Conflit foncier à Keur Moussa : Les 65 ha de la discorde
La tension avait quelque peu baissé autour du litige foncier opposant la société Qualité Végétale Sénégal (Qvs) et la Société Nouvelle Ville (Snv), sur un site situé dans la commune de Keur Moussa. Mais suite à la levée de la suspension des travaux de la Snv, par l’autorité administrative, les deux camps se regardent de nouveau en chiens de faïence.
Le conflit foncier entre la société Qualité Végétale Sénégal (Qvs) et la Société Nouvelle Ville (Snv) est encore loin de s’estomper. Selon le chargé de communication de Qvs, Mbaye Seck, le pire a été évité de justesse la semaine dernière, à Keur Moussa. Il explique que «des nervis ont débarqué sur le site à bord de pick-ups face aux travailleurs de Qvs qui n’ont guère hésité à riposter. Ce qui s’est traduit par un blessé». Mbaye Seck s’est réjoui du fait que face à la situation, le président de la Commission agriculture et élevage du Conseil départemental de Thiès, Ndiaga Diaw, à la tête d’une importante délégation, s’est déplacé sur le site de la ferme Qvs. Il se dit envahi par «un sentiment de désolation et de regret en posant les pieds dans ce domaine agro-économique» et attire l’attention sur ce fait qui est en train de gangréner l’agriculture dans la zone des Niayes et un peu partout dans le pays. «Des promoteurs lorgnent de plus en plus les terres agricoles, à des fins de lotissements et c’est exactement ce qui se passe à Keur Moussa, dans le site exploité par Qvs.» Dans ce cas d’espèce, il se désole de constater que «la Société Nouvelle Ville veut arracher une zone non aedificandi des mains des agriculteurs. D’ailleurs, cette zone est inaccessible en période d’hivernage, la route devenant totalement impraticable. Mais tout cela porte la signature de bandes organisées proches de l’ancien pouvoir et qui veulent mettre en péril des milliers d’emplois».
En tout état de cause, le président de la Commission agriculture et élevage du Conseil départemental de Thiès a pris sur lui l’engagement de porter ce combat au niveau du Conseil départemental. «Un compte rendu de la visite sera fait au président du Conseil départemental, sans compter les correspondances qui seront adressées, dans ce sens, au ministre de l’Agriculture, au Premier ministre Ousmane Sonko et au Président Bassirou Diomaye Faye», assure Ndiaga Diaw qui trouve «insupportable» que «des gens, pour des intérêts bassement personnels, veuillent détruire les espoirs de milliers de concitoyens dont le seul tort est de travailler pour gagner leur vie honnêtement. Cela ne peut prospérer dans le contexte du nouveau slogan des autorités : le Jub, Jubal, Jubanti». «La première tâche qui incombe au nouveau pouvoir, c’est de développer l’agriculture, une mamelle essentielle de l’économie nationale», ce qui, pense-t-il, sera impossible si les agriculteurs continuent de perdre leurs terres au profit de promoteurs immobiliers.
Selon M. Diaw, l’urgence, aujourd’hui, «c’est de restituer à la ferme Qvs, les 65 ha arrachés par la Société Nouvelle Vville, et de faire en sorte que personne ne puisse plus y poser les pieds pour tenter de créer quelque problème que ce soit. Mieux, au lieu du contrat d’exploitation de 25 ans, il faudrait que ces terres soient définitivement attribuées à Qvs». Mbaye Seck salue cet accompagnement d’autant plus que, dit-il, le projet est capital dans toute cette zone. «Qvs reste debout, mais nous continuons à lancer un appel à l’endroit des plus hautes autorités de ce pays pour qu’elles nous viennent en aide.» Il relève «un certain blocage à l’approche de l’hivernage, à cause des 65 ha arrachés par la Société Nouvelle Ville et qui devaient être aujourd’hui dans une phase préparatoire pour mieux attaquer la prochaine saison». Pour rappel, la Société Nouvelle Ville brandit un décret, pour un projet d’habitat, mais Qvs détient un protocole qui date de 2019. Avec ledit protocole, le ministre de l’Environnement et le service des Eaux et forêts lui décernent une autorisation d’exploiter 185 ha, pour une durée de 25 ans.
Correspondant