Législatives anticipées en France: pris de court, les députés de la majorité se remettent en campagne

Législatives anticipées en France: pris de court, les députés de la majorité se remettent en campagne

En décidant la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron n’a pas pris de court que les oppositions. Cette décision mûrie dans le secret, les membres du gouvernement n’en avaient pas été informés, les députés encore moins ; alors, depuis dimanche, il a fallu encaisser le choc et puis s’organiser très vite, pour une campagne très courte.

« Je pars en campagne », c’est une ministre qui parle et dans sa voix, on entend à la fois de la lassitude et la volonté de se mobiliser puisque, poursuit-elle : « Si je n’y crois pas un minimum, je lâche l’affaire ». La dissolution, elle n’en a été informée, comme la plupart des membres du gouvernement, que dimanche par un appel du Premier ministre, juste avant que le président l’annonce aux Français. Un « choc » comme pour un député qui ne veut pas s’appesantir et déclare : « Maintenant, il faut se battre ! », rapporte Valérie Gas du service politique de RFI.

Se battre et ne pas perdre de temps, car avant d’aller chercher les électeurs sur le terrain, les candidats doivent bloquer du papier pour les tracts, valider un suppléant, ouvrir un compte de campagne, trouver des donateurs ou lever un prêt et être investi, ce qui n’est pas si simple, car les investitures arrivent par vagues, au gré d’âpres négociations internes.

Le compte-à-rebours est lancé
Dans moins de trois semaines, c’est le premier tour. Le compte-à-rebours a commencé et la campagne s’annonce aussi difficile que l’enjeu est important. La question en suspens est de savoir quelle sera la taille du groupe de la majorité le 8 juillet et elle obsède les députés sortants comme les membres du gouvernement.


La campagne électorale sera ouverte à partir du lundi 17 juin, mais certains militants commencent déjà à tracter pour leur candidat, c’est le cas sur le marché de la Porte de St-Cloud dans le 16ème arrondissement de Paris, où des militants se mobilisent pour soutenir Benjamin Haddad, candidat de la majorité présidentielle.


Législatives en France: Gabriel Attal mènera la campagne du camp présidentiel

Le député sortant de Renaissance, candidat à sa réélection, costume impeccable, est satisfait des tracts qu’il tient dans la main et reconnait qu’il a fallu travailler dans l’urgence. « On les a rédigés lundi, on les a imprimés mardi. On a un imprimeur avec qui on travaillait déjà lors de la campagne il y a deux ans, qu’on connait, avec qui on a pu travailler aussi sur la campagne des européennes », explique-t-il.

Emmanuel Macron, une figure encombrante
Sur le tract, on voit le député col de chemise ouvert et souriant, mais pas le visage d’Emmanuel Macron. « J’ai un bilan, j’ai travaillé, j’ai été sur terrain, donc avant tout, je veux que mes concitoyens, mes électeurs, votent sur mon nom », justifie Benjamin Haddad.

Au verso du tract, en tout petit, la photo de Gabriel Attal en médaillon et un propos sur l’immigration illégale. « Vous savez, il y a beaucoup de nos électeurs qui ont voté pour Emmanuel Macron, qui ont voté pour moi, qui demandent de l’autorité et de l’ordre, il faut aussi qu’on ait une réponse très ferme sur ces sujets », assure le député sortant qui se défend par la même occasion de toute proximité idéologique avec l’extrême droite.

Les demandes de procurations explosent
À moins de trois semaines du début des élections législatives, les électeurs doivent, eux aussi, s’organiser. Le premier tour du scrutin se tiendra le 30 juin. Le second, le 7 juillet. Deux dates qui n’étaient pas prévues dans le calendrier électoral. Ce sera la période des vacances, et l’enjeu de ces élections pousse les citoyens à préparer des procurations. Depuis le lendemain de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale, les demandes de procuration sont de plus en plus nombreuses.

Au commissariat d’Issy-les-Moulineaux, au sud-ouest de Paris, la file d’attente est continue. Les électeurs viennent valider des procurations faites en urgence. Le scrutin n’était pas prévu au programme de Morgane. « C’est déjà les vacances scolaires, et je n’aurais pas la possibilité d’être sur place pour pouvoir voter, mais mon mari pourra l’être, donc on s’est arrangé entre nous deux, ce n’est pas trop compliqué », explique-t-elle.

Mais lorsque personne n’est disponible pour accepter sa procuration, il faut parfois trouver une autre solution. Pour les élections législatives, l’ONG « A Voté », co-présidée par Clémence Pène, relance alors une nouvelle fois sa plateforme « Plan Procu ». « Donc, soit je m’inscris comme mandant, c’est la personne qui a besoin qu’on vote pour elle, soit comme mandataire, je suis volontaire pour aller voter pour quelqu’un. La plateforme te « matche » avec la personne inscrite qui est la plus proche de chez toi. Et l’idée, c’est qu’il va falloir se mettre d’accord, transmettre une intention de vote, vérifier qu’on a les mêmes valeurs. »

Et depuis le 9 juin, les demandes sont nombreuses. « En trois jours, on a plus de volontaires et plus de matchs qu’en un mois sur les Européennes ». La plateforme est accessible partout en France et même à l’étranger. Un moyen supplémentaire d’inciter les citoyens à voter le 30 juin.

RFI

Petit Ba

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