Grèce: le procès du naufrage d’un bateau de migrants questionne le système judiciaire

Grèce: le procès du naufrage d’un bateau de migrants questionne le système judiciaire

En Grèce, dans moins d’une semaine, va s’ouvrir le procès d’un naufrage hors norme, dans lequel plus de 500 migrants ont perdu la vie. Pour l’heure, ce sont neuf migrants égyptiens qui se retrouvent sur le banc des accusés. L’État grec les désigne comme des passeurs qui auraient pris place sur ce bateau de pêche bondé venu de Libye, Athènes les accuse aussi d’être à l’origine du naufrage.

Pour les organisations de défense des droits de l’homme, ce procès est une nouvelle illustration de la « criminalisation des migrants » en Grèce. Ce sont même exactement les mots qui sont employés par l’ONG Legal Center Lesvos, qui parle même de « criminalisation systématique des migrants en Grèce ».

Pour l’ONG, c’est une enquête éclair et lacunaire, essentiellement basée sur « une poignée » de témoignages aux allures de « copier-coller » qui sert de base à ce procès. Un procès où les neuf Égyptiens sont les seules personnes poursuivies, accusées, entre autres donc, d’être responsables du naufrage de ce bateau, l’Adriana, et ce malgré le rôle très trouble joué par les garde-côtes grecs.

Ceux-ci auraient en effet tenté de tirer le bateau à l’aide de cordes, une manœuvre qui aurait directement provoqué le naufrage. C’est en tout cas la thèse la plus crédible qui émane à la fois d’une série d’enquêtes médiatiques et de la majorité des témoignages de rescapés, comme celui d’ailleurs d’un jeune Syrien rencontré par RFI.

Les garde-côtes ne sont pas poursuivis
Ces garde-côtes ne sont pas poursuivis dans ce procès particulier. Seuls deux officiers devraient se présenter face au tribunal de Kalamata où se tient ce procès. Et ils seront présents, en tant que témoins, en faveur du camp de l’accusation. Rien au final de très étonnant, le but de ce procès pour Athènes ne semble pas, en soi, de faire la lumière sur les conditions troubles de ce naufrage, mais, une fois encore, d’utiliser l’arme judiciaire dans le but d’envoyer un message et de tenter de dissuader les migrants -et les passeurs qui les exploitent- d’emprunter la route migratoire qui passe par la Grèce.

Cette arme judiciaire, les autorités grecques s’en servent déjà contre les ONG. Cela semble faire partie d’une même stratégie générale de dissuasion. La criminalisation des migrants va de pair avec celle des ONG qui cherchent à leur venir en aide. Et c’est un autre procès très politique, qui se tient sur l’île de Lesbos, qui en est le symbole.

Là-bas, 24 travailleurs humanitaires, dont la fonction était de sauver des vies de migrants en mer se sont retrouvés accusés, entre autres, de trafic d’êtres humains et d’espionnage. Les charges, peu crédibles, tombent les unes après les autres, mais les autorités grecques ont gagné car face à cette criminalisation, l’immense majorité des ONG a quitté Lesbos.

Rfi.fr

Petit Ba

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *