Entretien avec Sadibou SANE (FC METZ) : «L’Equipe nationale est dans un coin de ma tête»

Entretien avec Sadibou SANE (FC METZ) : «L’Equipe nationale est dans un coin de ma tête»

Jeune défenseur sénégalais de 19 ans arrivé au Fc Metz en juillet 2023 en provenance de Génération Foot, Sadibou Sané est en train de faire une bonne deuxième partie de saison en Ligue 1. Dans cet entretien accordé à L’Observateur et Ligue1.com, l’enfant de Diouloulou raconte son adaptation et sa percée inattendue dans le championnat français.

Vous êtes arrivé au Fc Metz l’été dernier en provenance de Génération Foot. Alors qu’on pensait que vous alliez mettre du temps pour vous adapter, de manière inattendue, vous êtes en train de gagner votre place dans l’équipe avec 14 apparitions et 2 buts. Quel est votre secret ?

Écoutez, quand on est football et qu’on est dans un club, on s’attend toujours à être dans l’effectif. Personnellement, dès mon arrivée au Fc Metz, je me suis mis dans la tête qu’il faut bien bosser pour gagner ma place. Je l’ai fait et ce n’est pas pour rien que l’entraîneur m’a donné sa confiance dès la quatrième journée du championnat. J’ai fait mes preuves à l’entraînement et le coach m’a lancé dans le bain. Malheureusement, je n’ai pas pu terminer ce match, car je suis sorti sur blessure. Quand je me suis remis de cette blessure, j’ai été envoyé dans l’équipe réserve pour que je m’adapte mieux. Je suis revenu dans le groupe de l’équipe première en décembre. Effectivement, c’est allé vite, mais c’est comme ça.

Est-ce que ça a été facile pour vous de vous adapter, sachant que vous avez quitté GF et le championnat sénégalais pour jouer dans l’élite française ?

Quand on est jeune footballeur au Sénégal, on pense toujours à aller jouer dans les grands championnats en Europe. Lorsque j’étais à Génération Foot, je travaillais dur en me disant que c’est la seule manière d’atteindre l’objectif qui est d’aller évoluer dans les grands championnats. Une fois ici en France, j’ai compris que ce n’est pas évident de s’adapter facilement à la Ligue 1 qui est d’un très haut niveau par rapport au championnat sénégalais. J’avoue que le dur labeur et la préparation que j’ai eus à Génération Foot sont en train de payer. Je continue d’apprendre. Pour continuer à exister en Ligue 1, il faut une concentration à l’entraînement, lors des matches et après. Ce championnat de Ligue 1 est aussi tactique que physique, avec un beau jeu. Quand tu arrives dans ce championnat étant jeune, forcément, tu as la pression lors des premiers matches. C’est après que tu t’adaptes, sur le plan mental et physique. Personnellement, je suis en train d’apprendre beaucoup de choses.

Est-ce que vous vous attendiez à cette adaptation rapide et à jouer avec l’équipe première du FC Metz dès la quatrième journée du championnat de Ligue 1 française ?

Je pense que le fait d’aller jouer avec la réserve pour mieux m’adapter au climat, au style de jeu et tout, m’a beaucoup aidé dans ma progression. L’autre paramètre à prendre en compte, c’est le fait d’avoir trouvé une forte colonie sénégalaise dans l’équipe. J’ai été bien accueilli par les Lamine Camara, Cheikh Tidiane Sabaly… Ils m’ont bien aidé, en plus du soutien et de la confiance du staff technique. La première saison a toujours été difficile pour les nouveaux joueurs. Mais une fois que l’adaptation est passée, le reste devient facile.

Il vous a quand même fallu un temps d’adaptation avec la réserve avant le grand saut vers l’équipe première de Metz ?

Effectivement, ça m’a été d’une grande aide. J’ai eu la chance d’être coaché dans la réserve par un entraîneur qui était un défenseur. Il a bien voulu m’aider parce qu’il est convaincu de mon talent. Il m’a beaucoup aidé dans ma progression et je suis en train de récolter les fruits.

Cela vous fait quoi de faire partie, en ce moment, des défenseurs sur qui le coach compte pour cette deuxième phase du championnat aussi cruciale pour le maintien dans l’élite ?

C’est vrai que nous sommes dans une phase un peu délicate avec cette lutte pour le maintien. Après, si l’entraîneur me compte parmi les joueurs avec qui il est en train de se battre pour assurer le maintien, je dirai, d’une part, que c’est un honneur. Mais d’autre part, c’est le fruit de mon travail à l’entraînement. C’est pourquoi quand je suis sur le terrain, j’essaye de tout faire pour mériter cette confiance. J’essaye de tout donner pour aider l’équipe dans cette délicate mission qui est le maintien. On a gagné quelques matchs pour se relancer avant de perdre (1-2) face à Lille qui est une grande équipe. Là, nous allons tout faire pour gagner des points importants dans les matchs à venir. Personnellement, je crois que c’est possible de réussir le maintien. Il faudra déjà faire un bon résultat samedi face à Rennes. C’est une grande équipe, mais si nous jouons sur notre valeur, avec les qualités que nous avons, nous pouvons faire un bon résultat.

