Scène politique agitée-sa démission annoncée: Le silence troublant d’Amadou Bâ…

Scène politique agitée-sa démission annoncée: Le silence troublant d’Amadou Bâ…

En dépit du vacarme né de la mise en place de la commission d’enquête parlementaire, Amadou Bâ reste de marbre. Mieux, il déroule son agenda dans un silence qui commence à être troublant, alors que les proches du président vont jusqu’à prêcher le report du scrutin. On annonce même sa démission.

C’est toujours le calme dans le camp du Premier ministre, Amadou Bâ. Rares sont les voix qui s’élèvent dans l’entourage du candidat de la majorité. Sauf celle de son conseiller spécial Cheikhou Oumar Sy, ancien député de Bës Du Nakk. Autrement, le PM garde le silence, en dépit de la clameur née de la mise en place de la commission d’enquête parlementaire qui secoue encore les chaumières. En dehors de Cheikhou Oumar Sy, aucun partisan d’Amadou Bâ ne signale dans l’espace public, encore moins Amadou Bâ lui-même. Ce silence est assez troublant, même si le candidat de la majorité est loin d’être une « bête » des plateaux de télévision. Amadou Bâ parle rarement, c’est une de ses marques de fabrique. Pourtant, la scène surréaliste qui s’est jouée mercredi dernier à l’assemblée nationale est trop grosse pour le laisser  de marbre. Au lendemain de l’invalidation de la candidature du Parti démocratique sénégalais (PDS), Karim Wade s’en est violemment pris à Amadou Bâ. « Cette polémique stérile et dangereuse alimentée par Thierno Alassane Sall pour gagner en visibilité et agissant pour le compte du très peu courageux Premier ministre Amadou Bâ, spécialiste des coups bas, se termine enfin », attaque le fils de l’ancien président Wade. « Amadou Bâ, dont le manque de témérité face à la confrontation est désormais évident, doit cesser ces manœuvres déloyales », accuse Wade-fils. Karim Wade réagissait ainsi à la suite de l’invalidation de sa candidature par le Conseil constitutionnel à cause de sa double nationalité. La seule fois qu’Amadou Bâ est sorti de sa réserve remonte à son interview avec RFI et France 24. « Je regrette qu’il ait eu cette attitude et ces propos à mon endroit. Je pense que je n’ai pas besoin d’user de certaines pratiques pour m’opposer à la candidature de Karim Wade. Je pense que, politiquement, tout a été fait pour que Karim Wade soit candidat. Le Conseil constitutionnel en a décidé autrement et le recours n’a pas été fait par moi, je suis désolé. Je regrette, je ne suis pas du tout à la manœuvre », répond-il au fils de l’ancien président sénégalais. « Je pense qu’il a été mal informé, mais je pense que c’est une affaire qui est oubliée, qui est dépassée », poursuit-il. Il ne se doutait, visiblement, pas de la suite que les libéraux appuyés par Benno Bokk Yaakaar allaient donner à cette affaire. Juste après la réaction de Karim Wade sur les réseaux sociaux, 24 députés libéraux déposent sur le bureau de l’assemblée nationale une demande de mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. Ils accusent le Conseil constitutionnel de « conflits d’intérêts et de corruption » et insinuent que la main du PM n’y est pas étrangère.

Parlementaires de la majorité en phase avec les libéraux

Le mercredi dernier, la commission d’enquête a été installée et dans les débats, les parlementaires de la majorité disent être en phase avec les libéraux pour laver leur candidat Amadou Bâ. La clameur parfois entretenue par Benno va jusqu’à évoquer un possible report de la Présidentielle, une motion de censure ou une dissolution du Conseil constitutionnel. Amadou Bâ reste de marbre. Comme du reste,  il a été face aux attaques de Mame Mbaye Niang, ministre du Tourisme qui, sur le tableau de la TFM, télévision privée, a dit ne pas soutenir Amadou Bâ. D’autres caciques comme Souleymane Jules Diop, Délégué permanent du Sénégal auprès de l’Unesco, Abdoulaye Bibi Baldé, ex-DG de la Poste et récemment Thérèse Faye, ont ouvertement exprimé leur inquiétude au sujet du candidat Amadou Bâ ou se sont opposés à lui en demandant le report du scrutin.

Amadou Bâ combattu de l’intérieur

Pourtant, Amadou Bâ n’a pas choisi d’être candidat. Il n’avait jamais dit être candidat. C’est le chef de l’Etat, fort d’une carte blanche de sa coalition qui a désigné le PM après une longue période de tergiversation de plus d’un mois. D’ailleurs, candidat malheureux à la candidature de Benno, Mahammed Boun Abdallah Dionne a révélé être en tête de l’évaluation des candidatures, sans doute, victime du choix « de la raison », selon Macky Sall.

Face à cette situation où le parti au pouvoir donne l’impression d’être dans l’opposition, Amadou Bâ, sans doute, sevré de l’union sacrée normalement attendue, continue de dérouler son agenda. Juste après sa tournée économique, il a mis en place son task force. Mais, parallèlement, un autre agenda semble se dérouler au palais où Alioune Tine de Afrika Jom Center a vu les portes de la présidence s’ouvrir devant lui. Un peu avant, Alioune Tine qui appelait à un énième dialogue a essuyé les attaques du chef de l’Etat qui voyait dans ses agissements un politicien encagoulé.

Que cherche Macky Sall en s’ouvrant à Alioune Tine, partisan d’un nouveau dialogue ? Nombreux sont ceux qui voient dans cette disponibilité une façon de mettre de l’eau au moulin des partisans du report. Sa démission est  annoncée. Elle surviendra dans les heures qui viennent. D’ailleurs, le Bureau de l’ Assemblée Nationale est convoqué ce matin à 10 heures. Il s’agira pour le Président Amadou Mame Diop de livrer des informations dans un contexte particulier où se trament au sommet un report, un gouvernement d’ Union Nationale de transition pour une durée de 2 ans. Il s’ y ajoute que des tractations souterraines sont en train d’être faites pour organiser un autre dialogue national. Le mutisme de Amadou Bâ étonne. On y verra plus clair avec la déclaration ce samedi 3 février du Président de la République.  

Amadeus

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