Norvège: le saumon d’élevage pointé du doigt par un rapport de l’ONG WWF

Norvège: le saumon d’élevage pointé du doigt par un rapport de l’ONG WWF

Manger du saumon d’élevage ? Pas plus d’une fois par an selon les recommandations de l’ONG WWF en Scandinavie et non pas pour des raisons sanitaires mais pour des raisons écologiques et éthiques.

Vanté pour son Oméga 3 et ses vertus diététiques, le saumon norvégien n’affiche pas une grande forme dans les fermes piscicoles où il est élevé. Le dernier rapport de l’Institut vétérinaire norvégien dénonce les conditions d’élevage de saumon. Il indique qu’à cause de la surpopulation dans les bassins, un parasite prolifère : le pou du saumon. Ce dernier est responsable de la mort de 63 millions de saumons, soit un poisson sur six mais aussi d’une quantité phénoménale d’autres petits poissons, qui sont utilisés, justement, pour épouiller les saumons, rapporte notre correspondante à Stockholm, Carlotta Morteo.

Pour réduire l’épandage de produits chimiques en mer dans sa lutte contre le pou du saumon, l’industrie norvégienne a depuis les années 2000 de plus en plus recours à une méthode dite naturelle. Elle introduit dans les bassins des poissons de roche, surnommés les poissons nettoyeurs. Problème : aucun des 34 millions de poissons arrachés à leurs récifs l’an dernier pour venir épouiller les saumons n’a survécu plus de 18 mois alors que certaines espèces pourraient vivre jusqu’à 30 ans dans leur milieu naturel.

Outre le stress et l’inadéquation à ce nouvel habitat, l’Institut vétérinaire norvégien indique que les poissons de roches ne suffisent pas à enrayer les épidémies de poux et qu’ils se retrouvent le plus souvent aspirés dans des systèmes mécaniques d’épouillage à l’eau chaude dont ils ne sortent pas vivants.

Du poisson blessé ou malade illégalement exporté
Le saumon mort prématurément est généralement transformé en aliment pour animaux ou biocarburant. Mais, selon les médias norvégiens, il se pourrait que des poissons malades au moment de l’abattage, voire déjà morts, atterrissent dans les assiettes, parfois sous le label « supérieur ». Selon les experts, sa consommation ne pose pas de risque pour la santé humaine. « Les agents pathogènes courants qui causent des maladies chez le saumon ne sont pas transmissibles aux humains », assure Edgar Brun.

L’Autorité norvégienne de sécurité alimentaire a aussi relevé des irrégularités dans les élevages lors d’une inspection sur deux l’an dernier : du poisson blessé ou présentant des malformations a été illégalement exporté notamment.

Pour des questions de réputation, seule l’exportation de saumons de qualité supérieure ou ordinaire est autorisée. Le poisson de moindre qualité, qui constitue une part croissante du stock, ne peut être vendu à l’étranger qu’après transformation, débité en filets par exemple.

Des révélations qui nuisent à l’image qualitative que le secteur tente d’installer

L’enjeu est de taille. Cette hécatombe vient ternir la réputation d’une industrie dont les exportations s’élèvent à 10,6 milliards d’euros. Les exportations de saumon ont rapporté quelque 10 milliards d’euros à la Norvège l’an dernier, le 1,2 million de tonnes vendues représentant l’équivalent de 16 millions de repas quotidiens.

L’organisation Sjomatbedriftene qui représente les petits producteurs, ambitionne de réduire la mortalité de moitié d’ici à 2030, et le géant Salmar a investi plus de 40 millions d’euros pour plancher sur la question. Parmi les pistes évoquées, un espacement accru des fermes aquacoles et de nouvelles technologies, notamment des installations dites fermées où l’eau est filtrée. Cette technologie aiderait à se prémunir contre les poux de mer, mais elle est plus chère.

Après ce rapport accablant, l’autorité norvégienne de sécurité alimentaire demande au gouvernement norvégien des règles pour freiner ce qui est qualifié de « tragédie animale ».

Le gouvernement insiste de son côté sur la responsabilité qu’ont les éleveurs de respecter les réglementations. « Tous les producteurs n’affichent pas le même taux de mortalité, il est possible de le faire baisser », note le secrétaire d’État au ministère de la Pêche, Even Tronstad Sagebakken. Deux textes en préparation, l’un sur le bien-être animal et l’autre sur l’exploitation des mers, devraient selon lui y contribuer. En attendant, l’Autorité de sécurité alimentaire dit toujours recevoir des signalements indiquant que du saumon non réglementaire continue de sortir du pays.

Rfi.fr

Petit Ba

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