Nomination de Macky Sall à la tête du Pacte de Paris (4P) : L’Unis invite Diomaye Faye à s’opposer
Le président du parti politique Union des indépendants du Sénégal (Unis) invite le Président élu, Bassirou Diomaye Faye, à s’opposer à la nomination de Macky Sall comme Envoyé spécial du Président Emmanuel Macron. «La présidence de la République du Sénégal a publié hier (mardi) un communiqué informant de la prochaine prise de service du Président Sall comme Envoyé du Paris pact for peace and planet (4P) nommé Pacte de Paris, une initiative lancée par le Président (français) Emmanuel Macron et dont la nomination du Président Macky Sall à ce poste a été actée en violation du mandat du chef de l’Etat sénégalais, qui ne pouvait l’accepter en étant en exercice. Il l’a pourtant fait publiquement. Le communiqué informe que le Président Macky Sall a tenu une réunion avec le secrétariat du 4P. C’est un affront diplomatique au Sénégal et une illégalité. Sa responsabilité est engagée contre ce forcing diplomatique qui ne sert que la France», a expliqué Amadou Guèye dans un communiqué.
Selon le président de l’Unis, le 4P n’est rien de moins qu’une instance administrative de l’Elysée, sous les ordres de Macron, pour servir les intérêts de la diplomatie française sur le plan international. «Le 4P n’est ni une instance internationale, ni une émanation d’une organisation internationale», a dit Amadou Guèye.
Dans le même communiqué, l’Unis dénonce également le caractère inconvenant de cette nomination, soulignant qu’un ancien chef d’Etat ne devrait pas devenir un employé, envoyé ou secrétaire d’un autre chef d’Etat dès la fin de son mandat. «Un ancien chef d’Etat du Sénégal ne devrait pas devenir un employé, envoyé ou secrétaire d’un autre chef d’Etat dès la fin de son mandat. Abdou Diouf a dirigé une organisation internationale et non une instance administrative de l’Elysée. Le cas présent est un dérapage qu’il faut rattraper et corriger», fait-il savoir.
Cependant, dans un contexte où la France cherche à renforcer son influence en Afrique, cette nomination est perçue par l’Unis comme une tentative de maintenir une emprise économique et politique sur la région, particulièrement face aux contestations grandissantes de son hégémonie, notamment dans les pays de la zone Cfa. «La France cherche par cette initiative à se positionner comme la tutrice des Africains en matière de captation de fonds internationaux et de réformes financières au moment où des pays de la zone Cfa contestent son hégémonie. Dans ce contexte, des hommes comme Macky Sall joueront le rôle de représentants officieux de l’Afrique et de légitimation de cette hégémonie», a-t-il souligné.
Dans cette optique, l’Unis appelle le Président élu, Bassirou Diomaye Faye, à s’opposer à cette nomination et à exercer son pouvoir pour empêcher Macky Sall de prendre ses fonctions au sein du Paris pact for peace and planet. «C’est désormais la responsabilité du nouveau Président élu Diomaye Faye, d’approuver ou d’opposer son véto à cette nomination en toute bonne diplomatie. Le Président français ne pourrait pas s’y opposer par réalisme pour les intérêts français et la relation avec le Sénégal. Dans tous les cas, l’élégance républicaine serait que le Président Macky Sall sollicite l’avis préalable du Président élu, au lieu de faire usage d’un communiqué pour annoncer sa prise de fonction prochaine», précise M. Guèye, soulignant que le Président sortant ne doit pas craindre des représailles et se réfugier sous la tutelle de Emmanuel Macron comme Envoyé spécial du 4P. «Il est d’ailleurs impératif que le Président Sall reste au Sénégal dans les 12 prochains mois. Le Sénégal devrait lui suffire comme refuge. Il doit conserver toute sa dignité et rester au Sénégal, à la disposition du Président élu dans les prochains mois pour l’éclairer sur les grands dossiers sensibles qui appellent des explications. Des décisions et choix devront être expliqués afin d’éviter leur judiciarisation. Tout n’est pas écrit, mais tout peut être géré par des échanges au sommet de l’Etat», insiste Amadou Guèye.
Pour finir, il propose la mise en place d’une loi de transition pour encadrer cette période sensible de passation du pouvoir et réglementer les activités des anciens chefs d’Etat après leur mandat. «Il nous faudra voter une loi de transition pour encadrer cette période importante de passation ainsi que les activités post-Présidence des anciens chefs d’Etat», a-t-il lancé.