Ramadan et cherté des produits : plaintes et complaintes des clients
Au Sénégal, Ramadan rime aussi avec une alimentation hygiénique et de qualité dans les marchés. Et s’approvisionner en denrées de première nécessité plonge vendeuses et Clients dans une éternelle discussion du prix. Eux tous pleurnichent de la cherté des produits. Les raisons…
Jeûner pendant toute une journée oblige également le fidèle musulman de bien s’alimenter le soir pour combler un gap énergétique. De ce fait, c’est la croix et la bannière de s’approvisionner en produits de qualités dans les marchés. Généralement, c’est une longue discussion entre commerçants et Clients. Au marché Dior des Parcelles Assainies, une visite inopinée permet à nos soins de s’enquérir de l’ambiance et la situation commerciale durant ce mois béni. Sophie, une commerçante veille sur son étal garni de légumes et autres produits très prisés par les ménagères. Elle explique que les légumes se font un peu rares dans le marché. Raison pour laquelle, les prix sont élevés. Chaque fois, elle se rend au marché de Gueule Tapée ou à Thiaroye pour s’en procurer. Tous ces efforts qu’elle fournit et les dépenses supplémentaires comme le transport, elle ne peut pas ne pas élever le coût pour se faire ensuite un peu de bénéfice. Voilà ce qui est à l’origine de la cherté des légumes. Encore que la clientèle se fait un peu rare du fait de ce mois béni et le changement des menus. Quant au prix, il varie selon le produit visé. « La carotte par exemple est à 400F ou 300F le kilo, la patate à 350F le kilo, l’aubergine à 250F le kilogramme. » Sophie précise d’ailleurs que « le piment vert communément appelé « Sofia » est plus cher. C’est 2500F le kilo. Il y a aussi le poivron qui coûte 700F le kilo. Ce légume a connu une hausse car il devient rare dans le marché. Avant le ramadan nous en avions beaucoup et le prix avait connu une baisse considérable. » Pour mieux satisfaire ses clients cette grande dame, appelle les maraîchers à l’indulgence. Pour elle, « ils doivent revoir leurs prix en gros. » Plus loin, dans ce brouhaha matinal, du Marché Dior, Marie une aitre commerçante étale ses tentacules. Elle déclare « qu’il n’y a pas de manque de légumes dans le marché. Mais c’est les clients qui ne viennent presque plus à cause du Ramadan. Ils ont acheté beaucoup de légumes pour éviter le déplacement durant ce mois béni du Ramadan. » Trouvée en train de ranger ses légumes sur sa table, Marie renseigne que « les prix n’ont pas beaucoup changé » sauf qu’il n’avait pas encore reçu de clients. « Les maraichers du walo et Diogo inondent le marché de légumes et ce n’est pas trop cher. Elle lance un appel au client de venir faire leurs achats car, « il y en a beaucoup dans le marché. »
Même son de cloche chez cette dame Ami Dia. Elle confirme que « les légumes ne manquent pas mais c’est les poches qui ne sont pas remplis. Beaucoup veulent acheter de bon légume mais les dépenses de ce mois béni sont interminables. » Ami Dia dans sa robe moulante explique que les dépenses du mois de Ramadan sont énormes mais elle s’en remet à Dieu et dire que ce mois-ci est un mois de promotion du bien. Elle en profite pour rendre contente toute la famille avec des menus très variés. Binta Barry, elle, constate le contraire. Celle-là trouvée en train de faire ses achats dit que « les légumes sont chers. Et pourtant ça devait être le contraire car les légumes ne manquent pas. Mais nos mamans commerçantes nous disent que les légumes se font rares au marché de Gueule-Tapée ou elles se rendent pour se procurer des légumes qu’elles viennent revendre ici. » La dame note d’ailleurs que « le poivron se vendait à 200F le kilo avant le mois de ramadan et maintenant le kilo est à 700f. Les dépenses en ce mois sont énormes et les empêche de faire leur achat habituel au marché. Je viens au marché juste pour compléter. Je demande aux commerçantes de baisser le prix des légumes pour que les clientes puissent varier les menus comme elles le souhaitent. En cours de route vers ce lieu d’approvisionnement, Fama Sène se plaint de la conjoncture qui est très accentuée cette année. « Nos mamans profitent de leurs petits commerces pour régler leurs besoins. Les maraichers vendent les légumes très chers du fait de la cherté des engrais qu’ils utilisent dans les cultures », dédouane cette femme ménagère confortée dans cette thèse par Modou Sarr, un maraîcher qui révèle que « le sac d’engrais qui coûtait 15000F est revu à la hausse presque le double. La culture maraichère demande beaucoup de moyens. C’est pour cette raison que les légumes coûtent chers. Le transport des légumes vers les marchés est aussi couteux. Modou Sarr demande ainsi « aux autorités de miser sur l’agriculture car étant un facteur de développement. Pour qu’un pays se développe il faut développer l’agriculture. En cette période de campagne électorale, les candidats doivent éclairés leurs programmes concernant l’agriculture. »
Ibou Diouf