Est-ce que cette lutte pour le maintien est une preuve que la Ligue 1 française est un championnat difficile ?

A vrai dire, la Ligue 1 est un très grand championnat. C’est du très haut niveau. Il y a de grands joueurs, une grande médiatisation. C’est un championnat qui met les projecteurs sur les joueurs qui y évoluent. Je suis bien placé pour vous assurer que ce championnat offre une visibilité incroyable. Je suis à ma première saison ici, mais on parle de moi déjà. Après les matchs, je réécoute les commentaires et c’est tellement réconfortant d’entendre les journalistes, les commentateurs dire du bien de moi, de mes performances. Ça me motive à faire plus à chaque fois que je suis sur le terrain. Parce que je suis convaincu que si je continue à faire de bons matchs, les commentateurs vont continuer à parler de moi et il n’y a pas une meilleure façon d’aller de l’avant dans le foot. Je rends grâce à Dieu. Je sens que je suis sur une bonne dynamique, mais je ne vais pas, pour autant, avoir la grosse tête. Je reste serein, car je sais d’où je viens et quels sont mes objectifs dans le football.

Quelle est, selon vous, la meilleure manière de profiter de la visibilité que la Ligue 1 française peut vous offrir ?

C’est de continuer à gagner la confiance de mes entraîneurs. Si je fais du bon travail à l’entraînement et pendant les matches, le staff technique va toujours me faire jouer. Et c’est en jouant que je peux profiter de toute la visibilité que peut offrir ce grand championnat qu’est la Ligue 1. Je suis conscient que les bonnes performances vont toujours faire l’objet de débat sur les plateaux télé, dans les commentaires. Les médias ne font jamais de zoom sur les joueurs qui ne jouent pas ou qui ne font pas de bons matches. Donc, la meilleure manière de profiter, c’est d’être bon sur le terrain.

Vous êtes champion d’Afrique U20 avec le Sénégal. Est-ce que vous pensez que vos performances actuelles peuvent vous envoyer en Equipe nationale Olympique ou même en sélection A ?

Comme tous les joueurs, l’Equipe nationale est dans un coin de ma tête. J’ai été champion d’Afrique avec les U20, donc la suite logique voudrait que je joue pour les sélections suivantes, dont la A. Je suis conscient qu’il faut faire partie des meilleurs Sénégalais pour aller en Equipe nationale A. C’est une sélection très serrée, car le Sénégal regorge d’énormément de talents dans le monde entier. Je suis encore jeune. Je ne suis pas pressé, car je sais que si je continue à être bon en club, la sélection va arriver.

Vous avez pratiquement la même trajectoire avec Ibou Sané, de Génération Foot au Fc Metz en passant par l’Equipe nationale U20. Avez-vous des liens de parenté ?

Ibou Sané, nous n’avons pas de lien de parenté. Afin, nous sommes tous de la Casamance (sud du Sénégal). Il est de Diégoune et moi de Diouloulou. C’est à Génération Foot que nous nous sommes croisés. Et comme nous avons le même nom de famille, nous avons vite sympathisé. Le hasard a fait qu’après avoir fait les tests à Abéné (commune de Kafountine), c’est lors d’un tournoi de foot à Diégoune que j’ai été retenu pour intégrer Génération Foot.

Par ailleurs, vous êtes natif de Diouloulou comme Lamine Camara avec qui vous cheminez depuis Génération foot…

Lamine Camara et moi avons grandi ensemble à Diouloulou. Nous habitons le même quartier. A un moment donné, Lamine Camara est allé jouer au Casa-Sports et moi, je suis resté à Diouloulou. Dieu a fait que nous nous sommes retrouvés à Génération Foot, en Equipe nationale U20 et maintenant au FC Metz. Quand on est ensemble, on s’encourage, on se dit que nous avons l’obligation de travailler dur pour arriver au très haut niveau.

Comment comptez-vous bâtir votre légende au Fc Metz où Jules François Bocandé a laissé une histoire pour l’éternité, où Diafra Sakho, Babacar Guèye, Sadio Mané, Ismaïla Sarr, Pape Matar Sarr, etc. ont laissé leurs empreintes ?

Au Fc Metz, dès que vous arrivez, vous voyez les noms des légendes comme Jules François Bocandé et leur palmarès un peu partout. En tant que Sénégalais, ça te parle, ça te motive à écrire, à ton tour, ton histoire. Babacar Guèye, Diafra Sakho, Sadio Mané, Ismaïla Sarr, Pape Matar Sarr, etc. nous mettent la pression, car le fait de voir leurs images et ce qu’ils ont réalisé pour le club, nous pousse à vouloir faire plus. J’ai vraiment envie d’écrire mon histoire dans ce club. Et la meilleure manière de commencer, c’est de me battre avec les autres pour assurer le maintien en Ligue 1. 

iGFM

Amadeus

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