Le président vietnamien démissionne en pleine purge anticorruption
Le président vietnamien, Vo Van Thuong, a présenté sa démission après seulement un an de mandat, a annoncé, mercredi 20 mars, le gouvernement de ce pays communiste engagé dans une vaste purge anticorruption. Selon l’agence de presse officielle VNA, le président s’est déclaré coupable de « violations et de manquements », et sa démission a été acceptée par le comité central du Parti communiste au pouvoir.
Vo Van Thuong a violé des « règlements » non spécifiés, et n’a pas donné l’exemple en tant que chef de l’État, a rapporté VNA ce mercredi 20 mars. « Les violations et les manquements du camarade Vo Van Thuong ont été mal vus par l’opinion publique, affectant la réputation du Parti, de l’État et la sienne », a ajouté VNA. « Pleinement conscient de sa responsabilité envers le Parti, l’État et le peuple, il a présenté sa démission des fonctions qui lui avaient été confiées ».
Lorsqu’il avait pris ses fonctions il y a un an, il s’était pourtant déclaré « déterminé à lutter contre la corruption » et on le croyait proche du secrétaire général du parti, Nguyen Phu Trong.
Aucun détails n’a été rendu public sur les raisons de son départ. Mais au début du mois, le ministère de la Sécurité publique avait annoncé élargir une enquête concernant une société de développement d’infrastructures dans trois provinces, dont celle de Quang Ngai, dont Vo Van Thuong était auparavant le chef du parti. Le ministère avait déclaré que la société Phuc Son était soupçonnée d’avoir falsifié ses comptes afin d’échapper à l’impôt, et que ses enquêteurs avaient arrêté neuf personnes, dont cinq fonctionnaires de Quang Ngai.
Purge anticorruption
La chute spectaculaire de cet homme de 53 ans intervient alors que le Vietnam connaît de profonds bouleversements politiques, son prédécesseur ayant également été évincé dans le cadre d’une campagne de lutte contre la corruption qui a vu plusieurs ministres limogés et des chefs d’entreprise de premier plan jugés pour fraude et corruption.
Le Vietnam est dirigé par le Parti communiste. À la tête du régime autoritaire se trouvent officiellement le secrétaire général du Parti, le président et le Premier ministre, les principales décisions étant prises par le Politburo, qui compte actuellement 16 membres. Bien que le président soit le chef de l’État, l’homme fort du régime est le secrétaire général du parti, Nguyen Phu Trong, considéré comme l’architecte de la campagne de lutte contre la corruption, populaire auprès de l’opinion publique vietnamienne.
L’Assemblée nationale, qui suit strictement les consignes des cadres du parti, tiendra une session extraordinaire jeudi pour confirmer cette démission. La vice-présidente Vo Thi Anh Xuan devrait prendre le relais jusqu’à ce qu’un remplaçant permanent soit trouvé.
Vo Van Thuong était devenu président le 2 mars 2023, après la démission surprise de son prédécesseur, Nguyen Xuan Phuc, un événement inhabituel au Vietnam, où la stabilité est mise en avant et les changements politiques soigneusement orchestrés. Avant Nguyen Xuaen Phuc, un seul autre président vietnamien avait démissionné, pour raisons de santé.