Et si notre classe politique nous épargnait les malaises d’élections ? (Imam Makhtar Kanté)
Après avoir reçu les délégués des « recalés », le président Macky Sall leur dit de respecter les décisions du Conseil constitutionnel. Et certains délégués comme Gadio ont même dit qu’il n’a pas été question de report de l’élection lors de cette rencontre. Soit.
Les états-majors des partis les plus représentatifs du pouvoir comme de l’opposition étaient pour la tenue de l’élection à date échue. Soit.
Il en vient qu’il n’y a pas eu une demande politique majoritaire de report de l’élection présidentielle et que le seul élément qui a « motivé » le décret pris par le président Macky Sall pour arrêter le processus électoral est une accusation de soupçons de corruption visant deux membres du Conseil constitutionnel.
Le problème est que cette accusation de soupçons de corruption n’a été brandie que lorsque la candidature de Karim Wade a été invalidée…Ce qui laisse supposer que dans le cas où ladite candidature avait été validée, cet élément (accusation de soupçons de corruption) n’aurait pas été brandi !
C’est ce qu’il s’est passé en vérité car, à supposer qu’il y a eu corruption au sein du Conseil constitutionnel, il ne faut pas oublier qu’il avait validé la candidature de Karim Wade et que c’est seulement après réclamation du candidat Thierno Alassane Sall que celui-ci (le Conseil constitutionnel) est revenu sur le dossier pour finalement invalider la candidature du candidat Karim Wade.
Il en vient que s’il y a eu corruption pour invalider la candidature du candidat Karim Wade, cela s’est passé à la suite de la réclamation du candidat Thierno Alassane Sall. Diantre. On nous prend pour des demeurés ou quoi ? Mais oui, car c’est TAS qui aurait alors corrompu les deux mis en cause pour qu’à leur tour ils influencent la décision de leurs collègues en défaveur du candidat Karim Wade. Mille fois diantre.
Pour ce qui est du cas de la candidate Wardini, puisse que la chose a été « découverte » après la validation des listes par le Conseil constitutionnel, il aurait juste suffi que celui-ci statue sur le cas et prenne une décision. Donc là aussi, pas besoin ni nécessaire de prendre un décret d’abrogation comme celui que le président Macky Sall vient de prendre.
Pour finir, disons qu’à notre avis, la vraie crise, elle est là : ce décret d’abrogation du président de la république qui sape les prérogatives du Conseil constitutionnel et ternit son image devant l’opinion publique. Nous avons une classe politique, avec des exceptions bien sûr, prête à tout face à des décisions de justice qui ne s’alignent pas sur ses desiderata. Mais c’est la classe politique que nous méritons, il ne faut pas faire semblant de croire qu’elle vient de nulle part. Quand nous déciderons de changer en tant que peuple comme nous y invite le Coran, pour le meilleur, alors nous aurons une classe politique à la hauteur de nos aspirations légitimes de bonne gouvernance, de justice et de paix.
Plaise à Allah (SWT) de nous aider à changer pour le meilleur.
Imam Makhtar Kanté