Suspension des constructions sur le littoral : Atépa lâche une grosse pierre

Suspension des constructions sur le littoral : Atépa lâche une grosse pierre

L’architecte Pierre Goudiaby Atepa a annoncé que les autorités ont arrêté toutes les constructions sur le littoral depuis vendredi, excepté les travaux d’aménagement entamés par l’Etat pour le public. Si elles ont décidé de ne pas toucher à tous les édifices, cette mesure risque aussi de conduire les autorités à des contentieux judiciaires coûteux.

C’est une révélation de Pierre Goudiaby Atepa : le président de la République Bassirou Diomaye Faye a ordonné l’arrêt de toutes les constructions sur la Corniche de Dakar. Invité de l’émission Point de vue, l’homme d’affaires, qui a joué un rôle dans la médiation entre Macky et les nouveaux dirigeants jusqu’à l’aboutissement d’une loi d’amnistie, semble avoir retrouvé une place de choix au cœur de l’Etat. Il partage les confidences du régime sur la Corniche où poussent des hôtels et des centres d’affaires : «Sonko avait promis qu’une fois au pouvoir, il allait raser toutes les constructions sur la Corniche-ouest de Dakar. On ne peut pas tout raser, c’est clair. Mais au moins, ils (le Président Bassirou Diomaye Faye et son gouvernement) ont fait arrêter toutes les constructions sur le littoral, sur la Corniche depuis avant-hier (l’émission a été diffusée ce dimanche), et je m’en réjouis personnellement», a confié l’architecte et défenseur du littoral dakarois. Il insiste : «Tout est stoppé.» Il s’empresse de préciser néanmoins : «Sauf les travaux d’aménagement entamés par l’Etat pour le public. Ça c’est différent, et cela fait partie des choses dont je me réjouis.»

Vers des contentieux judiciaires
Pour Atepa, il est clair que les aménagements, à l’image des chaînes d’hôtels et des infrastructures médicales et commerciales existants, seront préservés. Ce qui va exacerber la colère des investisseurs. Après les manifestations de la Société civile qui s’est opposée avec succès à l’érection de l’ambassade de Turquie en 2014, les constructions avaient repris au niveau du littoral-ouest dakarois. «Défenseur» autoproclamé du littoral, Atepa semble s’y connaitre dans le montage financier mis en place par les différents investisseurs : «Savez-vous ce qui se passe ? Je le dénonce depuis 35 à 40 ans. Les gens achètent des terrains qui appartiennent en réalité à tout le monde, car le domaine public maritime est pour tous ! Ils les achètent à 2450 F Cfa le mètre carré, puis obtiennent un bail. Ensuite, ils organisent le déclassement de ces terrains, c’est-à-dire qu’ils obtiennent un titre foncier à partir du bail. Ils emmènent ce titre foncier à la banque et obtiennent 1 million de F Cfa par mètre carré. Enfin, ils revendent ces terrains à 1, 5 million de F Cfa le mètre carré. C’est scandaleux ! Tout cela se fait au détriment des cito­yens.»

Malgré tout cela, cette mesure présidentielle risque de provoquer aussi des contentieux au niveau de la Corniche-ouest où poussent des immeubles, villas de luxe et aussi des hôtels… Le dernier à être érigé au niveau de cette façade maritime est l’hôtel Azalai où le tandem Diomaye-Sonko avait pris ses quartiers après leur sortie de prison en pleine campagne électorale jusqu’à la victoire finale le 24 mars. Durant l’émission, Pierre Goudiaby Atepa ne pousse pas la réflexion jusqu’au bout : comment l’Etat compte-t-il matérialiser cette décision ? Sans doute, les autorités devraient être prêtes à ouvrir des contentieux judiciaires avec des bénéficiaires… Il est très probable que l’Etat se retrouve face à des contentieux judiciaires. Car les acquéreurs, qui ont souscrit à des garanties bancaires, ont aussi obtenu toutes les autorisations étatiques pour ériger leurs constructions sur cette partie de la capitale sénégalaise. Sans oublier les conséquences financières d’une telle décision «précipitée», qui ressemble à une mesure «populiste».

A la recherche de fonds pour indemniser les victimes de violences politiques de mars 2021 et de juin 2023, les nouvelles autorités risquent de baigner dans un océan de soucis : à moins qu’elles décident d’indemniser les propriétaires…
justin@lequotidien.sn

Amadeus

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