Annulation de la Présidentielle du 25 février : Le Sall coup de force…
Les citoyens sénégalais devaient se rendre aux urnes le 25 février prochain pour choisir leur 5ème président de la République, ça ne sera pas le cas. Alors que tout était au point pour le démarrage de la campagne électorale, le président de la République, Macky Sall, a lors d’une adresse à la Nation, ce samedi, décidé d’arrêter le processus électoral en signant «le décret n°2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n°2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral». Macky Sall justifie son acte par une crise entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel.
C’est une situation inédite. Pour la première fois dans l’histoire politique du pays, la Présidentielle ne va pas se tenir à date échue. Alors que la campagne électorale devait démarrer ce dimanche et la Présidentielle se tenir le 25 février, Macky Sall a pris une décision qui arrête tout le processus électoral. En effet, dans une adresse à la Nation, le chef de l’Etat a signé «le décret n°2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n°2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral». Macky Sall a, lors de son allocution, justifié son attitude. Il dit : «Alors que s’annonce l’élection présidentielle du 25 février 2024, notre pays est confronté, depuis quelques jours, à un différend entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel, en conflit ouvert sur fond d’une supposée affaire de corruption de juges.»
Poursuivant ses propos, M. Sall soutient que «l’Assemblée, se fondant sur ses prérogatives, a décidé, par Résolution en date du 31 janvier 2024, de mettre en place une Commission d’enquête parlementaire pour éclairer sur le processus de vérification des candidatures et sur tout autre fait se rapportant à l’élection». Dans la même dynamique, il rappelle que le Conseil constitutionnel, dans «son communiqué du 29 janvier 2024 signé par tous ses membres, a réfuté les allégations portées contre lui, tout en prenant la mesure de la gravité des accusations, et en tenant à ce que toute la lumière soit faite dans le respect des procédures constitutionnelles et légales régissant les relations entre les institutions, notamment la séparation des pouvoirs et le statut de ses membres». Selon Macky Sall, «à cette situation suffisamment grave et confuse, est venue s’ajouter la polémique sur une candidate dont la binationalité a été découverte après la publication de la liste définitive des candidats par le Conseil constitutionnel». Ce qui, tient-il à préciser, «constitue une violation de l’article 28 de la Constitution, qui dispose que «tout candidat à la présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise»». Analysant la situation, le président de la République, qui devait normalement terminer son mandat le 2 avril prochain, estime que «ces conditions troubles pourraient gravement nuire à la crédibilité du scrutin en installant les germes d’un contentieux pré et postélectoral».
Toujours dans la posture de justifier sa décision, M. Sall fait remarquer que le pays, qui «porte encore les stigmates des violentes manifestations de mars 2021 et de juin 2023, ne peut pas se permettre une nouvelle crise». En outre, il a déclaré qu’en sa «qualité de président de la République, garant du fonctionnement régulier des Institutions, et respectueux de la séparation des pouvoirs», il ne saurait «intervenir dans le conflit opposant le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire». Et de préciser : «Devant cette situation, l’Assemblée nationale, agissant en vertu de ses prérogatives, m’a saisi, pour avis, conformément à son Règlement intérieur, d’une proposition de loi constitutionnelle en procédure d’urgence portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution.
J’ai pris acte de cette saisine après avoir consulté le président de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, la présidente du Haut-conseil des collectivités territoriales, le président du Conseil économique, social et environnemental, et le président du Conseil constitutionnel.» Si le report de l’élection est acté avec cette décision, le président de la République n’a pas donné de date pour la tenue de la Présidentielle. Macky Sall a cependant annoncé «un dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive dans un Sénégal apaisé et réconcilié».
Par la même occasion, il a réitéré son engagement de ne pas se présenter à l’élection présidentielle.
dkane@lequotidien.sn