À Gaza, les ONG tirent la sonnette d’alarme sur le manque d’aide humanitaire et le risque de famine
Alors qu’un accord sur cessez-le-feu n’a toujours pas été trouvé, 2,2 millions de personnes – soit près de la totalité des Gazaouis – sont menacés de famine. Les ONG estiment qu’il faudrait environ 500 camions d’aide humanitaire par jour pour subvenir aux besoins de la population, contre environ 80 actuellement. Face aux difficultés d’acheminement par voie terrestre dans le territoire bouclé par Israël, les États-Unis, la France et la Jordanie mènent des largages aériens de l’aide.
Des aides qui tombent du ciel : l’opération est spectaculaire, mais son résultat beaucoup moins. Sur les réseaux sociaux, des vidéos de Gazaouis épuisés sur des barques, tentant de repêcher des colis alimentaires échoués en pleine mer, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa.
« Ce n’est pas le plus grave », estime Mohamed, un habitant du nord de la bande de Gaza : « Des avions, apparemment jordaniens, ont parachuté de l’aide. Mais l’aide a fini dans un bassin d’assainissement où se déversent les eaux usées de Gaza. C’est près du point de passage d’Erez, à la frontière entre Israël et Gaza. Malheureusement, nous n’avons rien pu récupérer ».
Des aides qui ont atterri en territoire israélien
L’armée israélienne le confirme : une partie de cette aide a même atterri en territoire israélien. À Rafah, Asma est en colère : « Les Gazaouis sont traités comme du bétail », dit-elle. « Normalement, ils savent où ils doivent parachuter les aides humanitaires. Mais les faire tomber comme ça dans le mer… C’est n’importe quoi ! Nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des êtres humains », s’insurge Asma.
La jeune femme n’en veut pas aux pays qui tentent d’aider les Gazaouis à travers ces largages aériens. Mais c’est contre la situation humanitaire désastreuse qu’elle s’insurge. Israël qui limite drastiquement l’entrée de l’aide par voie terrestre « afin qu’elle ne soit pas récupérée par le Hamas », dit réfléchir à un nouveau mécanisme d’acheminement et de distribution.
Des conditions désastreuses pour les enfants gazaouis
L’Unicef alerte sur la condition des enfants gazaouis. Aujourd’hui, dans le nord de Gaza, près d’un enfant sur cinq souffre de malnutrition, rapporte Salim Oweis porte-parole de l’Unicef au Moyen-Orient.
« Gaza est l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant. Après quatre mois et demi de violence ininterrompue, nous avons assisté à un pic de malnutrition, ce qui est vraiment dramatique. Aujourd’hui, dans le sud de la bande de Gaza, le taux de malnutrition infantile est de 5% et dans le nord de la bande de Gaza, il atteint les 16%. Il s’agit d’un bond très important auquel s’ajoutent les maladies qui commencent à se répandre, notamment la diarrhée et l’hépatite. Tout cela forme une combinaison mortelle pour les enfants, mettant leur vie en danger. Malheureusement, au début, nous craignions une catastrophe humanitaire. Nous y sommes aujourd’hui. La situation humanitaire ne cesse de s’aggraver. »
Selon Salim Oweis, ce dont les enfants ont besoin, c’est avant tout d’un cessez-le-feu immédiat, mais aussi, en l’absence de cessez-le-feu, d’un accès humanitaire total. « Plus nous attendons, plus la situation s’aggravera et plus, il sera difficile d’y faire face. »
Gaza et la sécurité alimentaire lors de la conférence de la FAO à Amman
La destruction des terres arables à Gaza et le risque de famine dans l’enclave palestinienne Gaza, voilà comment le présent de la FAO – l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture – a lancé la 37e conférence de l’ONU sur l’alimentation et l’agriculture en Jordanie, rapporte notre correspondant à Amman, Mohamed Errami.
« Aujourd’hui sur le terrain, nous avons réellement besoin de savoir comment résoudre ce dilemme, comment faire en sorte que l’aide soit apporté aux populations par l’intermédiaire de la FAO, qui est directement concernée par le secteur agricole, explique Abbas Hajj Hassan, ministre libanais de l’Agriculture. À ce stade, la sécurité alimentaire passe par la fin des guerres est donc cette question est politique. Aujourd’hui, à la FAO, nous disons d’une seule voix que plus nous réduirons les massacres, la destruction et l’oppression – que ce soit dans la bande de Gaza ou ailleurs – mieux nous assurerons la sécurité alimentaire. »
« Je crois qu’il y a une mission principale pour la FAO, c’est la sécurité alimentaire, a estimé Riad Attari, ministre de l’Agriculture de l’Autorité palestinienne. Il faut faire pression sur Israël pour que l’on puisse mieux aider la bande de Gaza. Il faut aussi que la FAO, ainsi que toutes les institutions et les pays concernés commencent à élaborer des plans pour soutenir le secteur agricole de Gaza qui a tant souffert. »
La 37e conférence de la FAO se poursuit ce mardi 5 mars.