Accidents routiers :  Les responsabilités partagées, selon les Sénégalais

Accidents routiers :  Les responsabilités partagées, selon les Sénégalais

La psychose a fini de s’installer chez bon nombre de Sénégalais à cause de la recrudescence des accidents routiers. Après celui de Sikilo dont le bilan officiel faisait état de 70 morts, la dernière en date jeudi dernier avec 14 morts dénombrés. Ce qui n’a pas manqué de soulever l’ire de la population qui fustige cette situation.

La route continue de faire des morts. Soulevant une nouvelle fois la question de la sécurité routière. 14 morts ont été enregistrés la semaine dans un accident à Koungheul. Responsables politiques, acteurs de la société civile entre autres sont totalement indignés. Certains sénégalais rencontrés ont pour leur part, exposé leurs inquiétudes et invitent à une prise de mesures drastiques contre ce fléau.  Mayassine Badiane, chauffeur de bus de profession marque sa position. A l’en croire, la mauvaise qualité des pneus et le manque de surveillance des véhicules constituent des causes. « La qualité des pneus fait défaut mais surtout la surveillance des véhicules avant de longs voyages. Le comportement de certains chauffeurs laisse à désirer », nous confie-t-il. Aussi, le quinquagénaire pointe le manque d’expérience de certains conducteurs. « J’ai été apprenti chauffeur pendant presque 10ans de ma vie pour pouvoir conduire correctement. Car transporter des personnes relève d’une responsabilité grandiose, il s’agit de vie humaine. ». Le sieur Badiane invite ses camarades à une prise de conscience et à être plus responsables au volant. Pour cet ancien chauffeur, Mamadou Bangoura, la responsabilité est partagée. Il s’explique : « L’Etat doit contrôler l’obtention des permis de conduire, aujourd’hui on voit des jeunes de 25 à 30 ans conduire des bus et des camions ce qui me paraît anormal et inacceptable ». L’expert en transport continue en dénonçant la corruption au cours des trajets. « Il y a un phénomène qui doit être banni dans le transport entre les forces de l’ordre et les chauffeurs, la corruption. Des chauffeurs sans papiers qui donnent de l’argent aux gendarmes sensés les contrôler afin de circuler librement », s’indigne notre interlocuteur. Pour freiner l’évolution des accidents routiers, Mr Bangoura propose de « créer des véhicules pour le transport des bagages uniquement, qui sera réglementé. Il faut des contrôles stricts aussi dans les garages pour que les chauffeurs ne puissent pas surcharger. Les voyageurs ne doivent pas accepter la surcharge des véhicules surtout les bus. Il faut également revoir les véhicules avant chaque départ et de prendre des poses quand il s’agit de long voyage », liste-t-il. Dans le même sillage, le jeune Bouré Diouf s’interroge sur les mesures qui ont été prises par l’Etat lors de l’accident de Sikilo. Apparemment dit-il : « Ses mesures n’ont servi à rien finalement ». « J’habite dans les villages de Fatick, j’ai constaté des surcharges, des excès de vitesses etc. », alerte l’étudiant. Bouré Diouf déplore l’étroitesse des routes et la vétusté des véhicules. Il rappelle et exige l’application des mesures qui ont été prise lors de l’accident de Sikilo et sollicite par ailleurs l’instauration des permis à point. La dame Soda Camara croisée devant son domicile, dit avoir peur des longs voyages à cause du comportement de certains chauffeur et apprenti. « Il m’est arrivée de voyager avec ma petite fille vers Tamba, mais ce jour j’avais une peur car le bus tombait en panne pendant tout le long du trajet. On doit renouveler le parc automobile comme on l’a fait avec les bus Dakar Dem Dikk » témoigne-t-elle. Soda demande solennellement à l’Etat de reconstruire certaines routes tout en pensant à leur élargissement. « Le nouveau gouvernement doit mener une nouvelle politique de modernisation des routes. Il y a trop de voiture au Sénégal »  A noter que l’Organisation mondiale de la santé (OMS),  a révélé que  près de 27 000 personnes sont victimes d’accidents sur la voie publique chaque année au Sénégal, dont 11 000 à Dakar. Entre 2015 et 2019, les accidents routiers ont occasionné en moyenne 644 décès chaque année selon l’ONG Partners West Africa.

Ibou Diouf

Amadeus

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