée. Même les troubles de 1962 opposant le camp de Mamadou Dia à celui de Senghor n’ont pas poussé les autorités sénégalaises à tendre vers un report. L’épisode douloureuse 1993 marquée par l’assassinat du Vice-Président du Conseil Constitutionnel Me Seye et la démission du juge Kéba Mbaye, les élections sont allées jusqu’ à terme. En 1968, le Sénégal a connu des périodes très agitées, mais la République est restée debout. Quels que soient les soubresauts qui ont émaillé la marche des joutes électorales, le Sénégal n’a jamais repoussé une élection présidentielle fixée par la Constitutions sénégalaise. Les consciences s’interrogent : la candidature avortée de Karim Wade doit-elle nous conduire à un report de la Présidentielle ? Un tel report ne peut objectivement se justifier : aucune catastrophe, pas d’instabilité et ni décès d’un des 21 candidats. Qu’est-ce qui motive les acteurs politiques à vouloir repousser une Présidentielle aussi cruciale dans la marche du Pays ? Des personnalités politiques opposent leur véto.
Khalifa Sall: « On ne reporte pas une élection à moins d’un mois… »
« C’est ma position personnelle et on ne reporte pas une élection à moins d’un mois. Nous sommes à moins d’un mois du scrutin. Ce serait sur quelle base ? Qu’est-ce qui conduirait, qu’est ce qui justifierait, qu’est ce qui expliquerait un report ? J’aimerais bien en avoir les raisons. Parce que c’est ça le vrai problème, qu’est ce qui le justifierait ? », a déclaré le leader de Taxawu Sénégal, interviewé ce mercredi par Rfi. Le leader politique exprime néanmoins sa solidarité à Karim Meïssa Wade éliminé de l’élection présidentielle 2024 à cause de sa double nationale. « Nous sommes solidaires de tous les combats que nos amis, nos frères et nos camarades de lutte mènent pour préserver, protéger leurs droits. Karim doit participer, devait participer à cette élection. Qu’il puisse se battre aujourd’hui est normal et nécessaire et compréhensible », a-t-il fait savoir.
Guy Marius Sagna: « Si Macky Sall reporte l’élection, on mettra en place un gouvernement parallèle »
Guy Marius Sagna a promis de « mettre en place un gouvernement parallèle » si Macky Sall reporte l’élection. « En 2012, Macky Sall avait dit à Abdoulaye Wade qu’il allait mettre en place un gouvernement parallèle s’il reportait l’élection. Nous, le 02 avril, on ne lui donnera pas une seconde. S’il reporte l’élection, le 03 avril, il ne sera plus notre président. Ce qu’il disait en 2012, on va le faire. On mettra en place un gouvernement parallèle. Non au report », a-t-il laissé entendre ce 31 janvier.
Le député Bara Gaye de Yewwi askan wi (opposition), a estimé qu’à ce stade, »il n’est plus possible de reporter les élections », se disant malgré tout »favorable » à la mise en place de cette commission d’enquête parlementaire.
Le processus électoral revêt certes des failles perceptibles par tous ou par certains, mais le calendrier républicain ne doit pas en pâtir. Présentement, le matériel électoral est à point, les 150 millions de bulletins de vote en cours d’impression, des milliers de bureaux de vote déjà répertoriés. Le processus électoral est irréversible à moins d’un mois de la Présidentielle 2024. C’est pourquoi nous ne comprenons pas cette propension qu’ont certains à poser des débats factices, au moment où des urgences se posent à tous.
Le processus électoral est enclenché et suit son cours. Rendez-vous est ainsi pris pour le 25 février 2024. Un jour historique dans la perpétuelle construction de notre Démocratie.
M. R. Dia
