Décrispation de l’espace politique : Le nouveau projet de Pastef…
Ousmane Sonko a eu des échanges avec Macky Sall quand il était en prison. Seulement, sur les «3 points», il n’y a pas eu de consensus selon ses dires.
C’est une polémique qui vient de prendre fin, du moins en partie. Oui, «il y a eu des discussions» entre Ousmane Sonko et Macky Sall. C’est le leader de l’ex-parti Pastef qui l’a confirmé. Sorti de prison jeudi, le «Patriote» en chef a fait face à la presse hier, en compagnie de son candidat, Bassirou Diomaye Faye. Sonko, qui avait traité Barthélemy Dias de «Judas» et Khalifa Sall de «traître» pour avoir eu des concertations nocturnes avec Macky Sall, a admis avoir échangé avec le chef de l’Etat sur «3 points sans avoir de consensus». Le premier point, c’est le report de la Présidentielle. Ousmane Sonko affirme s’être opposé à celui-ci. D’habitude, si prompt à donner son point de vue, même sur des questions auxquelles il n’est pas mêlé, sa formation politique s’est fait remarquer en optant pour un silence bruyant quand le report a été acté.
Sur le deuxième point qu’est la loi d’amnistie, Sonko a affirmé qu’il n’est pas demandeur et qu’il avait exhorté ses députés d’interroger la ministre de la Justice sur le champ d’application de la loi avant d’adopter une position. Ce sont les deux points de dialogue que Sonko a partagés. Qu’en est-il du 3ème ? En attendant la réponse, le «Patriote» en chef a expliqué les raisons qui l’ont poussé à échanger avec Macky Sall. «Quand on a un projet de société, il faut évoluer. Des personnes ont été emprisonnées à cause de ce projet. Notre responsabilité a été de trouver les moyens de les faire sortir», a-t-il soutenu.
«Il y a un fait qui est là. Le Conseil constitutionnel m’a écarté sur commande. Si aujourd’hui il fait son travail, je ne vois pas pourquoi on doit les féliciter. Qu’ils ne viennent pas nous donner des résultats préfabriqués. On va être attentifs. C’est pourquoi je demande aux jeunes d’aller retirer leurs cartes et de surveiller le vote jusqu’à l’affichage des Pv», déclare Sonko à l’endroit des 7 «Sages».
Les leaders des «Patriotes» ont soutenu que Macky n’est plus un adversaire, indiquant que le candidat de Bby, Amadou Ba, est leur nouvelle cible.
Rétropédalage sur la sortie du Cfa
Par ailleurs, Ousmane Sonko a opéré un revirement sur la proposition de son candidat, qui envisage de doter le Sénégal de sa propre monnaie, alors qu’il y a une dynamique de sortie du Cfa en faveur de l’Eco. «Il faut dire que sur cette proposition, nous n’avons pas eu le temps de bien nous entendre», a dit Ousmane Sonko. Qui a reformulé la pensée de son candidat en ces termes. «Ce programme est une continuité de celui qu’on avait présenté en 2019. Nous avons toujours réaffirmé notre volonté de souveraineté monétaire au sein de la communauté. Il faut qu’on avance. Je suis pour qu’on le fasse avec la Cedeao, mais il faut régler des préalables. Si on voit que ça n’avance pas, on va envisager notre propre monnaie», a affirmé Ousmane Sonko. Une position que Bassirou Diomaye Faye a aussi confirmée en s’attaquant en partie aux «deux candidats qui veulent rassurer leur maître». Il a fait référence à Khalifa Sall et Amadou Ba. Ce dernier a, d’ailleurs, fait l’objet d’attaques.
Amadou Ba, cible des «Patriotes»
En effet, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye se sont fait un malin plaisir à attaquer Amadou Ba. Pour le leader des «Patriotes», «il faudrait que Dieu n’aime pas le Sénégal pour placer Amadou Ba à la tête de ce pays». Sans mettre de gants, Ousmane Sonko a accusé Amadou Ba de défendre les intérêts des étrangers plutôt que ceux de son pays. «Il m’est arrivé de faire un redressement d’une société étrangère pour des milliards et que Amadou Ba essaie d’intervenir. Je lui ai intimé l’ordre d’arrêter», a ajouté Ousmane Sonko.
De son côté, Bassirou D. Faye chargera aussi le candidat Amadou Ba. Et c’est pour dire : «En 2016, il y avait une société qui devait être redressée. On parle de plus de 100 milliards. Amadou Ba s’est arrangé pour 14 milliards.» M. Faye a aussi senti le besoin de s’expliquer sur la vice-présidence qu’il voudrait instituer. «Ce n’est pas fait pour Ousmane Sonko. On parle d’un tandem qui va être élu. Ce n’est pas le cas ici.»
Bassirou Diomaye Faye déclare aussi avoir saisi le fils du chef de l’Etat, Amadou Sall, après la décision de Macky Sall de renoncer au 3ème mandat. C’était pour suggérer à Sall-fils d’aider son père à avoir une porte de sortie honorable et d’arrêter la répression. .
Cette conférence de presse a été comme un cours. En effet, Bassirou Diomaye Faye a pris le soin de répéter tous les points soulevés par son leader. Le plus cocasse, il n’a pas quitté ses notes des yeux. Avec un ton pesant, Bassirou Diomaye Faye donnait l’impression de réciter une leçon.